Chapitre 102 (Simon)

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Au même moment sur les hauteurs de Nice

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Au même moment sur les hauteurs de Nice...

Kimi a proposé que nous révisions ensemble le prochain contrôle de sciences de la vie et de la terre. Fini les lieux neutres, les bibliothèques et autres salles de permanence. C'est chez elle qu'elle me donne rendez-vous pour travailler désormais, ce qui n'a rien de vraiment surprenant. Puisque nous sommes amis, il est normal que j'aille chez elle de temps en temps (en ce moment le « de temps en temps » équivaut à presque tous les soirs, il faut dire que les professeurs se montrent particulièrement généreux quant aux devoirs qu'ils nous donnent).

Je remonte la rue qui mène à sa maison quand soudain je me fige en apercevant une silhouette familière. Enfin familière, pas vraiment, elle appartient à un homme que je n'ai vu qu'une fois, mais comment l'oublier tant cette fois-là m'a marqué.

Que fait-il devant chez Kimi ? Ça ne lui a pas suffi de lui causer tant de mal l'autre jour, maintenant il faut qu'il se mette à l'espionner, car c'est bien ce qu'il est en train de faire, il l'espionne. Sa présence ne me dit rien qui vaille et je crains qu'il ne s'en prenne à elle, je ne peux pas le laisser faire ça. Je vais lui demander des comptes, je veux savoir ce qu'il fiche ici !

Je rassemble le peu de courage que j'ai en moi et traverse la chaussée pour m'approcher de lui. Comme il me voit faire, il se dirige vers sa voiture dans l'intention de s'y réfugier. Je presse le pas et je m'écrie pour le retenir de prendre la poudre d'escampette :

_ Eh vous ! Je peux savoir ce que vous faites là ?

Il s'arrête net et se retourne pour me faire face. Il marque un instant d'hésitation, sans doute est-il indécis sur la réaction qu'il lui faut adopter. Il bredouille finalement en guise de réponse, visiblement très embarrassé que je l'ai pris ainsi sur le fait :

_ Je voulais... J'étais venu pour parler avec... Enfin je voulais voir Kimi...

Ce type ne manque pas de culot. Après tout ce qu'il a fait à sa fille et à son ex-femme, il en faut pour oser venir se planter devant chez elles comme il le fait. Je ne sais pas si c'est mon aversion pour lui qui parle, mais j'en oublie ma réserve habituelle et fais preuve de beaucoup d'aplomb au moment de l'interpeller :

_ Vous ne croyez pas que vous l'avez suffisamment fait souffrir comme ça ?

C'est une question rhétorique alors j'enchaîne :

_ Kimi ne voudra jamais vous parler et je pense que le mieux que vous puissiez faire est de la laisser tranquille.

_ Je comprends votre hostilité à mon égard. Et je sais que Kimi m'en veut beaucoup. Mais la situation est plus compliquée qu'elle n'y paraît.

Que veut-il dire par là ? Il n'essaye tout de même pas de se dédouaner ? Ce serait indécent mais, vu le personnage, ça ne m'étonnerait pas.

Tandis que je me livre à ces questionnements, le père de Kimi ajoute sur un ton de confidence :

_ Depuis que j'ai recroisé Kimi sur la Promenade des Arts, je n'ai de cesse de me dire qu'elle a le droit de savoir la vérité, qu'elle doit savoir la vérité. Mais ça fait déjà plusieurs fois que je viens ici et je ne trouve jamais la force d'aller sonner à la porte de chez elle, ni même d'aller à sa rencontre quand il m'arrive de la voir aller et venir dans cette rue. Alors je reste là, parfois pendant des heures, sans jamais oser aller au bout de ma démarche.

Plus ça va et plus je trouve son attitude étrange. Que cherche-t-il en me servant ce discours aux faux airs de repentance ? Mais ce qui m'interroge le plus, c'est cette référence à la vérité. Investi de la même détermination que celle d'un inspecteur de police qui cuisine un suspect pour qu'il passe aux aveux, je m'enquiers :

_ Qu'est-ce qu'elle doit savoir ?

_ Comment ça ?

_ Vous dîtes, elle doit savoir la vérité. Qu'est-ce que ça signifie ?

Il cherche d'abord ses mots pendant de longues secondes puis se met à balbutier :

_ Kimi, elle n'est pas ma... Enfin je ne suis pas son...

Je ne sais pas à quoi il joue au juste mais je suis à peu près sûr qu'il est en train de se payer ma tête, et ça me déplaît fortement. Je ne me prive pas de le lui faire savoir :

_ Bon écoutez, je ne sais pas à quoi rime votre petit numéro mais vous feriez mieux de rentrer chez vous. Vous avez fait suffisamment de dégâts comme ça. Si je m'en fie à ce que Kimi m'a raconté à votre sujet, vous êtes un manipulateur, et je ne tiens pas à être la cible de vos élucubrations une minute de plus.

Je joins l'acte à la parole et passe mon chemin. Mais à peine ai-je accompli quelques mètres qu'il me retient pour me révéler enfin cette vérité à laquelle il faisait référence.

_ Kimi n'est pas ma fille, lâche-t-il ainsi de but en blanc.

Comme je pense avoir mal compris, je lui demande de se répéter :

_ Qu'est-ce que vous venez de dire ?

Soudain terriblement mal à l'aise, il ignore ma question et reprend son chemin vers sa voiture. Je me lance à sa poursuite, bien décidé à ne pas le laisser s'en sortir comme ça.

_ Répondez-moi, j'exige.

_ Rien, oubliez ce que je viens de dire. Je ne sais pas ce qui m'a pris.

Puis il s'engouffre dans son véhicule et part en trombe, me laissant seul en proie à un profond tourment.

La suite dès jeudi ! ;)

Juste un mec bienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant