Chapitre 110 (Simon)

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Je suis arraché à mon sommeil quand une voix perce le silence qui régnait jusqu'alors dans la maison.

_ Simon, mon chéri, c'est nous !

Je me cabre sur le matelas en comprenant que cette voix n'est autre que celle de ma mère.

_ Mince ! Qu'est-ce que mes parents fichent ici ? Ils étaient censés partir plusieurs jours ! Je me doutais bien qu'ils ne se supporteraient pas et qu'ils choisiraient d'écourter leur séjour, mais je ne pensais pas qu'ils rentreraient si tôt. Et là, ils tombent on ne peut plus mal.

Je jette un œil inquiet vers Kimi qui dort toujours paisiblement à mes côtés.

Elle va me tuer quand je vais lui dire que mes parents sont là alors que je lui avais pourtant assuré que nous serions tranquilles.

D'un geste timide, j'entreprends de la secouer par les épaules dans l'espoir de la réveiller en douceur. Mais elle a visiblement le sommeil profond et n'esquisse pas l'ombre d'une réaction, à l'exception d'un bref rictus et d'un léger gémissement. Je réessaye sans obtenir plus de succès.

Le temps presse, mes parents pourraient débarquer à tout moment ici et s'ils nous voient ensemble dans mon lit, ils vont forcément se faire des films ! Non pas que ça me gênerait qu'ils aillent s'imaginer que Kimi est ma petite-amie (car c'est sûrement ce qu'ils vont penser), au contraire je ne pourrais pas être plus fier si tel était vraiment le cas, mais plutôt parce-que je ne veux pas que Kimi se retrouve dans une situation inconfortable, surtout après ce qu'elle vient de traverser. L'heure est grave, tant pis pour la manière douce.

_ Kimi, réveille-toi ! je m'écrie en la remuant avec plus de vigueur cette fois.

Elle émerge enfin, entrouvrant les yeux et me gratifiant d'un sourire qui fait particulièrement plaisir à voir quand on connaissait son désarroi de la veille. J'aime à penser que la nuit lui a apporté un peu de réconfort, même si son répit risque d'être de courte durée.

_ Qu'est-ce qui se passe ? bredouille-t-elle dans un murmure et tout en s'enroulant dans la couette, apparemment pas décidée à se lever tout de suite. Il va pourtant bien falloir.

_ Mes parents sont à la maison !

_ Tes quoi sont où ? balbutie-t-elle encore, toujours dans le coaltar.

_ Mes parents ! je répète d'une voix plus marquée, comme je suis doucement mais sûrement en train de céder à la panique.

Cette fois, l'information arrive jusqu'à son cerveau. Elle se redresse et tonne, à son tour gagnée par l'affolement :

_ Bordel Simon, tu m'avais dit qu'ils ne rentraient pas avant plusieurs jours !

_ Parce-que c'est ce qui était prévu !

Je tends l'oreille et m'alarme d'entendre des bruits de pas semblant se rapprocher.

_ Mince, ils sont dans le couloir ! Ils vont venir ici !

_ Quoi ? s'étouffe Kimi en bondissant du lit et en cherchant autour d'elle une échappatoire qu'elle ne trouve pas. Simon, dis-moi qu'il y a une porte dérobée quelque part.

_ Une porte dérobée ? Dans ma chambre ? Non, désolé, il n'y a rien de tel.

_ Ou alors une cachette, je ne sais pas moi. Si tes parents me trouvent ici au petit matin, qu'est-ce qu'ils vont penser ? Non, sérieusement, il ne faut pas que ça arrive. Ce serait vraiment trop la honte s'ils venaient à se dire que nous avons... Enfin tu vois quoi !

La honte, c'est le mot qu'elle a employé spontanément pour décrire le sentiment qu'elle éprouverait si mes parents la surprenait au lit avec moi. Je ne l'ai pas relevé à ce moment-là, ou plutôt j'ai préféré penser qu'elle avait dit cela tout à fait par hasard, sans réfléchir.

_ Et bien tu peux toujours te cacher dans.... l'armoire.

_ L'armoire, tu n'as rien de mieux à proposer ?

Je cherche un instant.

_ Derrière le rideau ?

Elle pousse un soupir de dépit et me répond :

_ Va pour l'armoire.

Sans perdre une seconde, elle se dirige vers le meuble et tente de se faire une place entre mes vêtements dans la penderie. Mais très vite, elle doit se rendre à l'évidence. 

_ Je ne rentre pas.

_ Je vois bien... je lui réponds tandis que j'essaye en vain de refermer les portes sur son passage.

_ Qu'est-ce qu'on fait si je ne peux pas me cacher dans l'armoire ? me demande-t-elle encore.

Je mouline sa question dans mon esprit un bref instant au terme duquel je l'interroge à mon tour :

_ Au fait, il est quelle heure ?

_ Tu te fiches de moi ? rétorque-t-elle à brûle-pourpoint. Tes parents sont sur le point de débarquer et toi tu ne trouves rien d'autre à faire que de me demander l'heure ?

J'ignore sa remarque et je jette un oeil à mon réveil. 11h.

_ Il est tard. A croire qu'on a fait la grasse matinée. Ça peut être crédible.

_ Qu'est-ce qui peut être crédible ? me dit-elle, comme elle ne sait pas où je veux en venir.

Je me rue vers mon sac de cours, je m'empare de mon manuel de mathématiques, de ma trousse, et de quelques feuilles. Je disperse tout ça sur le lit et dis à Kimi qui me regarde faire d'un air pantois :

_ Viens t'asseoir près de moi. Si mes parents rentrent, on n'aura qu'à dire qu'on révisait ensemble. Après tout, c'est ce qu'on fait tout le temps, et ça n'a rien de suspect de travailler à 11h du matin.

_ Simon, tu es un génie ! me lance-t-elle en s'exécutant.

_ Je sais, je lui réponds dans un sourire alors que l'on toque à la porte de la chambre.

_ Simon, tu es là ? questionne ma mère.

_ Oui maman, entre.

Elle presse aussitôt la poignée de la porte et fait irruption dans la chambre accompagnée de mon père.

La suite dès mardi ! ;)

Juste un mec bienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant