Depuis qu'il a appris que je me suis battu, mon père ne daigne plus me parler. Envolée la complicité de ces derniers jours. Cela dit, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. J'ai trahi ma parole et il est bien normal qu'il m'en tienne rigueur.
Sitôt après être entré dans la villa et m'être défait de mes chaussures, je me mets donc en quête de mon père, bien décidé à lui présenter mes excuses. Je fais plusieurs fois le tour du propriétaire avant de finalement le trouver assis au bord de la piscine, les pieds dans l'eau, et le regard posé sur la mer.
D'un pas prudent, je m'approche de lui et, après un bref instant d'hésitation, je lui dis :
_ Salut papa...
Il ne me réponds pas et son silence ne me dit rien qui vaille. Je crois que je préfère encore quand il me met l'une de ces soufflantes mémorables dont il a le secret.
_ Je t'ai envoyé des messages, tu ne les as pas vus ?
Toujours aucune réaction de sa part. Il reste désespérément plongé dans son mutisme, à croire que ma présence lui est totalement égale.
_ Tu ne veux pas savoir ce que m'a dit la proviseure ce matin ? j'ajoute encore.
Cette fois, il me répond avec sarcasme :
_ Laisse-moi deviner, que tu dois te chercher un nouveau lycée ?
Je me dépêche de lui donner tort et de lui annoncer la bonne nouvelle si tant est que l'on puisse dire que le fait de passer à deux doigts de l'exclusion est une bonne nouvelle :
_ La proviseure s'est montrée très compréhensive. Elle a décidé de me donner une chance mais m'a bien précisé qu'au prochain écart ce serait la porte.
Mon père demeure totalement impassible, comme s'il se moque de ce que je viens de lui dire. Je pensais qu'il serait au moins soulagé mais, si c'est le cas, il n'en laisse rien paraître. En fait, il a toujours l'air aussi soucieux.
_ Ça ne te fait rien de savoir que je ne me suis pas fait virer ? je m'enquiers, surpris de son apathie.
Il tourne la tête vers moi et me regarde pour la première fois depuis que je suis venu le rejoindre sur la terrasse. Là, il me dit d'un air impitoyable :
_ Tu t'attendais à quoi au juste ? Que je me rue dans tes bras pour te féliciter d'avoir évité l'exclusion ?
_ Non mais...
Il me coupe et ajoute dans un soupir qui en dit long sur son état d'exaspération :
_ Nolan, j'en ai plus que marre. C'est sûr, tu as sans doute raison, je devrais me réjouir que tu ne te sois pas fait virer mais je ne peux pas. Et tu sais pourquoi je ne peux pas ? Parce-que je sais que ce n'est que partie remise. Je sais que tu vas te battre à nouveau et que tu vas finir par te faire virer pour de bon.
_ Je te jure que non. Je vais tout faire pour me tenir à carreau et...
_ Nolan, laisse-moi finir tu veux, m'interrompt-il encore. Quand ta mère est morte, je me suis promis de faire de mon mieux pour t'élever et de te donner tout l'amour et toute l'attention dont tu as besoin. Et c'est ce que j'ai fait, ou du moins c'est ce que j'ai essayé de faire. Seulement, je vois bien que je n'arrive pas à être le père qu'il te faut. En fait, ta mère avait raison. Je suis nul comme père...
_ Papa, je...
_ Laisse-moi finir je t'ai dit. S'il te plaît.
Je me tais tandis qu'il poursuit, la gorge nouée et le ton grave :
_ Franchement, je crois que je ne sais pas comment m'y prendre avec toi. Bien sûr, je pourrais, je devrais peut-être, t'obliger à retourner voir ce psy dans l'espoir qu'il trouve une solution pour t'apaiser.
J'ai le coeur déchiré de le voir dans cet état et je suis prêt à toutes les concessions pour lui redonner foi en moi, même à m'infliger une nouvelle séance avec Philibert le psy. Alors je lui lance :
_ J'y retournerai si tu veux !
Mais il balaie cette idée d'un revers de la main.
_ Non, ça ne servirait à rien. J'ai bien réfléchi et je crois que la meilleure chose que je puisse faire pour toi, c'est de ne rien faire du tout. Tu n'as qu'à vivre ta vie et tant pis pour toi si tu t'attires des ennuis. Tu en assumeras seul les conséquences. Je n'en peux plus d'essuyer les plâtres pour toi à chaque fois que tu fais une connerie. Tu es grand maintenant. Pose-toi les bonnes questions et demande-toi quel genre d'homme tu veux devenir. Moi je t'ai assez sermonné comme ça, je suis fatigué...
Sur ces mots, mon père se lève et se dirige d'un pas lourd vers l'intérieur de la villa, me laissant seul avec mon désarroi.
Bonjour à tous !
J'espère que vous allez bien et que le déconfinement s'est bien passé pour vous.
Ce petit mot pour vous dire que je publierai le prochain chapitre mardi et qu'ensuite, à partir de jeudi prochain (inclus), je reprendrai une publication quotidienne.
J'en profite comme toujours pour vous remercier pour vos votes et vos commentaires qui me font très plaisir :)
Prenez bien soin de vous,
A mardi pour le prochain chapitre !
gouttedencre
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Juste un mec bien
RomanceDepuis le décès tragique de sa mère, Nolan doit faire avec une colère et une agressivité qui ne le quittent jamais et qui lui ont déjà valu d'être viré de son ancien lycée. Contraint par son père de quitter Paris, la ville dont il est originaire, po...