Chapitre 11 (Stella)

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_ Bon et bien tu auras encore ridiculisé tout le monde, me lance Kimi tandis que nous regagnons les vestiaires.

_ Oui enfin il faut relativiser, l'adversité n'était pas non plus extraordinaire.

_ Jamais contente, hein ? me demande encore mon amie dans un sourire.

_ Exigeante, je la corrige.

Nous entrons dans le vestiaire. Nous commençons à nous changer quand soudain Kimi se décide à ajouter :

_ En fait, il y a juste le nouveau qui a réussi à te suivre un moment.

_ Lui, réussir à me suivre ? Tu parles. C'est parce-que je l'ai laissé faire, je réplique, piquée au vif.

_ Hé tranquille ! Je te fais marcher tu sais ? me dit-elle, sentant bien que je suis un peu à cran.

Bientôt, elle me questionne de plus belle :

_ C'est le fait que je parle de lui qui t'énerve ou quoi ?

La vérité, c'est qu'elle a tout bon. Je n'ai aucune envie de parler de ce mec qui s'est payé le culot de m'envoyer bouler.

Ma meilleure amie insiste :

_ C'est moi ou tu ne l'apprécies pas ?

_ Pourquoi au juste serais-je censée l'apprécier ? je me braque.

_ Parce-qu'il est plutôt mignon avec son petit côté rebelle et solitaire, me suggère-t-elle dans un sourire.

Je reste silencieuse un instant comme pour mieux contenir l'agacement qui me gagne. Puis, je finis par trancher, ne supportant plus d'écouter Kimi dresser des louanges à ce garçon qui ne le mérite pas :

_ Bon très bien. Tu veux savoir ce que je pense de lui ? Je pense que c'est un con, voilà !

Et d'ajouter dans la foulée :

_ En plus, il n'est même pas si beau que ça.

M'entendre dire ça fait littéralement bondir Kimi qui rétorque :

_ Tu rigoles ? Tu n'as pas dû bien le regarder quand tu courais tout à l'heure. Moi ça fait deux jours que je ne fais que ça le regarder et je suis formelle. Ce garçon est splendide ! D'ailleurs, tu ne sais pas quoi ?

Pourquoi ai-je l'impression que ce qu'elle s'apprête à me dire ne va pas me plaire ?

_ Non, je ne sais pas mais tu vas me dire, je lui demande tout en bataillant avec la fermeture de mon jean qui a eu le malheur de se bloquer.

_ Hier, je l'ai surpris en train de m'observer au self.

_ Et alors ? je la questionne encore avant de m'emporter contre mon pantalon. Putain, elle fait chier cette fermeture éclair à la fin !

_ Et alors ça veut dire qu'il est possible que je lui plaise ! s'exclame Kimi, débordante d'enthousiasme et ignorant mon coup de sang.

_ Qu'est-ce que ça peut te faire ? Rassure-moi, tu ne penses pas à sortir avec lui au moins ? je m'inquiète.

_ Pourquoi pas ?

Cette fois, je ne peux m'empêcher de sortir de mes gonds :

_ C'est pas vrai Kimi ! Tu n'en as pas marre de jeter ton dévolu sur des connards ?

Un peu surprise que sa confession ait suscité une telle effusion de ma part, elle me dit sur un ton de réprimande :

_ Alors déjà tu ne le connais même pas donc je ne vois pas comment tu peux dire que c'est un connard.

_ Je ne le connais peut-être pas mais j'ai eu un bon aperçu de son caractère tout à l'heure et c'était pas joli joli ! je la coupe.

Elle me reprend :

_ Chut ! Je n'ai pas fini.

Je la laisse poursuivre.

_ Et ensuite, qui es-tu pour me dire qui je dois fréquenter ou pas ? tonne-t-elle.

_ Ton amie qui est lassée de te récupérer en miettes chaque fois qu'un mec que tu pensais être l'amour de ta vie t'a laissée tomber sans explication ou, pire, t'a quittée pour une autre.

Après quoi, j'ajoute :

_ Franchement, tu ne pourrais pas te trouver un garçon gentil pour une fois ?

Un instant, elle me fixe d'un air embarrassé, bien consciente que ce que je viens de lui dire n'est rien de plus que la stricte vérité. Puis, elle me dit timidement, sans y croire vraiment elle-même :

_ Peut-être que le nouveau est gentil...

Ces quelques mots m'incitent à l'ironie :

_ C'est ça et moi je suis la doyenne de l'humanité ! Kimi, ce gars est la caricature du mauvais garçon !

_ Oh oui je sais... finit-elle par admettre avant d'ajouter. Et c'est pour ça qu'il est si sexy...

_ Kimi, tu es désespérante...

_ C'est ce que tu aimes chez moi non ? Un petit câlin ? me demande-t-elle en ouvrant grand les bras, déjà prête à accueillir mon étreinte.

Un peu malgré moi, je m'exécute. A croire que je ne peux rien lui refuser.

Tandis que nous nous enlaçons, nous nous surprenons à entendre des éclats de voix venant des locaux du gymnase.

_ C'est quoi ce bordel ? s'interroge aussitôt Kimi.

_ Aucune idée mais quelque chose me dit qu'on ne va pas s'ennuyer cette année.

_ On va voir ?

_ Évidemment.

Ni une ni deux et nous quittons le vestiaire pour nous retrouver dans un long couloir au bout duquel nous apercevons un attroupement. Nous nous en approchons au pas de course, trop curieuses de connaître la raison de toute cette agitation. Arrivées tout près, nous nous frayons un chemin entre nos camarades jusqu'à nous retrouver aux premières loges pour assister à ce qui a tout l'air d'être une bagarre.

Deux élèves en sont venus aux mains. Les coups pleuvent sans aucune retenue et je me demande comment va finir cet affrontement. Mal sûrement car je vois mon père qui se dirige vers eux pour mettre un terme à ce triste spectacle. Je ne donne pas cher de leur peau. Et pour cause. Mon père est du genre costaud. Quand je dis costaud, c'est même un euphémisme. Il vaudrait mieux parler de colosse le concernant. Il fait près de deux mètres de haut, est taillé comme une armoire à glace, a des bras de judoka et des paluches immenses à tel point qu'une simple gifle suffirait à décrocher une mâchoire. Autant dire qu'il ne vaut mieux pas l'énerver.

Il s'approche des deux bagarreurs et pousse une soufflante qui fait trembler les murs du bâtiment. Pourtant, la lutte se poursuit. Alors, il se retrousse les manches et va s'interposer entre eux vigoureusement. Après quoi, il hurle à nouveau :

_ Vous deux, vous venez avec moi sur-le-champ ! Vous avez tout gagné, je vous emmène faire un tour chez la proviseure !

Tandis qu'il les escorte jusqu'à la sortie du gymnase, je lance à Kimi :

_ Alors, tu veux toujours sortir avec le nouveau maintenant que tu as vu ça ? Je t'avais bien dit que c'était un mauvais garçon.

_ Je sais, se contente-t-elle de me répondre, forcée de me donner raison après ce à quoi nous venons d'assister.

Juste un mec bienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant