_ Tu n'as pas dit un mot de tout le cours de mathématiques. C'est ton rendez-vous chez l'ORL qui t'a démoralisé ou quoi ? je demande à Simon qui m'a l'air bien malheureux cet après-midi.
_ Non ça n'a rien à voir, marmonne-t-il en retour.
_ Et bien alors qu'est-ce qui te chiffonne ? je le questionne de plus belle.
_ Rien du tout, bredouille-t-il encore. Tu te fais des idées. Tout va très bien.
Il ne semble pas décidé à me dire ce qui le déprime à ce point. Qu'importe, j'ai ma petite idée sur la question.
_ C'est à cause de Kimi, pas vrai ?
_ Non, pourquoi tu dis ça ? feint-il d'abord avant de s'emporter brusquement. Oh et puis mince ! Il faut toujours que tu ramènes tout à Kimi ! C'en est pénible à la fin ! Tu ne peux pas me lâcher avec elle ?
C'est mal me connaître que de penser que je vais lâcher l'affaire. Prenant son agacement pour un aveu, j'ai bien l'intention de battre le fer pendant qu'il est encore chaud._ C'est ça Simon, paye-toi ma tête. Tu crois que je ne t'ai pas vu lancer des regards désespérés en direction de Kimi quand nous étions en cours tout à l'heure ?
Il me fixe avec le même air coupable qu'un voleur à la tire pris la main dans le sac par la police. Comme il se mure dans le silence, j'ajoute :
_ Tu sais que je vais te harceler jusqu'à ce que tu me dises ce qu'il en est exactement ?
_ Je sais bien oui, marmonne-t-il d'un ton irrité. Bon d'accord, tu as gagné. Tu veux savoir ce qu'il y a ? Je vais te le dire. Il se trouve que Kimi est passée me voir chez moi.
Tiens donc, elle ne manque décidément pas de culot !
_ Je lui avais pourtant dit de te laisser tranquille quand nous nous sommes parlés ce matin, je peste.
_ Tu aurais dû te douter qu'elle ne t'écouterait pas.
_ C'est vrai que ça n'a rien de surprenant vu qu'elle me déteste. Une détestation parfaitement réciproque d'ailleurs. En fait, je lui dirais d'aller à droite qu'elle irait à gauche juste pour le plaisir de m'emmerder. Mais bon, on n'a pas besoin de bien s'entendre, ce n'est pas comme si nous étions de la même famille ou comme si nos parents se connaissaient !
Se fichant totalement de m'entendre disserter sur mes mauvais rapports avec Kimi, il me fixe d'un regard noir par lequel il espère me faire sentir tout l'ampleur de son exaspération. Mais Simon est beaucoup trop gentil pour paraître crédible lorsqu'il essaye d'avoir l'air furieux et son attitude, plutôt que de m'impressionner, ne fait que m'amuser.
Tandis qu'il se dirige d'un pas pressé vers l'arrêt de bus, je me lance dans son sillage et je lui demande :
_ Tu l'as rembarrée au moins ?
_ Qui ça ? me dit-il distraitement.
_ Qui ça ? A ton avis, Kimi ! Alors, tu l'as rembarrée quand elle est venue te voir oui ou non ?
Comme il tarde à répondre, je crains le pire et je m'écrie :
_ Oh pitié Simon, dis-moi que tu n'as pas cédé une nouvelle fois ? Non parce-que je te connais, tu es tellement en adoration devant elle qu'il suffit qu'elle t'adresse l'un de ses jolis sourires pour que tu te mettes à lui cirer les pompes.
Cela dit, je me rassure en songeant que Kimi et Simon se sont ignorés tout l'après-midi et que cela ne plaide pas en faveur d'une hypothétique réconciliation.
Simon s'arrête net, fait volte-face, et me défie des yeux.
_ Si tu veux tout savoir, en effet, je l'ai rembarrée, m'avoue-t-il finalement dans un soupir excédé, confirmant ainsi mon impression.
Enfin Simon a tenu tête à Kimi. Je me retiens d'exulter tant cette nouvelle me réjouit. Je ne supportais plus de le voir souffrir à cause d'elle.
