Juste un mec bien

Chapitre 31 (Nolan)

Kimi est collée contre moi, sa tête enfouie dans le creux de mon cou, tandis que nous partageons un slow sur le son mythique d'Hotel California. Et je ne saurais trop remercier la playlist de servir aussi bien mon opération séduction.

Au bout de quelques instants, Kimi se redresse pour me faire face. Elle plonge ses grands yeux bleus dans les miens. Elle se hisse sur la pointe des pied, incline légèrement la tête, me fixe encore quelques secondes, puis m'embrasse tendrement. Je profite de sentir la douceur de ses lèvres contre les miennes.

Comblant toutes mes attentes et allant même au-delà, elle me glisse bientôt à l'oreille :

_ Et si on allait dans un endroit un peu plus tranquille ?

Elle s'interrompt un instant avant d'ajouter dans un sourire délicieux qui ne laisse planer aucun doute sur ses intentions à mon égard :

_ Dans ma chambre par exemple...

Je ne pouvais pas espérer mieux. Pourquoi est-ce que je sens que cette soirée va se terminer en apothéose !

_ Avec plaisir, je lui réponds d'un ton particulièrement enthousiaste.

Elle m'attrape par la main et me conduit avec empressement jusqu'à l'étage de la maison. Elle me fait traverser un étroit couloir puis me fait entrer dans sa chambre. Elle referme la porte d'un coup de talon sans qu'aucun de nous ne se donne la peine de la verrouiller, puis elle se jette sur moi.

Cette fois, ses baisers se font plus passionnés et ses étreintes plus fougueuses. Elle est brûlante de désir et je peux sentir son excitation grimper à chacune de mes caresses. Tandis qu'elle défait ma chemise, je fais courir mes doigts jusque sous sa robe. Elle en frissonne aussitôt de plaisir.

J'entreprends de lui retirer sa robe mais elle m'en empêche.

_ Attends ! me lance-t-elle, me prenant un peu de court.

Surpris, je m'enquiers :

_ Qu'est-ce qu'il y a ? Tu n'as plus envie ? Tu as l'air pourtant...

Désireuse d'éviter tout malentendu, elle me répond dans la foulée :

_ Bien sûr que j'ai envie. Je ne t'aurais pas conduit ici sinon.

_ Dans ce cas, pourquoi tu... je bredouille.

Elle me coupe pour me dire d'un air un peu gêné :

_ C'est juste que je n'aime pas trop qu'on me voit... Enfin tu vois...

_ Pas trop non, je reconnais en la fixant d'un air circonspect.

Face à mon incompréhension, elle se décide à aller à l'essentiel :

_ Ça te gêne si on éteint la lumière et si on tire les rideaux ?

Alors comme ça la reine des réseaux sociaux est en fait une grande pudique. Étonnant, d'autant qu'elle n'a franchement pas de quoi être complexée car de nombreuses filles aimeraient sans doute pouvoir se targuer d'avoir un corps comme le sien.

Bien que je trouve terriblement frustrant de ne pas pouvoir admirer sa beauté en action, je me plie à sa volonté et lui dis, en tâchant de ne rien laisser paraître de ma déception :

_ Très bien, c'est comme tu préfères.

Elle dépose encore un baiser sur mes lèvres et court presser le bouton de l'interrupteur et rabattre les rideaux de sorte que la pièce se retrouve rapidement plongée dans l'obscurité la plus totale.

J'entends le bruit d'un tissu qui se froisse ce qui me fait penser qu'elle s'est enfin décidée à enlever sa robe (et dire que je n'ai rien vu). Bientôt, je devine sa silhouette dénudée qui fend la pénombre et s'avance vers moi. Je sens d'abord ses mains se poser à plat sur mon torse puis remonter jusqu'à venir couvrir mes joues. Enfin, ses lèvres renouent avec les miennes.

