J'adore mon père mais parfois il a vraiment des idées à la con ! Non content de m'imposer la présence de Nolan à la salle de boxe, voilà qu'il ne trouve rien de mieux à faire que de m'obliger à m'entraîner avec lui. Et je suis censée faire comment moi ? Avec Nolan, on ne se supporte pas. On n'est pas fichu de se dire deux mots sans s'aboyer dessus. Et pour ne rien arranger, je viens tout juste de lui verser le contenu de sa gourde sur la tête pour lui faire payer son comportement avec Kimi. Partant de là, je ne vois pas comment nous pourrions nous entraîner ensemble sans nous entretuer. En plus, mon père sait parfaitement que je n'apprécie pas Nolan et malgré tout il n'a de cesse de me le mettre dans les pattes. Alors qu'il ne vienne pas me dire que c'est de ma faute si notre collaboration tourne au fiasco !
Si ce n'était qu'un problème d'affinités mais là c'est aussi une question de niveau. Nolan fait sûrement de son mieux, je vois bien qu'il est motivé par la boxe. Mais franchement, il est ridicule sur un ring. Il frappe comme une mauviette, il n'a aucun esprit tactique, il se déplace si mal qu'on pourrait craindre qu'il finisse par se faire un croche-pied à lui-même, et sa défense est une véritable passoire à tel point qu'il est plus difficile de le rater que de le toucher.
Voyant que Nolan prend la direction du vestiaire, je le retiens :
_ Hé, tu fais quoi ?
_ Je vais me changer, dit-il en feignant l'évidence.
_ Te changer ? Tu n'as donc pas entendu le coach ?
_ Si mais on n'est pas obligé de l'écouter, réplique-t-il en haussant les épaules.
_ A quoi ça te sert d'avoir un coach si tu n'écoutes rien de ce qu'il te dit ? je lui réplique sèchement.
_ Oh ça va, tu ne vas pas me faire une scène. Je suis sûr que tu n'as pas plus envie que moi qu'on s'entraine ensemble.
_ Que j'en aie envie ou pas, ce n'est pas la question. Le coach dit et moi je fais. C'est aussi simple que ça.
_ Ah je vois, tu as peur de désobéir à papa ! me provoque-t-il en retour.
Il ferait mieux de changer de ton et de cesser sur-le-champ de m'emmerder sans quoi je vais aller le chercher moi-même et le convaincre par la force de se plier à la volonté de mon père.
Fort heureusement, je ne crois pas avoir besoin d'en arriver là. Je vais plutôt m'en prendre à son ego surdimensionné.
_ Bon et bien vas-y, casse-toi ! Si tu veux continuer à te prendre des raclées par des filles, c'est exactement ce qu'il faut que tu fasses !
Ma stratégie s'avère aussitôt payante. Échaudé par ma remarque, Nolan fait volte-face et revient vers moi.
_ Je ne me suis pas pris une raclée, je t'ai laissée gagner ! réaffirme-t-il.
_ Tu as décidément un don pour te voiler la face ! je rétorque ironiquement.
_ Non je ne me...
Je le coupe :
_ Bon, tu as fini de geindre ? On peut aller s'entrainer maintenant ?
Sans lui laisser le temps de me répondre, je monte sur le ring, j'enfile mes gants et je reste là, immobile, à le fixer en attendant qu'il daigne me rejoindre, ce qu'il fait finalement quelques secondes plus tard.
Je lui tends une paire de pattes d'ours et au lieu de s'en emparer il se contente de les observer d'un air perplexe. A l'évidence, il n'a aucune idée de ce dont il s'agit ni de ce qu'il est censé en faire. Alors, je lui précise :
_ Ça se met à tes mains. L'idée, c'est que tu les bouges et que j'aille frapper dedans. Et ça s'appelle des pattes d'ours parce-que...
_ Parce-que ça ressemble à des pattes d'ours, ça va j'ai compris, je ne suis pas complètement demeuré ! m'interrompt-il, passablement vexé.
Oui enfin il a beau dire, il est tout de même un peu demeuré pour ne pas comprendre dans quel sens il faut les enfiler. Un vrai empoté ! Comme je suis en train de perdre patience, je lui arrache les pattes d'ours des mains et lui dis :
_ On va faire autrement parce-que sinon on en a pour la nuit. Je commence avec les pattes d'ours, je te montre comment ça fonctionne, et ensuite on inverse les rôles.
Sans doute conscient qu'il est un peu à la ramasse avec ce matériel qu'il n'a jamais utilisé, il ne proteste pas.
_ On va simuler un combat. Tu vas faire des enchaînements de coups et adapter tes attaques en fonction de mes déplacements, je détaille en guise de consignes.
Il hoche de la tête pour me signifier qu'il est fin prêt. Alors, je fléchis les coudes et me mets en garde. Il donne bientôt ses premières frappes, des frappes pour le moins timides.
_ Allez, réveille-toi un peu, c'est mou ! je lui lance, espérant ainsi le secouer.
Il frappe encore mais c'est à peine si je sens la pression de son poing dans ma patte d'ours. Je renchéris :
_ Plus vite ! Je te vois venir à des kilomètres. Essaye de mettre un peu plus d'intensité dans tes déplacements, on dirait ma grand-mère !
Je vois bien que mes remarques le froissent. Tant mieux si ça peut lui servir d'électrochoc et le sortir de son apathie. D'ailleurs, il semblerait que ce soit le cas car ses coups se font à présent plus rythmés et plus appuyés.
_ C'est bien ! Encore !
Galvanisé par mes encouragements, il redouble d'efforts, montant en cadence et gagnant spectaculairement en puissance. Techniquement, c'est loin d'être parfait mais je lui trouve un potentiel physique que je ne soupçonnais pas. Qui sait, peut-être qu'il peut devenir un bon boxeur finalement. Je suis si agréablement surprise que j'en viens même à le féliciter :
_ C'est beaucoup mieux ! Ton dernier coup était superbe.
Je peux deviner dans ses yeux la fierté qu'il éprouve suite à mon compliment. Dois-je comprendre qu'il m'estime un peu pour réagir comme ça ?
La suite dès demain ! :)
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Juste un mec bien
RomanceDepuis le décès tragique de sa mère, Nolan doit faire avec une colère et une agressivité qui ne le quittent jamais et qui lui ont déjà valu d'être viré de son ancien lycée. Contraint par son père de quitter Paris, la ville dont il est originaire, po...