_ Tu as très bien fait Simon. Je suis fier de toi. Cette fille ne t'apportait que des soucis. Tu mérites de rencontrer quelqu'un qui saura t'aimer à ta juste valeur.
Ces paroles teintées d'optimisme offrent un contraste saisissant avec la mine défaite de Simon.
_ Avant que je rencontre une fille qui veuille bien de moi, il se sera mis à neiger au mois d'août, Katy Perry interprétera des chants folkloriques, et le club de football de Nice aura remporté la Coupe d'Europe, me rétorque-t-il d'une voix lasse.
_ Arrête un peu de te dévaloriser ! Tu as tout pour plaire. Tu es brillant, attentionné, sensible, et plutôt mignon avec ton look de jeune premier.
_ Attends, j'ai rêvé ou je viens de t'entendre dire que j'étais mignon ? relève-t-il, médusé.
_ Ce n'est pas moi qui le dis, c'est Clara ! je lui précise dans un sourire amusé.
_ C'est ça fiche-toi de moi ! s'indigne-t-il.
_ Je ne me fiche pas de toi. Je t'assure qu'elle a vraiment dit ça !
_ Mais bien sûr, je te crois.
Il est hors de question que je reste là les bras croisés à le regarder se lamenter. Il est grand temps qu'il prenne confiance en lui et je suis prêt à tout pour l'y aider.
_ J'ai eu une idée formidable ! je m'écrie avec un enthousiasme débordant.
_ Mince, il ne manquait plus que ça, soupire-t-il en retour, pas certain d'aimer ce qu'il s'apprête à entendre.
_ Tu vas aller avec Clara au bal ! je lâche d'un ton enjoué.
Après m'avoir entendu lui faire part de mon idée formidable, il se met à tousser à plusieurs reprises jusqu'à se retrouver plié en deux. Inquiet de le voir à deux doigts de s'étouffer, je me penche à sa hauteur et tout en lui tapotant le milieu du dos avec la paume de ma main, je m'enquiers :
_ Ça va Simon ?
_ Très bien, j'ai dû avaler un insecte voilà tout, pretexte-t-il tandis qu'il se redresse enfin.
Soulagé de constater qu'il va mieux, je reprends le fil de notre discussion.
_ Alors qu'est-ce que tu penses de mon idée ?
Il marque un instant d'hésitation avant de finalement me répondre :
_ J'en pense que je ne vais pas inviter Clara au bal. De toute façon, je ne compte même pas aller à cette soirée.
_ Oh si tu vas y aller ! Et tu vas y aller avec Clara ! je renchéris.
_ Puisque je te dis que je ne vais pas l'inviter ! Je ne tiens pas à ajouter un râteau à ma collection. J'ai eu ma dose d'humiliation.
Je lui lance un regard espiègle et lui confie en retour :
_ Je savais que tu te dégonflerais. Alors, dans ma grande sollicitude, je me suis dit que j'allais te donner un coup de pouce en prenant les devants.
_ Un coup de pouce, c'est à dire ? me demande-t-il en me dévisageant d'un air curieux.
_ Figure-toi que tu n'auras pas à inviter Clara ! Et tu sais pourquoi ? Parce-que je l'ai fait à ta place !
_ Comment ça tu l'as fait à ma place ? Tu vas au bal avec Clara ? me questionne-t-il de plus belle comme il ne comprend rien à ce que je lui raconte.
_ Tu pourrais suivre un peu ! Je ne vais pas au bal avec Clara, j'y vais avec Stella. Ce que j'essaye de te dire, c'est que tu n'auras pas à proposer à Clara de t'accompagner au bal car je suis déjà allé la voir pour lui demander d'être ta cavalière. Et devine quoi : elle a accepté ! En clair, j'ai tout arrangé ! C'est pas génial ça ?
Il tarde à réagir alors j'ajoute dans un clin d'oeil :
_ Ça te laisse sous le choc, hein ? Inutile de me remercier. Entre amis, c'est normal de s'épauler !
La suite dès mardi ! ;)
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Juste un mec bien
RomanceDepuis le décès tragique de sa mère, Nolan doit faire avec une colère et une agressivité qui ne le quittent jamais et qui lui ont déjà valu d'être viré de son ancien lycée. Contraint par son père de quitter Paris, la ville dont il est originaire, po...