Encore sous le choc du mauvais tour que vient de me jouer Stella, je me dirige vers le coach pour commencer l'entraînement. Voyant bien à ma mine défaite que quelque chose me tracasse, il me questionne :
_ Ça va Nolan ? On dirait que tu as vu un fantôme.
_ Euh oui... Un peu de fatigue, c'est tout, je prétexte tout en jetant un regard vers Stella qui frappe un sac comme si de rien n'était à quelques mètres de là.
Le coach n'est pas dupe mais, comme je ne semble pas décidé à lui confier la raison de mon tourment, il n'insiste pas. Bientôt, il me lance :
_ Enfile tes gants. Je vais t'apprendre les frappes de base aujourd'hui.
Je m'exécute. Féri me fait travailler ainsi pendant près d'une heure, scrutant les moindres de mes faits et gestes et me reprenant chaque fois que ce que je fais ne lui convient pas. Il s'avère être un coach particulièrement exigeant pour ne pas dire plus, intransigeant. Suivre ses entraînements suppose un investissement total tant sur le plan physique que mental. Et je finis lessivé mais avec le sentiment d'avoir fait des progrès encourageants au cours de la séance.
Me dépenser m'a permis d'évacuer un peu de l'agacement que m'a valu ma rencontre avec Stella dans le vestiaire. Je n'en reviens toujours pas de son attitude. Tout ça pour démontrer que je n'aime pas Kimi.
Je devrais me dire que ce n'est là qu'un coup tordu auquel il ne faut pas donner d'importance. Et pourtant, je ne peux m'empêcher de ressentir un malaise. Et si Stella avait raison ? Et si j'étais le sale type qu'elle décrit ? Je tâche aussitôt de me raisonner. Stella ne me connait pas et n'est pas, en ce sens, en mesure de me juger. Et puis elle peut bien penser ce qu'elle veut de moi, ça m'est égal. Après tout, je n'ai pas besoin qu'elle m'apprécie.
Fort heureusement, j'ai rendez-vous avec Kimi demain soir et je compte bien m'y rendre n'en déplaise à Stella. Il n'y a rien de tel que les bras d'une jolie fille pour oublier l'affront causé par une autre.
***
Tandis que nous sortons de cours sur les coups de 17h le lendemain, Simon me questionne :
_ Alors comme ça tu vas chez Kimi ce soir ?
_ En effet, mais comment tu sais ça ? je lui demande, n'ayant pas souvenir de lui en avoir parlé.
_ J'ai entendu Kimi s'en vanter auprès de ses copines en classe tout à l'heure.
Je fais mine de le sermonner :
_ Et ben alors Simon, c'est mal d'espionner les conversations des gens comme ça !
Évidemment, il prend ça au premier degré et s'empresse de se justifier, déjà rongé par la culpabilité :
_ Oh non, loin de moi l'idée d'espionner Kimi ! Et d'abord pourquoi ferais-je ça ? Non, c'est juste que je suis passé près d'elle pour aller m'asseoir lorsqu'elle était justement en train d'en parler.
Je lui dis ensuite, histoire de le détendre un peu :
_ Je rigole Simon, je sais bien que tu n'espionnes personne !
Alors il pousse un soupir de soulagement. Après quoi, il renchérit :
_ Du coup, tu y vas ? La voir, je veux dire.
_ Et bien oui, c'est ce qui est prévu, je lui réponds tout naturellement.
Comme je vois bien à son visage que ça n'a pas l'air de le réjouir, je le questionne :
_ Tu en fais une tête, ça ne te gêne pas que je vois Kimi au moins ?
_ Absolument pas, qu'est-ce que tu vas chercher ? me lance-t-il en retour.
Il m'en voit rassuré. Il ne manquerait plus que sa source d'exaltation des sens soit Kimi. Je m'en voudrais de lui piquer l'amour de sa vie quand même.
_ Très bien, je voulais être sûr que ça ne te pose pas de problème.
_ Ça ne m'en pose aucun, m'assure-t-il encore. C'est très bien que vous soyez ensemble, Kimi est une fille super.
Je l'arrête tout de suite :
_ Pour la énième fois, je n'ai aucune intention de me mettre en couple avec Kimi.
_ C'est vrai, j'oubliais, ce n'est qu'un coup d'un soir. D'ailleurs, fais attention, ça fait deux soirs déjà, me dit-il d'un ton de réprimande qui ne lui ressemble pas.
_ Oui enfin le premier soir ne compte pas vraiment puisque tu nous as interrompus quand tu as débarqué à l'improviste dans la chambre, je lui rappelle.
Il ignore ma remarque et, juste avant de tourner les talons pour filer jusqu'à l'arrêt de bus, il me dit d'un air dépité :
_ Bon, amusez-vous bien alors...
Je reste un instant pantois à le regarder s'éloigner d'un pas las. Décidément, il me semble bien déprimé. Je me demande pourquoi.
La suite dès jeudi ! :)
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Juste un mec bien
RomanceDepuis le décès tragique de sa mère, Nolan doit faire avec une colère et une agressivité qui ne le quittent jamais et qui lui ont déjà valu d'être viré de son ancien lycée. Contraint par son père de quitter Paris, la ville dont il est originaire, po...