Je l'entraine avec moi sur le lit. Là, nos étreintes se font plus pressantes et nos câlins plus intimes. Privé de mes yeux, je donne libre cours à mes sensations. Je me laisse ainsi enivrer par l'odeur de sa peau, j'entends son souffle se mêler au mien et je n'en finis plus de goûter à ses lèvres encore et encore, comme un caprice infini contre lequel il m'est impossible de lutter.

Je m'apprête à entrer en elle mais j'en suis empêché quand quelqu'un ouvre la porte et fait soudain irruption dans la pièce. Kimi pousse un cri de terreur tout en s'enroulant dans les draps pour se couvrir au plus vite. Quant à moi, je me cabre et, en découvrant l'identité de ce visiteur indisérable, je m'écrie d'un air effaré :

_ Putain Simon ! Qu'est-ce que tu fous là ?

Il pose un regard vitreux sur moi puis bafouille laborieusement en guise de réponse :

_ Salut Nolan... Tu voulais qu'on s'exploque... Je veux dire qu'on s'explique... Et ben voilà... Je suis là...

J'ai toutes les peines du monde à donner un sens au baratin incompréhensible qu'il est en train de me servir. Je n'aurais peut-être pas dû lui tendre ce verre tout à l'heure car il faut croire qu'il a aimé ça et qu'il est retourné se servir de bien trop nombreuses fois.

_ D'accord mais comment tu es arrivé là ? je m'enquiers alors que Kimi n'en finit plus de rougir de gêne toujours enroulée dans sa couette, incapable de dire quoi que ce soit.

Sur le point de me répondre, il tangue dangereusement et manque de tomber. L'esprit visiblement très embrumé, il finit par s'exclamer :

_ C'est son Altesse la reine d'Angleterre qui me l'a dit.

_ La quoi ? je le questionne, pensant avoir mal compris.

_ La reine d'Angleterre... Elle est à la soirée, tu sais...  Elle parle très bien français... Et même qu'elle a vachement rajeuni...

C'est pas vrai, il ne se rend même pas compte des énormités qu'il est en train de raconter. En fait, il est complètement perché.

Je me tourne vers Kimi pour m'apercevoir que nous partageons la même consternation. Après quoi, je dis à Simon : 

_ Tu es sûr que ça va ?

_Ça va très très bien... Je suis là pour qu'on s'explique... C'est la reine qui...

Il répète sans cesse les mêmes inepties. Il est décidément dans un drôle d'état.

_ Simon tu as bu quoi au juste ? je lui demande encore, espérant faire la lumière sur les raisons de sa torpeur.

_ J'ai bu quelque chose de fort dans la cuisine... et je suis allé te chercher pour qu'on s'explique... et la reine m'a dit...

Voilà que tout à coup il s'effondre comme un château de cartes pour finir face contre terre. Là je n'ai pas le choix. Je ne peux pas le laisser comme ça, il faut que je fasse quelque chose.

Je quitte le lit, j'attrape mes vêtements et je les enfile à la hâte, puis je me presse au chevet de Simon. Je passe son bras par dessus mon épaule et l'aide à se relever. Soutenant son poids, je me dirige avec lui vers la porte de la chambre. Juste avant d'en sortir, je me retourne vers Kimi et lui dis avec dépit :

_ Je suis vraiment désolé mais il faut que je le ramène chez lui...

Elle me répond dans un sourire compréhensif :

_ Ne t'en fais pas, je comprends. C'est vrai qu'il n'a pas l'air en forme alors il vaut sans doute mieux que tu t'occupes de lui...

_ En tout cas, merci pour la soirée et pour tout ça... C'était super vraiment... j'ajoute un peu gêné de l'abandonner ainsi.

_ C'est vrai, c'était super... me dit-elle timidement en retour.

_ Je suppose qu'on se verra lundi au lycée ?

_ Oui, à lundi...

Je la salue d'un hochement de tête et quitte la pièce en portant Simon à bout de bras.