_ Je peux savoir où tu étais ? me lance mon père sitôt qu'il entend la porte de la villa se refermer dans mon sillage.
Je fais mon apparition dans le séjour et lui réponds dans un sourire :
_ Je suis content de voir que ça t'intéresse.
Il se reprend aussitôt :
_ En fait non, je m'en moque.
Puis il quitte le séjour et emprunte les escaliers pour se rendre à l'étage sans me témoigner davantage d'attention. On ne peut pas dire que ce soit encore ça entre nous, mais au moins il m'a adressé la parole. C'est un bon début pour une réconciliation.
Évidemment, il n'est pas question que je lui parle de la boxe. Le fait de savoir que sa brute de fils s'adonne à un sport de combat lui déplairait très certainement. Alors autant ne rien lui dire, il n'a pas besoin d'être au courant de toute façon. Je n'ai qu'à imiter sa signature sur le formulaire que m'a donné Monsieur Féri et le tour est joué.
Bien sûr, je ne me fais pas d'illusions. Il va bien falloir que je dise à mon père que je pratique la boxe à un moment ou à un autre avant qu'il ne finisse par le découvrir par lui-même. Mais je préfère attendre de savoir où tout ça me mène. Je me connais, je me lasse des choses aussi vite que je m'en passionne. Je préfère donc être sûr que la boxe n'est pas qu'une lubie passagère avant d'aborder le sujet.
Je ne sais pas vraiment pourquoi j'ai dit à Monsieur Féri que j'avais l'intention de m'inscrire. Peut-être parce-que ce sport m'attire. Il symbolise quelque chose de noble en ce qu'il permet un affrontement loyal entre deux combattants visant à déterminer qui est le meilleur des deux. Mais surtout il autorise ce qui est interdit ailleurs, se battre. Le ring est sans doute le seul endroit où je puisse évacuer ma colère sans que cela ne me soit reproché. La boxe pourrait donc être une sorte d'exutoire pour moi, et le meilleur moyen de savoir si c'est vraiment le cas est d'essayer. Je vais donc m'entraîner à la salle de Monsieur Féri quelque temps, histoire de voir si, comme ce dernier le dit, cela peut me permettre d'apprendre à mieux me maîtriser.
Qui plus est, Monsieur Féri semble vraiment vouloir m'aider. Il me regarde comme personne ne l'a fait depuis bien longtemps, c'est à dire avec un regard qui me fait penser qu'il croit en moi. Or j'ai terriblement besoin que l'on croit en moi, que l'on me montre que je peux faire des choses biens, que malgré le fait que je me sois égaré, je peux encore retrouver mon chemin et réussir à avoir une belle vie. Alors si Monsieur Féri est capable de tout ça, je me dois de lui faire confiance.
Il y a une dernière raison qui m'a poussé à m'inscrire, je le fais aussi pour emmerder Stella ! Rien que d'imaginer sa tête quand elle va comprendre qu'elle va devoir faire avec ma présence au club de boxe a le don de me mettre en joie. J'y vois un moyen de prendre ma revanche sur elle après les humiliations qu'elle m'a infligées. Et puis j'ai bien l'intention de progresser pour faire que plus jamais personne, y compris elle, ne puisse m'envoyer au tapis.
En plus, qui sait, je vais peut-être me révéler doué pour la boxe !
Cela dit, m'inscrire est une chose mais il n'est pas dit que je puisse pratiquer longtemps dans la salle de Monsieur Féri. La faute aux conditions qu'il m'impose. Pour ce qui est de cesser de me battre en dehors du ring, je pense être capable de me contenir, mon accrochage avec Mickael Joron m'ayant servi de leçon. En revanche, pour ce qui est d'avoir 12 de moyenne générale au trimestre, ça risque d'être beaucoup plus compliqué car l'école et moi ça fait deux. Il a beau dire ne pas me demander la lune, avoir de telles notes relèverait pour moi d'un authentique exploit. Un exploit que je doute de pouvoir accomplir seul. Il me faudra sans doute un peu d'aide, mais où la trouver ?
La suite dès mardi !
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Juste un mec bien
RomanceDepuis le décès tragique de sa mère, Nolan doit faire avec une colère et une agressivité qui ne le quittent jamais et qui lui ont déjà valu d'être viré de son ancien lycée. Contraint par son père de quitter Paris, la ville dont il est originaire, po...