Depuis le décès tragique de sa mère, Nolan doit faire avec une colère et une agressivité qui ne le quittent jamais et qui lui ont déjà valu d'être viré de son ancien lycée. Contraint par son père de quitter Paris, la ville dont il est originaire, po...
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Je déboule dans le club « Le Vaillant » et m'écrie à pleins poumons :
_ Je suis de retour !
La salle se fige dans un silence stupéfait qui est finalement ponctué par des applaudissements et des olas de mes camarades d'entraînement. Une telle effusion me surprend un peu car jusque-là je passais relativement inaperçu au club, mais il faut croire que mes performances lors du tournoi de qualification m'ont forgé une petite notoriété parmi les autres licenciés. Quoi qu'il en soit, cet accueil en fanfare me fait particulièrement chaud au cœur.
Je fends la foule des pratiquants pour rejoindre Féri qui, lorsqu'il m'aperçoit, délaisse les haltères qu'il était occupé à ranger pour venir à ma rencontre à son tour.
_ Un revenant ! me lance-t-il, un sourire rayonnant vissé aux lèvres. Si tu es là, je suppose que ça veut dire que ton père a reconsidéré sa position.
_ Oui, il est d'accord pour que je continue à boxer. Je n'en reviens toujours pas ! Et tout ça c'est grâce à vous, ça n'aurait jamais été possible si vous n'étiez pas allé le voir. Alors merci beaucoup !
_ Je n'ai pas fait grand chose, j'ai juste essayé d'expliquer à ton père combien ce sport comptait pour toi. Et je suis très heureux si ça a servi à quelque chose.
Nous partageons un regard complice puis, comme il me voit guetter les alentours avec insistance, le coach me lance :
_ Elle est en train de se changer aux vestiaires. Elle ne devrait plus tarder.
Je sais évidemment de qui il parle, mais je feins le contraire :
_ Qui ça elle ?
_ Stella, c'est bien elle que tu cherches, n'est-ce pas ?
Pris la main dans le sac, je m'efforce de sauver les apparences et je minimise :
_ Je m'étonnais juste de ne pas la voir, rien de plus.
En retour, Féri se contente d'un sourire en coin qui veut clairement dire « je ne te crois pas ».
Stella fait finalement son apparition dans la salle quelques secondes plus tard. Dès qu'elle me voit, elle se presse dans ma direction.
_ Nolan, tu es revenu !
_ Tu ne croyais quand même pas que tu allais être débarrassée de moi aussi facilement ! je lui dis d'un air amusé.
_ Ben si justement, d'ailleurs je suis terriblement déçue, moi qui me réjouissais à l'idée de ne plus avoir à te supporter au club ! ajoute-t-elle, en se prêtant à mon jeu.
Après quoi et à mon plus grand plaisir, elle me serre dans ses bras avec vigueur, visiblement très heureuse de me revoir à la salle. L'occasion est trop belle pour que je me prive de la charrier :
_ Ça commence à faire beaucoup de câlins. Fais attention, à ce train-là, je vais finir par croire que tu veux sortir avec moi !
Elle éclate de rire et me repousse aussitôt.
_ Alors là, tu rêves ! Ne t'ai-je pas déjà dit que je ne sortais qu'avec des champions de France ?
_ Si, et toi, tu ne te souviens pas de ce que je t'ai répondu ?
_ Que tu savais ce qu'il te restait à faire.
Je m'approche d'elle jusqu'à me tenir si près que nos souffles s'entremêlent et que nos lèvres s'effleurent. Là, je lui susurre :
_ Je vais être champion de France et tous les deux on va sortir ensemble.
Elle reste silencieuse un bref instant et finit par me glisser à l'oreille :
_ J'espère bien.
J'espère bien ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Qu'elle espère que je vais être sacré champion de France ? Oui, c'est sans doute ça, elle espère que je vais décrocher le titre, pas que l'on sorte ensemble. Sinon ça signifierait qu'elle aimerait vraiment sortir avec moi ce qui impliquerait que je lui plais. Or je ne lui plais pas, elle me l'a bien dit, je ne suis pas son genre de garçon. Alors je ne vais pas me faire de fausses idées, je ne m'appelle pas Simon !
Et puis ce n'est pas comme si j'étais amoureux de Stella, ça non, je ne le suis pas, c'est évident. L'amour, très peu pour moi. Je n'ai jamais été amoureux et je ne vais pas commencer à l'être aujourd'hui. Ce n'est pas parce-que je passe tout mon temps avec elle, que je pense à elle en permanence, qu'elle me manque terriblement dès qu'il nous arrive d'être séparés, que j'adore son caractère de championne, que j'admire sa détermination à toute épreuve, et que je ne peux m'empêcher de la trouver dangereusement séduisante, que je l'aime. Et quand je lui dis que nous allons sortir ensemble, c'est uniquement pour rire, je ne parle pas sérieusement !
Je m'éloigne d'un bon pas et je lui lance, pour couper court à cette conversation qui est en train de prendre une drôle de tournure :
_ Maintenant, tu m'excuses, il faut que j'aille m'entraîner ! Comme j'ai raté une séance, il va falloir que je redouble d'efforts dans les prochains jours. Il n'y a pas de temps à perdre, les championnats vont arriver très vite.
_ C'est ça, va t'entraîner ! me crie-t-elle tandis que je pénètre déjà dans les vestiaires pour aller me mettre en tenue.
