Chapitre 16 (Nolan)

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Je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit, n'ayant de cesse de ressasser les évènements de la journée. Je me revois dans ce couloir en train de me battre avec Mickael Joron puis dans le bureau de la proviseure quelques heures plus tard. Mon père est assis à côté de moi et essaie désespèrement de sauver les meubles, n'hésitant pas à faire jouer la corde sensible en racontant combien la perte de ma mère m'a affecté et assurant que je vais me reprendre alors qu'il n'y croit pas lui-même, comme un moyen d'excuser l'inexcusable. Mais son récit, aussi émouvant soit-il, a laissé la proviseure de marbre. Quand mon père a eu fini de parler, elle a simplement indiqué prendre bonne note de ses arguments et se donner jusqu'au lendemain pour réfléchir. Elle a beau dire, je ne suis pas dupe. Je sais que les dés sont déjà jetés. Elle va m'exclure de son lycée, c'est certain.

En me levant, je n'en mène donc pas large. Lorsque j'arrive dans le séjour, mon père s'y trouve déjà. Il est debout, immobile, occupé à fixer l'eau de la piscine à travers la fenêtre d'un air songeur. A quoi pense-t-il ? A ce fils qui n'a de cesse de le décevoir sûrement.

Je le salue mais il n'a même pas la force de me répondre. Après tout, le meilleur moyen d'éviter un problème est encore de faire comme s'il n'existait pas. Alors il m'ignore.

Je déjeune dans un silence étouffant puis j'attrape un bus pour me rendre au lycée. La proviseure m'a convoqué à 10h pour me faire part de sa sentence. Je m'attends à vivre un moment pénible. J'espère seulement qu'elle sera brève et directe pour m'annoncer la douloureuse. Je ne tiens pas à ce que ça vire au mélodrame.

Je me présente à son bureau et elle me reçoit immédiatement. Elle m'invite à m'asseoir puis reste silencieuse un instant. Je l'observe du coin de l'oeil dans l'espoir de trouver sur son visage une expression qui trahisse la décision qu'elle a prise. En vain, elle est totalement impassible.

Finalement, elle me dit :

_ Nolan, je vais être franche avec vous. Une exclusion l'année passée assortie d'une condamnation pour coups et blessures devant les juridictions pénales, et maintenant une bagarre dès le deuxième jour de cours. Ça fait beaucoup.

Aïe, ça commence mal...

Elle poursuit :

_ Hier encore, je pensais donc vous envoyer devant le conseil de discipline qui aurait sans doute statué sur une exclusion définitive compte tenu de votre passif.

Elle pensait. Ça veut dire qu'elle ne pense plus comme ça. C'est bon signe, non ?

_ Mais il se trouve que de nouveaux éléments ont été portés à ma connaissance, des éléments qui plaident en votre faveur et qui m'ont amenée à revoir ma position.

De nouveaux éléments. Quels nouveaux éléments ? Peu importe du moment qu'ils me sont favorables. Ça ne s'annonce peut-être pas si mal que ça finalement.

Je l'écoute poursuivre, un peu plus détendu mais sans toutefois me sentir tiré d'affaire :

_ Votre professeur de sport, Monsieur Féri, est venu me voir. D'après lui, ce serait pour prendre la défense de l'un de vos camarades que vous en seriez venu aux mains avec Mickael Joron. Est-ce exact ?

Comment est-ce qu'elle sait ça ? Simon, il a dû en parler à Monsieur Féri. Si c'est le cas, c'est très courageux de sa part.

_ Ça l'est madame.

Elle hoche de la tête et ajoute avec détermination :

_ Les faits de harcèlement sont graves. Or Monsieur Féri m'a aussi fait part de ses doutes quant à l'existence de tels agissements au sein du lycée. Aussi, vous devez savoir que j'entends prendre toutes les dispositions nécessaires pour que ces comportements, s'il s'avère qu'ils existent bel et bien, cessent sur-le-champ. C'est pourquoi Monsieur Joron sera tenu de s'expliquer à ce sujet dans les plus brefs délais.

Ce qu'endure Simon est inacceptable et il est heureux que la proviseure ait pris la mesure de la situation. Mon coup de sang aura au moins servi à ça.

Après s'être interrompue, elle se décide enfin à trancher mon cas :

_ En ce qui vous concerne et à la lueur de tous les faits m'ayant été rapportés, j'ai choisi de vous laisser une chance. Mais attention, ne vous méprenez pas. Voyez ça comme une mise à l'épreuve et soyez sûr qu'au moindre écart de votre part vous prendrez la porte. On s'est bien compris ?

_ Parfaitement. Merci madame, je réponds sobrement.

_ Très bien, dans ce cas, nous en avons terminé. Vous n'avez plus qu'à retourner en cours.

_ Bien madame.

Je ne saurais décrire le sentiment de soulagement qui m'envahit. Je me sens comme libéré d'un poids énorme et je suis bien décidé à saisir cette chance que la proviseure me donne. Cette fois, j'en ai fini avec les conneries. Je m'en fais le serment.

Bonjour à tous !

Juste un petit mot pour vous prévenir que la semaine prochaine (à partir du 11 mai) je publierai uniquement le mardi, le jeudi, le samedi, et le dimanche car cette semaine s'annonce très chargée me concernant.
Il est possible que je reprenne une publication quotidienne par la suite. Je vous préciserai ça en temps voulu la semaine prochaine.
J'en profite aussi pour vous remercier pour vos lectures, vos votes et vos commentaires. C'est un plaisir de vivre cette nouvelle aventure avec vous !
Prenez bien soin de vous et de vos proches.
A demain pour le prochain chapitre !

gouttedencre

Juste un mec bienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant