Chapitre 12 (Nolan)

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Une fois le cours de sport terminé, je traîne ma désillusion à travers un long couloir qui me mène jusqu'au vestiaire. Lorsque j'entre, je surprends les trois emmerdeurs autour de Simon. Presque aussitôt, je comprends qu'il y a un problème car je l'entends les supplier :

_ Non, s'il vous plaît, laissez-moi tranquille !

Je m'approche et là je remarque que l'un des emmerdeurs tient dans sa main une ceinture en cuir, une ceinture dont il menace de se servir contre Simon qui se trouve à genoux, le torse nu, complètement terrifié et semblant déjà attendre le premier coup. Trop c'est trop. Je ne peux pas les laisser s'en prendre à lui sans rien faire. Alors, je me dirige vers eux et leur lance :

_ Hé vous ! Fichez-lui la paix !

Les emmerdeurs délaissent Simon et se retournent pour me faire face. Après quoi, l'un d'entre eux me dit :

_ Ah ouai ? Et sinon tu vas faire quoi le nouveau ?

Intuitivement, je répondrais que je vais les réduire en bouillie mais je ne peux pas le faire. Je ne dois pas envenimer les choses.

_ C'est simple, si vous touchez ne serait-ce qu'un seul de ses cheveux je...

En fait, le truc c'est qu'à part leur casser la gueule je ne vois pas ce que peux faire d'autre...

Indécis, je finis par ajouter d'un air maladroit qui montre combien je ne suis pas habitué à ce genre de pratiques :

_ Ce que je veux dire, c'est que je vous balance au prof si vous continuez à vous en prendre à lui !

_ Ah oui, tu ferais ça ? me demande l'un des emmerdeurs avec un air de défi.

_ Exactement.

Me muer en balance n'est pas pour me ravir. En fait, je hais toute forme de délation mais comme il m'est interdit de régler ça à la force de mes poings comme je le ferais d'ordinaire, il me faut bien trouver un autre moyen de pression. Or celui-ci est à la fois le premier et le seul qui m'est venu, même si je doute que ça suffise à les intimider.

Pourtant, à ma grande surprise, voilà qu'ils s'éloignent de Simon, finissent de se rhabiller, rassemblent leurs affaires et quittent le vestiaire sans un mot ni un regard à mon attention. Étrange, je pensais qu'ils me donneraient un peu plus de fil à retordre. Comme quoi la diplomatie peut avoir du bon. Je devrais peut-être l'utiliser plus souvent.

Simon se redresse et me lance :

_ Merci d'être intervenu.

Et merde, cette fois c'est sûr, il ne va plus me lâcher.

Bientôt, il ajoute :

_ Je n'avais encore jamais vu personne oser leur tenir tête avant toi.

_ Je tiens tête à tout le monde. C'est ma marque de fabrique, je réponds sobrement.

_ Si je peux faire quoi que ce soit pour te remercier...

Je m'empresse de le couper :

_ Tu veux vraiment faire quelque chose pour moi ?

_ Oui, tout ce que tu veux, m'assure-t-il encore.

_ Dans ce cas, ne fais rien et tiens-toi à bonne distance de moi.

Il semble vouloir protester mais je l'ignore totalement, me contentant de filer jusqu'à mon sac pour y prendre de quoi me changer avant de sortir du vestiaire à mon tour. Une fois dans le couloir, je ne perds pas de temps. Je suis pressé de rejoindre le réfectoire pour le déjeuner, me faire laminer à la course par une fille n'ayant pas suffi à me couper l'appétit.

Juste un mec bienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant