Depuis le décès tragique de sa mère, Nolan doit faire avec une colère et une agressivité qui ne le quittent jamais et qui lui ont déjà valu d'être viré de son ancien lycée. Contraint par son père de quitter Paris, la ville dont il est originaire, po...
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Au point le plus haut de la colline du château, j'attends fébrilement que mon mystérieux admirateur daigne se montrer. Depuis que j'ai reçu ses fleurs et sa carte ce matin, je n'ai eu de cesse de m'interroger sur son identité. Et plus j'y pense, plus je suis convaincue qu'il s'agit de Nolan.
Je guette sa présence parmi les badauds d'un oeil impatient. J'ai tellement hâte de pouvoir le prendre dans mes bras et lui dire que tout est pardonné. Enfin nous allons pouvoir vivre notre amour comme je l'ai toujours souhaité.
Mais les minutes s'égrènent et toujours aucune trace de Nolan. Je ne m'en émeus pas vraiment. Il se fait désirer voilà tout. Il ne va pas tarder à arriver.
Je regarde encore les alentours et là j'aperçois un garçon du lycée qui arpente les allées du parc. Mais ce n'est pas Nolan. Il s'agit en fait de Simon. Qu'est-ce qu'il fabrique ici ? Pourvu qu'il ne vienne pas tout gâcher une nouvelle fois.
Je me sens beaucoup moins sereine tout à coup et mon inquiétude grimpe encore d'un cran quand je le vois qui vient dans ma direction. Mince, il a dû me reconnaître...
Il s'arrête un instant, semble hésiter, lance un coup d'oeil vers moi, puis marche d'un pas décidé jusqu'à parvenir à ma hauteur.
C'est pas vrai, qu'est-ce qu'il me veut encore celui-là ? Ce n'est vraiment pas le moment, Nolan va bientôt me rejoindre.
Il vient se planter droit comme un i devant moi. Le teint rouge, en sueur, il bredouille :
_ Salut... Kimi...
_ Salut Simon, je réponds laconiquement tout en cherchant comment m'y prendre pour me débarrasser de lui.
Je ne voudrais pas que Nolan me surprenne avec lui et que l'on se retrouve contraints de le trainer comme un boulet durant toute la soirée.
_ Je... Enfin, je suis...
Il a l'air encore plus bizarre que d'habitude.
Il doit lutter durant plusieurs secondes avant de parvenir à terminer sa phrase :
_ Je suis ton admirateur...
Dans un sourire crispé, il ajoute :
_ Surprise !
A cet instant, je me sens si mal à l'aise que j'aimerais être faite de glace pour pouvoir fondre et disparaître. Je viens de voir mes espoirs réduits à néant. Mon mystérieux admirateur n'est pas Nolan comme je l'espérais ce qui signifie que ce dernier n'est toujours pas décidé à m'aimer. Ma déception est immense. Encore si mon admirateur était un bel inconnu, je trouverais sûrement de quoi me consoler. Mais là il s'agit de Simon. Non pas que j’aie quelque chose contre lui, bien au contraire. Il est sans doute adorable et plein de bonnes intentions mais il n’est vraiment pas mon genre. Les mecs, je les aime torturés, sombres, révoltés, impétueux, forts, et fiers. Or Simon n’a aucune de ces qualités. Lui, il est gentil à souhait, timide au possible, et beaucoup trop tendre. En fait, et ce n’est pas péjoratif dans ma bouche, il est banal. Et moi, le banal ne m’intéresse pas. J’aime l’extraordinaire, l’exceptionnel, l’original, l’imprévisible. Je ne vois pas l’amour comme un long fleuve tranquille au bout duquel on finirait par mourir d’ennui. Non, l’amour je préfère l’imaginer comme une mer déchainée qui impose de lutter sans cesse contre les remous pour ne pas s’y noyer. Je considère qu’il n’est pas d’amour sans passion, et je ne trouve rien de vraiment passionnant chez Simon. Mais tout cela étant dit, je suis sûre que c’est quelqu’un de bien. Il est juste trop bien pour moi.
Qu'ai-je fait pour mériter de vivre une situation aussi embarrassante ? Et qu’est-ce qui lui a pris de me faire une déclaration pareille alors qu’on ne se connait même pas ? Il ne fait décidément rien comme tout le monde.
Je me torture l’esprit durant de longues secondes pour trouver quoi lui répondre. Je ne veux pas lui faire de peine mais je me dois aussi d’être complètement sincère avec lui. Il me faut lui dire que je ne partage pas ses sentiments car je ne veux pas qu’il se fasse d’illusions. En prenant d’infinies précautions, je lui confie :
_ Ecoute Simon, comment te dire ça ? C’est un peu difficile… Ne le prends pas mal surtout mais je… Enfin je suis flattée par l’intérêt que tu me portes mais voilà, il se trouve que je ne ressens rien pour toi.
Le pauvre Simon me fixe d’un air défait. Il vient de voir tous ses espoirs soufflés par ces quelques mots que j'ai prononcés. Sa déception est immense, au moins autant que devaient l'être ses attentes envers moi. Comme je me sens terriblement coupable de lui briser le cœur de la sorte, je tiens à lui signifier qu'il n'y est pour rien, espérant ainsi apaiser quelque peu son tourment :
_ Et puis tu sais avec Nolan c’est encore frais, et je ne me sens pas prête à me lancer dans une nouvelle histoire...
Il me coupe d’un ton las :
_ C’est bon, ne te fatigue pas à me rendre la chose plus facile à entendre. J'ai bien compris que tu ne m'aimes pas.
_ Je suis désolée Simon, vraiment.
_ Non c’est moi, on se connait à peine, et puis toi tu es toi et moi je suis moi alors j’aurais dû me douter qu'il ne pourrait jamais rien se passer entre nous. Enfin bref, c’est à moi de m’excuser, c’était vraiment ridicule de faire tout ça. Je ne t’embêterai plus, balbutie-t-il avant de tourner les talons et de repartir d’où il est venu, l’esprit hagard et le cœur lourd d’amertume et de honte.
Quant à moi, je reste un long moment seule sur le balcon à le regarder s’éloigner. Je devrais me sentir soulagée d’avoir su lui dire les choses, mais bizarrement il n’en est rien. J'ai longtemps rêvé le moment où un garçon me ferait une véritable déclaration d’amour, en y mettant les formes, en y mettant du cœur. C’est fait, mais au lieu d’être heureuse comme ce devrait être le cas, je n’éprouve rien d’autre qu’une très grande désillusion.
