Depuis le décès tragique de sa mère, Nolan doit faire avec une colère et une agressivité qui ne le quittent jamais et qui lui ont déjà valu d'être viré de son ancien lycée. Contraint par son père de quitter Paris, la ville dont il est originaire, po...
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Après quelques minutes d’échauffement, je suis fin prêt à combattre. Tandis que je frappe quelques coups dans le vide en attendant que mon adversaire me rejoigne dans l'arène, Stella vient s’asseoir sur un banc tout près du ring.
_ Merci pour tout à l’heure, je lui lance en allant à sa rencontre.
_ Merci de quoi ? me demande-t-elle.
_ D’avoir insisté auprès de ton père pour que je puisse disputer cette exhibition.
Elle lève les yeux sur moi et me dit dans un sourire :
_ Ce n'est rien. Mais je compte sur toi pour ne pas me faire honte maintenant que je t’ai soutenu.
_ Ne t’en fais pas, je vais l’écraser ce Axel ! je réponds avec conviction.
_ J’attends de voir ça. Mais méfie-toi, c’est tout de même un bon boxeur.
_ Tu parles, je suis sûr qu’il ne m’arrive pas à la cheville, je m’écrie encore, certain de mon triomphe à venir.
_ Mouai, se contente de marmonner Stella en retour, comme elle semble penser que je présume un peu de mes forces.
Axel finit de strapper ses mains, enfile ses gants et monte enfin sur le ring. Féri nous rejoint et nous donne à chacun un casque de protection. Il prend ensuite un instant pour nous donner les consignes :
_ Normalement un combat se compose de trois rounds de trois minutes mais comme il s’agit d’une exhibition, j’ai choisi de réduire la durée des rounds à deux minutes. Cela suffira largement pour avoir un aperçu de vos niveaux respectifs.
Je consacre les premières secondes du combat à observer les attitudes et les déplacements de mon adversaire. J’ai à l’esprit les mots de Féri qui n’a de cesse de m’inciter à la patience. Mais chassé le naturel, il revient au galop et très vite (trop vite), je passe à l’offensive. Axel pare aisément le coup direct que j’envoie en direction de sa tête et réplique aussitôt d’un crochet qui finit sa course dans mes côtes, me coupant le souffle. Il enchaîne avec une droite qui, elle, atterrit dans ma tempe et me sonne. Puis, il vient me coincer dans les cordes.
Je relève les coudes pour essayer tant bien que mal de me protéger du déluge de coups qui s’abat sur moi et je serre les dents jusqu’à ce que Féri vienne nous séparer à la fin du premier round.
Après une courte minute d’interruption, nous voilà de retour sur le ring pour la seconde manche qui malheureusement se déroule de manière semblable à la précédente. Mis à part une attaque timide et dépourvue de la moindre efficacité, je passe ainsi les deux minutes suivantes à subir les assauts d’Axel qui a défaut de me faire vraiment mal avec ses frappes n’a aucun mal à me dominer.
C'est dépité que je regagne le coin du ring à la fin du deuxième round. Avec la prestation lamentable que je viens de livrer, je n’ai plus aucun espoir de remporter le combat aux points. Ma seule chance serait de parvenir à envoyer mon adversaire au tapis. Sauf que je n’ai aucune idée de comment faire pour l’inquiéter. Féri doit avoir raison, je ne suis pas prêt pour faire de la compétition.
Je suis arraché à ces pensées négatives par la voix de Stella qui fait soudain irruption devant moi et se met à me sermonner vigoureusement :
_ C’est quoi ce bordel Nolan ! Tu cognes comme une chiffe molle et tu n’es même pas fichu de te défendre correctement !
_ C’est bon, je sais que je suis nul, pas besoin d’en rajouter...
Comme elle m’entend soupirer ces quelques mots, elle tonne :
_ Arrête un peu de pleurnicher ou je vais finir par croire que je m’entraine avec une mauviette ! Tu as perdu les deux premiers rounds, c’est vrai. Mais il t’en reste encore un pour redresser la barre et montrer ce dont tu es vraiment capable. Je suis certaine que tu peux faire mieux que ça ! Alors tu vas remonter sur ce ring et tu vas te bouger les fesses pour gagner ce combat !
_ Mais comment… je bredouille.
_ Il a plus d’expérience que toi et il est meilleur techniquement mais il n’a pas ta force de frappe. Il est en confiance, il faut que tu en profites. Laisse-le venir, accepte ses coups en te protégeant avec une bonne garde ce qui suppose que tu relèves tes coudes. Tu attends qu’il se fatigue et quand c'est le cas, tu le contres en revers.
_ Tu crois que ça peut marcher ? je lui demande après avoir écouté attentivement ses conseils tactiques.
_ J’en suis certaine. Axel déteste les revers, affirme-t-elle.
_ Comment tu le sais ?
_ Disons que je le connais bien, très bien même, dit-elle d’un ton détaché.
Devinant que je suis sur le point de la relancer sur le sujet dans l’espoir d’en apprendre plus, elle s'empresse d'ajouter :
_ Mais ce sont mes affaires et elles ne te regardent pas. Tu ferais mieux de te concentrer sur ta boxe. Il me semble que tu as un combat à remporter.
Ça l’arrange bien de me dire ça mais elle n’a pas tort. La priorité, c’est que je parvienne à renverser la tendance sur le ring face à Axel. Si je veux convaincre le coach que je suis apte à faire de la compétition dès cette année, c’est maintenant.
_ Je vais le remporter, ne t’en fais pas pour ça ! je lui lance avec une détermination retrouvée.
_ Et n’oublie pas, tu le laisses venir et tu le contres en revers, me susurre encore Stella avant que je rejoigne le centre du ring pour y disputer le troisième round.
Féri nous fait signe que nous pouvons reprendre le combat. Durant les premiers instants, je me conforme à ce que m’a dit Stella. J’attends Axel, me contentant de parer les quelques coups qu’il m’envoie. Je recule pour l’inciter à m’attaquer encore et encore. Je veux qu’il pense que j’ai renoncé à la victoire, que je ne fais que courber l'échine en attendant la fin de la partie. Je veux le convaincre que je suis inoffensif au point qu’il en oublie de se défendre. Tel un prédateur, j’attends le moment propice pour fondre sur ma proie et lui donner le coup de grâce.
Tandis que j'essuie les assauts répétés d’Axel, j’entends Féri nous indiquer qu’il reste trente secondes de combat. Je n’ai plus de temps à perdre. Il faut que j’agisse maintenant. Alors, j’esquive un coup direct de mon adversaire et enfile mon poing sous sa garde pour le frapper violemment au niveau de la mâchoire. L’impact est tel qu’Axel bascule en arrière. Chancelant, il cherche à retrouver ses esprits mais je ne lui en laisse pas le loisir. Je profite de son apathie pour le cogner encore au visage. Une fois, puis deux, puis trois. A mesure que mes coups fusent, il tangue de plus en plus sur le ring. Il n’a plus la lucidité suffisante pour se défendre. Conscient qu’il ne reste plus que quelques secondes, j’arme mon poing droit et le frappe de toutes mes forces au niveau de la tempe, le projetant aussitôt au sol.
Il lutte un instant pour se relever mais il retombe aussi net. Féri s’approche de lui et se penche à sa hauteur pour s'enquérir de son état. Après qu’il lui ait assuré que tout allait bien, le coach se redresse et se tourne vers moi.
_ Et bien on dirait que tu es vainqueur. Belle droite pour conclure, me dit-il, encore stupéfait de la puissance de mon dernier coup.
