Chapitre 105 (Simon)

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Une fois n'est pas coutume, mes parents se sont accordés quelques jours en amoureux

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Une fois n'est pas coutume, mes parents se sont accordés quelques jours en amoureux. Dire que j'ai été surpris quand ils m'ont fait part de ce projet est un euphémisme. D'aussi loin que je m'en souvienne, ils ne sont jamais partis à deux. Je ne sais pas si je dois me réjouir qu'ils aient enfin franchi le pas. C'est une bonne chose qu'ils se retrouvent mais j'espère qu'il ne faut pas y voir une tentative désespérée de raviver une flamme qui semble éteinte depuis longtemps.

En ce moment, ils ne font que se disputer à tel point que je commence à m'inquiéter pour l'avenir de leur couple. Il faut dire que mon père n'est pas facile. Dans ses mauvais jours, il est grognon, soupe au lait, et aussi aimable qu'une porte de prison. Parfois je me demande comment ma mère a fait pour le supporter durant toutes ces années, cela tient de l'exploit. Pourvu que ça dure, je détesterais que mes parents se séparent.

J'en connais plus d'un au lycée qui profiterait d'avoir la maison rien que pour eux pour organiser la fête du siècle. Ce n'est pas mon cas, non pas que ce soit l'envie qui me manque mais pour faire la fête il faut être plusieurs, et moi je n'ai personne à inviter. A part Nolan, oui ce serait bien le seul qui accepterait de venir, il se forcerait mais il viendrait pour me faire plaisir. Nolan et peut-être Kimi... Enfin bref, pas de fête donc, mais une soirée ennuyeuse au possible passée dans mes livres de cours à laquelle je mets fin sans regret en allant me coucher de bonne heure.

Une fois au lit, je m'endors presque aussitôt mais je suis rapidement arraché à mon sommeil par la sonnerie de la porte d'entrée de la maison. Je jette un oeil sur mon réveil pour m'apercevoir qu'il est près de 23h. Je m'interroge, qui peut bien venir chez moi à une heure pareille ? J'émets plusieurs hypothèses. La première qui me vient : mes parents ne se sont pas supportés plus d'une journée et ont décidé d'écourter leur séjour. Mais dans ce cas pourquoi sonnent-ils à la porte ? Ça n'a pas de sens puisqu'ils ont les clés. Je songe ensuite que mon visiteur est peut-être Nolan. Je lui ai dit que je passais la soirée seul alors il a très bien pu décider de venir me tenir compagnie. Pourquoi ferait-il ça ? Il a sûrement mieux à faire que de me tenir compagnie. Ou alors il s'est disputé avec son père, le ton est monté entre eux, et il a fiché le camp de chez lui. C'est possible, d'autant qu'il m'a confié que leurs relations sont un peu tendues en ce moment, la faute au père de Nolan qui s'oppose à ce qu'il continue à pratiquer la boxe. En ce qui me concerne, je trouve ça dommage. Nolan a brillé au tournoi de qualification et mérite de défendre ses chances aux championnats de France. En plus, la boxe lui fait du bien. Curieusement, je ne l'ai jamais vu aussi apaisé que depuis qu'il consacre toutes ses soirées à se défouler sur un ring.

Je quitte ma chambre et me dirige vers la porte d'entrée armé de la conviction que je vais bel et bien trouver Nolan sur le pas de ma porte. C'est sans doute un peu s'avancer mais je préfère croire ça plutôt que d'imaginer qu'il s'agit en fait d'un inconnu venu me cambrioler et qui va me sauter à la gorge sitôt que je lui aurais ouvert. A cette pensée, je suis traversé par un vent de panique qui me fige. Et si c'était vraiment un cambrioleur ? On n'est jamais trop prudent alors je fais un crochet par le garage et m'empare, faute de mieux, d'un vieux manche à balai, un moyen de défense bien dérisoire en cas d'attaque d'un potentiel assaillant.

Je reprends mon chemin en direction du hall d'entrée. Je m'approche tout près de la porte et questionne mon mystérieux visiteur, comme une ultime précaution que je souhaite prendre avant de lui ouvrir :

_ Qui est-ce ?

Aucune réponse, de quoi attiser encore mes craintes. Et bientôt une nouvelle sonnerie. Je me cramponne à mon manche à balai comme si ma vie en dépendait. Je pourrais faire volte-face et courir me réfugier dans ma chambre mais ce serait céder à la paranoïa, d'autant qu'au fond de moi je ne crois pas sérieusement qu'une menace se trouve de l'autre côté de la porte.

Je prends le temps de me raisonner et quand je me sens fin prêt, je tourne le verrou et ouvre la porte.

Face à moi, point de danger, mais une immense surprise.

_ Kimi ! Qu'est-ce que tu fais ici ? je m'écrie, sous le coup de la sidération.

En retour, elle bredouille quelques paroles d'une voix trop faible pour que je puisse les comprendre.

Elle se tient toute tremblante devant moi, la tête basse, le visage las et les traits tirés, ses yeux encore humides m'indiquant qu'elle vient de pleurer. A l'évidence, elle ne va pas bien, pas bien du tout même.

Sans tarder, je l'invite à entrer et je la conduis dans le salon. Elle me réclame un verre d'eau. Je m'en vais dans la cuisine et le lui rapporte quelques secondes plus tard. Elle me remercie et le boit d'une traite. Je la regarde faire d'un air désolé, m'interrogeant sur les raisons de son état et cherchant ce que je vais bien pouvoir lui dire pour la réconforter.

Elle avale une dernière gorgée et me confie :

_ Je m'en veux de débarquer à l'improviste comme ça mais je ne savais pas où aller. Il me fallait un endroit où ma mère ne me trouve pas alors j'ai cherché ton adresse sur Facebook et je suis venue ici.

Avant d'ajouter :

_ C'est n'importe quoi, je sais... D'ailleurs je ferais bien de m'en aller, excuse-moi de t'avoir dérangé en pleine nuit.

Elle se lève et s'apprête à partir. Je m'empresse de la retenir :

_ Attends Kimi, tu ne vas pas partir comme ça, pas dans cet état.

_ Si, c'est sûrement mieux...

Elle poursuit son chemin vers le hall de la maison. Je me lance à sa poursuite et tente encore de la faire changer d'avis :

_ Il est tard. Tu vas aller où ?

_ Je ne sais pas, mais pas chez moi en tout cas. Je ne veux pas voir ma mère.

_ Alors reste. S'il te plaît, je préfère te savoir ici.

_ Et si tes parents arrivent et qu'ils me trouvent là ? Qu'est-ce qu'ils vont penser ? Non vraiment, c'était ridicule de venir. Pardon, j'y vais.

Elle est sur le point de franchir le pas de la porte mais je l'attrape par la main et lui dis encore :

_ Mes parents sont partis en voyage. Ils ne rentrent pas avant plusieurs jours. La maison est grande, il y a largement de la place pour deux, tu peux même passer la nuit ici si tu veux.

_ Ça me gêne...

_ Reste Kimi, s'il te plaît. Ça me rassurerait, j'insiste.

Elle hésite quelques instants et finit par me répondre, provoquant en moi un vif soulagement car je n'aurais vraiment pas été tranquille de la voir s'en aller :

_ Bon d'accord, je vais rester. Merci beaucoup Simon, je ne sais pas ce que je ferais sans toi.

La suite dès jeudi ! ;)

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