Juste un mec bien

Chapitre 27 (Nolan)

Simon et la moto, ça fait deux. Du moment où nous sommes partis et jusqu'à ce que nous arrivions à destination, il est resté solidement agrippé à moi, me serrant si fort que j'ai dû finir le trajet en apnée et poussant des cris de terreur chaque fois qu'il m'a fallu incliner la moto pour prendre les virages. Mais le plus drôle, ça a encore été quand j'ai coupé le moteur et qu'il a remis les pieds sur le sol. On aurait dit un marin ayant survécu à une longue et périlleuse traversée, et c'est tout juste s'il ne s'est pas mis à genoux pour embrasser la terre ferme et la remercier de l'accueillir sain et sauf. Décidément, il ne fait vraiment rien comme tout le monde et quelque chose me dit que je ne suis pas au bout de mes surprises avec lui (ou de mes peines, c'est selon).

_ Allez, c'est parti pour la fiesta ! je m'écrie tandis que nous nous dirigeons vers la maison de Kimi où l'ambiance bat déjà son plein à en juger par la musique qui secoue les murs.

Arrivé sur le seuil, je sonne puis nous patientons le temps que quelqu'un daigne venir nous ouvrir. Mais les minutes s'égrainent et personne ne répond.

Ils ne doivent rien entendre là-dedans.

Je décide de presser la poignée de la porte mais Simon me retient :

_ Attends, qu'est-ce que tu fais ?

_ Et bien j'entre, dis-je, feignant l'évidence. On ne va pas rester seuls dehors pendant que tout le monde s'amuse à l'intérieur.

_ Tu es sûr que ça ne gêne pas de rentrer comme ça ? s'inquiète-t-il.

_ Bien sûr que non vu qu'on est invité.

_ Parle pour toi mais moi je ne le suis pas.

_ Je t'ai déjà dit que si puisque c'est moi qui t'invite.

_ Mais...

_ Oh Simon, arrête un peu de m'emmerder tu veux ! je tonne, agacé qu'il me ressorte sans cesse le même refrain.

Je pousse la porte et aussitôt je me retrouve enveloppé dans un épais nuage de fumée de cigarette. Je traverse un couloir, me frayant un chemin entre des fêtards déjà bien éméchés malgré le fait qu'il est encore tôt (ils ont la bouteille facile ici apparement) et devançant Simon d'un mètre ou deux. De temps à autres, il m'arrive de me retourner et de poser un oeil sur son visage. J'y devine un mélange d'excitation et d'appréhension qui finit de me convaincre si j'en doutais encore qu'il s'agit bien de sa première soirée.

Bientôt, nous parvenons dans le salon de la maison. Il est bondé. D'un côté, une table reconvertie en dancefloor et sur laquelle une dizaine de personnes agitent les bras au rythme d'un mix de One More Time des Daft Punk. De l'autre, des couples s'embrassent et se caressent sur un canapé. Enfin, droit devant moi, j'aperçois Kimi. Pour l'occasion, elle porte une robe rouge dont le décolleté renversant ne manque pas de me mettre en appétit. En fait, je la trouve terriblement sexy et je ne suis pas le seul. Simon la contemple lui aussi d'un regard amoureux. C'est bien simple, on dirait qu'il est en pleine lévitation ! D'ailleurs, je m'empresse de le taquiner à ce sujet :

_ Ben alors Simon, c'est le coup de foudre ou quoi ?

Il détourne soudain les yeux de sa muse et me répond d'un air gêné :

_ Ce n'est pas ce que tu crois. Je regardais le...

_ Le lustre au plafond ? je lui dis dans un sourire.

_ Oui, voilà. Le lustre au plafond. C'est ça, feint-il.

_ Ça va alors si tu ne regardais pas cette fille parce-que j'aime autant te prévenir que ce soir elle est pour moi !