Ça fait de longues minutes déjà que je slalome entre les voitures qui encombrent les voies sur berges du vieux Nice à l'heure de pointe. J'arrive bientôt près du port Lympia et je me perds encore en détours jusqu'à finalement apercevoir l'enseigne « Le vaillant » placardée sur ce qui ressemble à un ancien garage réaménagé. Je vais garer ma moto sur le petit parking qui se trouve tout près puis me dirige vers le bâtiment. Sur la porte d'entrée en ferraille, je remarque un mot laissé par le gérant qui annonce d'emblée la couleur :
« La plus grande gloire n'est pas de ne jamais tomber mais de se relever à chaque chute. » Nelson Mandela.
Je pousse la porte et entre dans la salle de sport. Il y fait une chaleur insoutenable. Les effluves de sueur, le bruit des poings qui s'usent contre les sacs de frappe, les encouragements des coachs et les gémissements des pratiquants qui luttent pour repousser leurs limites physiques. Il règne en ces lieux une atmosphère unique qui immédiatement me plaît. Sur les murs de l'édifice, dont le bleu d'origine a depuis longtemps déjà perdu de son éclat et viré en une sorte de gris délavé, sont accrochés des portraits de quelques uns des plus grands champions de l'histoire de la boxe.
D'un pas timide et avec le même air ébahi qu'un gamin qui découvre ses cadeaux un matin de Noël, je m'avance en direction du ring sur lequel deux boxeurs se livrent à une exhibition âprement disputée. Les coups fusent de part et d'autre. Monsieur Féri les regarde faire depuis un banc. Attentif aux moindres détails, il les corrige chaque fois qu'il trouve à redire sur leur technique :
_ Plus rapide allez ! Trop prévisible ça... Voilà, bien ! Ton jeu de jambes Matt, n'oublie pas ton jeu de jambes. Dani c'est super ! Tu te déplaces parfaitement, continue comme ça ! Mieux Matt, c'est ça que je veux !
Il laisse encore ses poulains batailler un instant puis leur lance :
_ C'est bon les gars. Ce sera tout pour aujourd'hui, c'est du beau travail. Allez récupérer et on se revoit demain.
_ Bien coach, lui répondent-ils en choeur avant de quitter l'arène pour regagner les vestiaires.
Ayant remarqué ma présence, Monsieur Féri me fait signe de le rejoindre. Je m'exécute et quand j'arrive à sa hauteur il me dit :
_ Nolan, ça me fait plaisir de te voir ici.
_ Je me suis dit que je pouvais essayer, ça n'engage à rien.
_ C'est vrai. Dis-moi, tu n'as jamais boxé avant ?
_ Ça dépend ce que vous entendez par boxer... je réponds en référence à mes prouesses de la semaine passée.
_ Dans un club, précise-t-il.
_ Je n'ai jamais boxé dans un club.
_ Bien, ce sera une première alors, me dit-il dans un sourire avant d'ajouter. Je te laisse aller te changer et tu me retrouves ici ensuite.
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Juste un mec bien
RomanceDepuis le décès tragique de sa mère, Nolan doit faire avec une colère et une agressivité qui ne le quittent jamais et qui lui ont déjà valu d'être viré de son ancien lycée. Contraint par son père de quitter Paris, la ville dont il est originaire, po...