On ne peut pas dire que ce premier round se soit très bien passé. Au moment de venir m'asseoir dans mon coin du ring pour profiter d'un instant de répit dont j'ai grand besoin, je suis encore groggy à cause du coup à la tête que j'ai reçu. Féri a raison. Cari possède une force de frappe redoutable, je viens d'en faire les frais. En fait, c'est un petit miracle que je sois toujours en lice dans ce combat. Alors que je gisais sur le sol tout à l'heure, j'ai bien cru que je ne me relèverais pas. Quant aux secondes qui ont suivi, elles ont été infernales tant Cari s'est déchaîné sur moi ; brutalement et sans me laisser, à aucun moment, la possibilité de répliquer.
Féri franchit les cordes pour venir à ma hauteur alors que Stella reste à l'écart, sans doute estime-t-elle qu'il vaut mieux qu'elle laisse le coach seul avec moi.
Tandis qu'il applique une poche de froid sur ma tempe douloureuse, le coach me lance :
_ Il ne t'a pas loupé. Mais tu as été très solide. Tu peux être fier d'avoir su te relever d'un coup pareil, bien peu nombreux sont ceux qui en auraient été capables. Et tu as bien tenu par la suite.
Comme il voit que j'arbore une mine dépitée, il ajoute dans l'espoir de me réconforter :
_ C'était une mauvaise passe dont tu t'es brillamment sorti. L'important c'était d'éviter le KO et tu l'as fait.
_ Le problème c'est que j'en ai vraiment bavé, coach. Je n'arrive pas à maintenir ma garde. Il frappe beaucoup trop fort. Et puis, ses coups ne sont pas seulement puissants, ils sont aussi vraiment très rapides. Ça ne me laisse pas le temps d'anticiper. Quant aux rares fois où j'ai essayé de l'attaquer, je me suis systématiquement heurté à un mur. Sa défense m'a l'air d'une forteresse imprenable. Franchement, je ne sais pas quoi faire contre lui... je déplore.
Je ne veux pas paraître défaitiste, ça ne me ressemble pas. Mais à cet instant, j'ai besoin de dire la vérité à mon coach et de lui expliquer combien je me sens démuni. J'ai face à moi un boxeur qui récite son art à la perfection. Une machine à gagner à la mécanique si bien huilée qu'il me semble impossible de l'enrayer.
_ Calme-toi et respire, commence par me dire Féri comme il voit bien que je suis très agité. J'entends ce que tu me dis, il est fort. Il est même très fort. Mais ce n'est pas un scoop, on le sait. Et c'est un fait contre lequel on ne peut rien. Alors on ne va pas se fatiguer à épiloguer sur la puissance de ses coups, la beauté de ses gestes, la vitesse de ses déplacements, ou que sais-je d'autres encore. Ça ne servirait à rien. On va se concentrer sur toi et sur ta récupération.
N'écoutant plus que ma frustration, je sors de mes gonds et tonne :
_ Enfin c'est bien beau coach mais moi j'en ai marre de me faire tabasser ! Il est en train de me ridiculiser !
En retour, Féri me lance un regard noir. Il m'attrape par les épaules et tout en me secouant vigoureusement, il me sermonne :
_ Ah non Nolan ! Je ne vais pas te laisser dire ça ! Moi je n'ai pas vu un mec en train de se faire ridiculiser sur ce ring ! Ça non ! Tu sais ce que j'ai vu sur ce ring ?
_ Non coach, dites-moi, je balbutie.
_ Je vais te le dire. J'ai vu un mec vaillant, un dur au mal. Un type qui ne lâche rien et qui s'est relevé sans broncher quand il est tombé. Tu as morflé, d'accord. Mais tu es toujours debout ! C'est pas vrai que tu es toujours debout ?
_ Si c'est vrai coach, je suis toujours debout...
_ Bien. Alors maintenant, tu vas retourner sur ce ring et montrer à Cari que toi aussi tu es un champion, que toi aussi tu peux lui faire mal ! Car tu as des armes Nolan, toi aussi tu frappes fort, toi aussi tu vas vite, toi aussi tu es costaud ! Tu n'as pas à avoir de complexes, d'accord ?
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Juste un mec bien
RomanceDepuis le décès tragique de sa mère, Nolan doit faire avec une colère et une agressivité qui ne le quittent jamais et qui lui ont déjà valu d'être viré de son ancien lycée. Contraint par son père de quitter Paris, la ville dont il est originaire, po...