Chapitre 125 (Kimi)

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_ Kimi, je suis rentrée ! Ça va ma chérie ?

Je coupe la télévision sans regret de manquer la fin du téléfilm ennuyeux à mourir que je gaspillais mon temps à regarder, et je salue ma mère qui vient de faire irruption dans le salon.

_ Coucou maman, ça va super, je feins après avoir passé discrètement la manche de mon pull sur mon visage afin d'éponger les traces de larmes sur mes joues.

Depuis que Simon a décidé de rompre toute relation avec moi, j'ai l'impression d'être tombée au fond d'un gouffre si profond qu'il m'est impossible d'en sortir. L'indifférence totale qu'il m'a témoignée ces derniers jours a été un supplice et le fait d'apprendre qu'il va au bal avec Clara m'a porté le coup de grâce. Stella a eu beau essayer de me remonter le moral, allant même jusqu'à m'emmener boxer dans la salle de son père, rien n'y a fait. Je ne parviens décidément pas à remonter la pente.

Je n'en suis pas à ma première peine de coeur mais celle-ci me cause une souffrance qui est sans commune mesure avec les précédentes. Je souffre d'autant plus que je suis la seule responsable de mes malheurs sentimentaux. C'est moi qui, par la méchanceté et la bêtise de mes paroles, aie fait fuir Simon.

Ma douleur est à la hauteur de mon attachement pour lui, infinie. Je me suis longtemps voilée la face quant aux sentiments que je ressentais pour lui et c'est seulement maintenant qui j'ai tout fichu en l'air entre nous que je prends conscience d'à quel point il compte pour moi. Alfred de Musset disait « Ce n'est quelques fois qu'en perdant ceux qu'on aime qu'on sent combien on les aimait ». Il avait tellement raison, je suis en train d'en faire l'amère expérience.

Ma mère s'approche du divan sur lequel je viens de passer l'après-midi affalée.

_ Tiens, me dit-elle en me tendant un sac plastique.

_ Qu'est-ce que c'est ? je m'enquiers.

_ Regarde à l'intérieur et tu verras bien, me répond-t-elle dans un sourire empreint de bienveillance. 

Bien que je n'ai pas vraiment le coeur à recevoir une surprise, je m'exécute de bonne grâce et plonge la main dans le sac. J'en ressors une splendide robe noire.

_ Elle te plaît ? me demande ma mère tandis que je laisse filer mes doigts sur le satin.

_ Comment pourrait-elle ne pas me plaire ? C'est une merveille.

_ J'ai pensé qu'elle serait parfaite pour le bal du lycée de ce soir, me dit ma mère, ravie de sa trouvaille.

Mon visage s'assombrit et mon enthousiasme retombe au moment de lui répondre :

_ Tu n'aurais pas dû. Je suis sûre que cette robe t'a coûté une fortune, et cela pour rien car je ne vais pas au bal du lycée ce soir.

_ Quoi ? réplique ma mère, estomaquée par ce qu'elle vient d'entendre.

_ Je ne vais pas au bal, je répète d'un ton assuré. Je suis désolée, j'aurais dû te le dire.

Ma mère vient s'asseoir près de moi. Elle me sonde du regard un instant avant de me demander :

_ C'est à cause de ce garçon dont tu m'as parlé que tu ne veux plus aller au bal ?

Elle obtient sa réponse quand elle me voit baisser la tête de dépit et regarder mes pieds.

_ Tu es donc triste à ce point qu'il ait décidé de couper les ponts avec toi ? renchérit-elle.

_ Il faut croire que oui, je susurre en retour.

J'ai d'abord essayé de cacher à ma mère ma désillusion sentimentale de ces derniers jours mais elle a très vite deviné que quelque chose n'allait pas et je me suis résolue à lui dire quoi. Je lui ai parlé de Simon et de sa décision de mettre un terme à notre amitié. Comme ce n'était pas la première fois que ma mère m'écoutait lui confier une déception causée par un garçon, je pense qu'elle n'a pas mesuré à quel point j'étais affectée par la situation. D'où son étonnement en apprenant que j'étais prête à renoncer au bal.

_ Tu tenais tellement à aller à cette soirée ! Tu m'en parles depuis le début de l'année. Tu ne vas pas te priver d'y participer à cause d'un chagrin d'amour.

_ Un chagrin d'amitié, je la corrige. Avec Simon, nous n'étions qu'amis.

_ Oui enfin je suis navrée de devoir te contredire mais il me semble que tu ne serais pas dans cet état si tu n'avais perdu qu'un simple ami.

_ En effet, je reconnais dans la foulée.

A quoi bon continuer à essayer de sauver les apparences ? J'ai perdu plus qu'un ami, c'est évident. Alors autant dire les choses telles qu'elles sont. Je me suis suffisamment mentie à moi-même comme ça.

_ Quoi qu'il se soit passé entre vous, ce n'est pas en restant là à te morfondre toute la soirée que tu vas réussir à arranger les choses, me sermonne ma mère.

Stella m'a sorti exactement le même discours.

Cette fois encore, je fais la sourde oreille et je m'entête dans une attitude pessimiste.

_ Qui t'a parlé d'arranger les choses ? Il n'y a rien à arranger. Tout est fini entre Simon et moi. Il ne veut plus me parler et il fait comme si je n'existais pas.

_ Dans ce cas, peut-être que c'est à toi de faire un pas vers lui, tu ne crois pas ?

_ Faire un pas vers lui. Je ne vois pas comment...

_ Tu sais ce que je ferais si j'étais toi ? me dit-t-elle encore.

_ Non, tu ferais quoi ? je la questionne d'une voix nouée par les sanglots que je tente de contenir.

_ J'enfilerais cette jolie robe, je foncerais au bal et j'irais avouer à Simon ce que je ressens pour lui, me répond-t-elle dans un sourire convaincu.

_ Sauf que je ne peux pas faire ça, je déplore avant de lui confier, Simon est allé au bal avec une autre fille.

A ma grande surprise, ma mère ne prête pas plus d'importance que cela à cette information que je juge pourtant capitale. Elle renchérit :

_ Tu devrais quand même aller à ce bal et lui avouer tes sentiments.

_ Tu n'as donc pas entendu ce que je viens de te dire ? Il y va avec une autre fille !

_ Et alors ? Peut-être qu'il s'en fiche de cette fille. Dans ma jeunesse, il m'est arrivée plus d'une fois de sortir avec un garçon dont je me moquais éperdument, plaide-t-elle.

_ Ou peut-être qu'il ne s'en fiche pas de cette fille, j'objecte en retour.

_ Peut-être aussi. Le seul moyen de le savoir c'est d'aller à ce bal et de lui déballer ce que tu as sur le coeur. Tu sais Kimi, on ne perd jamais à dire à quelqu'un qu'on l'aime. Mais ne pas le lui dire, c'est une tragédie. Promets-moi de réfléchir à ça d'accord ?

_ D'accord, je lui réponds, perdue dans des pensées contradictoires.

La suite dès mardi :)

Juste un mec bienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant