_ Ça s'est plutôt bien passé en fin de compte ! Enfin si l'on excepte le moment où ma mère, qui à l'évidence n'a pas cru à nos histoires de mathématiques, nous a demandé depuis combien de temps on sortait ensemble et si on se protégeait correctement. Elle a l'art de mettre les pieds dans le plat ! Je t'avais promis des questions privées et déplacées, ça n'a pas manqué ! me dit Simon dans un sourire tandis qu'il me raccompagne jusqu'au portail marquant l'entrée de la propriété.
_ En même temps, elle m'a plus ou moins surprise dans ton lit alors je peux comprendre sa confusion. Et puis il a suffi qu'on lui assure qu'on était vraiment des amis qui révisaient régulièrement ensemble pour qu'elle n'insiste pas. D'ailleurs, elle a semblé un peu déçue d'apprendre que je n'étais pas ta petite amie, je me trompe ?
_ Tu ne te trompes pas. Évidemment qu'elle a été déçue. Je crois que toutes les mères du monde rêveraient de voir leur fils unique sortir avec une fille comme toi, et ma mère plus encore que les autres. Depuis le temps qu'elle espère que je me trouve une copine ! me répond Simon en levant ostensiblement les yeux au ciel.
_ Si tu continues à me complimenter comme ça, je vais finir par me sentir gênée. Et pour le reste, je partage l'impatience de ta mère.
_ Tu partage son impatience à quel sujet ? relève-t-il en faisant mine de ne pas comprendre ce à quoi je fais référence alors que je suis persuadée qu'en fait il sait parfaitement où je veux en venir.
_ Je parle de son espoir que tu te trouves une copine. Il serait temps en effet. Un garçon en or comme toi ne doit pas rester seul, ce serait vraiment dommage.
_ Sauf que quand le garçon en or demande à une fille qui l'intéresse de sortir avec lui il n'a pas toujours le succès escompté... me fait-il remarquer dans la foulée.
Quelle idiote je suis de lui faire une telle réflexion ! Lui rappeler le moment où je l'ai éconduit sur la colline du château est une drôle de manière de le remercier pour son hospitalité. Je vais mettre ça sur le compte de la fatigue, ça vaut mieux !
_ Pardon, je suis décidément abonnée aux maladresses avec toi, je lui dis d'un air sincèrement désolé.
_ Ne t'en fais pas, il n'y a pas de mal. La colline du château, c'est de l'histoire ancienne. Les choses sont claires entre nous maintenant, nous sommes amis.
_ Amis, oui. C'est ce que nous sommes.
Je dois reconnaître que j'avais un doute concernant la manière dont Simon me considérait. En fait, j'avais tendance à penser que son amour pour moi n'avait pas complètement disparu. Je devrais donc être rassurée de l'entendre affirmer, sans aucune ambiguïté, que nous sommes liés par de l'amitié et rien d'autre. Pourtant, je ne peux m'empêcher d'en éprouver une pointe d'amertume. Je ne sais pas pourquoi je ressens ça, c'est étrange et totalement ridicule. Après tout, le fait qu'il ne soit plus amoureux de moi ne change rien à l'affection qu'il me porte. Il a montré cette nuit qu'il tenait à moi, et moi je tiens aussi beaucoup à lui. C'est bien là tout ce qui compte. Peu importe que l'on ne soit pas amoureux l'un de l'autre. Tant mieux même, l'amour ne fait que compliquer les choses.
Après avoir traversé le jardin, nous franchissons le portail et nous nous arrêtons un instant sur le trottoir pour échanger encore quelques mots avant de nous quitter.
_ Alors, que penses-tu faire concernant ta mère ? me demande-t-il ainsi.
Ce repas partagé avec Simon et sa famille aura eu le mérite de me faire oublier un instant ma situation familiale. Mais voilà qu'elle me rattrape. Que vais-je faire ? Si seulement je le savais. Pas plus qu'hier soir je n'ai envie de voir ma mère mais je ne peux pas la fuir éternellement. Il faut bien que je rentre chez moi. Et puis nous avons des choses à nous dire. Je ne sais pas si, comme elle le prétend, elle est décidée à me dire toute la vérité mais je l'espère. Je veux que nous jouions cartes sur table maintenant.
_ Je vais parler avec elle, je réponds à Simon.
_ C'est une bonne chose, parler est ce qu'il y a de mieux à faire pour désamorcer la situation. Je suis sûr qu'il va ressortir quelque chose de constructif de votre discussion.
J'admire l'optimisme de Simon mais je ne le partage pas vraiment. Je ne crois pas que quelques mots suffiront à nous réconcilier, ma mère et moi. La trahison, ça ne se pardonne pas comme ça, ce serait trop simple.
_ Pourvu que tu aies raison, je lui dis en retour en prenant soin de ne pas me montrer trop défaitiste car je ne tiens pas à ce qu'il pense que tout le soutien qu'il m'a témoigné est resté vain. Simon a fait beaucoup pour moi. Il m'a été d'un grand secours. Sans lui, je crois que j'aurais sombré.
Je quitte Simon et monte dans le premier bus en direction de chez moi. Je consacre le trajet à m'angoisser. J'appréhende les retrouvailles avec ma mère mais, plus encore, je redoute ce qu'elle va me dire. Quelle est donc cette vérité qu'elle entend enfin m'avouer ? Va-t-elle confirmer la version de Robert selon laquelle il ne serait pas mon père ou au contraire la réfuter ? Je n'en sais trop rien, mais je suis certaine d'une chose : de notre conversation dépend l'avenir de notre relation car s'il s'avère qu'elle m'a effectivement menti sur l'identité de mon père, je ne crois pas que je pourrai un jour lui pardonner.
La suite dès samedi ! ;)
VOUS LISEZ
Juste un mec bien
RomanceDepuis le décès tragique de sa mère, Nolan doit faire avec une colère et une agressivité qui ne le quittent jamais et qui lui ont déjà valu d'être viré de son ancien lycée. Contraint par son père de quitter Paris, la ville dont il est originaire, po...