Chapitre 132 (Nolan)

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Je n'ai jamais vu mon père aussi nerveux. A quelques minutes de l'arrivée de nos invitées, il est dans tous ses états. Il court partout dans la maison, passant de la cuisine où il s'agace du retard pris dans la cuisson de son gratin, au séjour où il crie sa rage de voir que j'ai laissé trainer mon sac de sport au milieu de la pièce (je suis un peu bordélique alors que lui est un maniaque de l'ordre et de la propreté, autant dire qu'ils nous arrivent souvent de nous disputer pour des problèmes de rangement), pour finir dans la salle de bain où il s'en prend cette fois à ses cheveux qu'il ne parvient pas à coiffer.

Quand je viens l'aider à dresser la table, il me lance d'un air paniqué :

_ Je suis complètement à la bourre ! Je ne sais pas comment je vais m'en sortir !

_ Papa, arrête un peu de stresser. Tout va bien se passer. Ce n'est qu'un dîner, il n'y a pas de quoi en faire un drame.

_ Oui enfin ce n'est pas n'importe quel dîner ! Amandine va me présenter sa fille et je tiens à faire bonne impression devant elle. Je ne voudrais pas qu'elle se dise que sa mère sort avec un naze qui n'est pas fichu de faire cuire son gratin en temps et en heure !

_ Si le gratin n'est pas prêt ce n'est pas la fin du monde, je relativise encore. On fera durer un peu l'apéritif et je suis sûr qu'elles n'y verront que du feu.

J'ai beau dire, je n'arrive pas à le tranquilliser. Au contraire, il semble s'angoisser un peu plus à chaque seconde qui passe.

_ Non mais sérieusement, tu crois que sa fille va bien m'aimer ? me questionne-t-il de plus belle.

_ Évidemment, je ne vois pas pourquoi elle ne t'aimerait pas. Et puis quand elle va voir à quel point ton fils est extraordinaire, elle ne pourra qu'être admirative du père que tu es ! je lui dis, ne perdant pas une occasion de flatter mon ego adoré.

Je pense avoir enfin réussi à le détendre mais voilà que son stress regrimpe en flèche quand la sonnerie de l'entrée retentit.

_ Mince, elles sont là ! s'écrie-t-il horrifié.

_ Comment ça mince ? C'est plutôt une bonne nouvelle qu'elles soient là. Si tu les as invitées, c'est bien pour qu'elles viennent, non ?

_ Oui mais le problème c'est que je ne suis pas prêt à les recevoir. Le gratin n'est pas cuit, il manque une verre à vin sur la table et comme si ça ne suffisait pas, je crois que j'ai laissé trainer une serviette dans la salle de bain !

_ Bon, va leur ouvrir pendant que moi je vais voir où en est le gratin et faire un tour dans la salle de bain pour m'assurer que tout est propre et rangé comme tu le souhaites.

_ Et pour le verre à vin ? Il en manque un...

_ Ça n'a jamais tué personne de boire du vin dans un verre qui n'est pas exclusivement prévu à cet effet.

_ Si tu le dis, bafouille-t-il en passant un mouchoir sur son front pour éponger les gouttes de sueur qui perlent dessus.

_ Cesse de t'en faire et va leur ouvrir maintenant, sans quoi elles vont finir pas croire qu'elles se sont trompées d'adresse.

_ Aucun risque qu'elles croient une telle chose. Amandine est déjà venue plus d'une fois, réplique mon père qui est tellement tendu qu'il prend chaque mot que je prononce au pied de la lettre.

_ C'était du second degré papa. Enfin bref, ce n'est pas grave. File les accueillir et moi je m'occupe de tout.

J'ajoute, voyant qu'il reste planté au milieu du séjour :

_ Allez !

Cette fois, il s'exécute et commence à se diriger vers le hall de la villa. Mais bientôt il s'arrête et se tourne vers moi.

Juste un mec bienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant