Chapitre 25 (Amandine)

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Je patiente sur un parking désert le temps que David me rejoigne. Ce week-end passé loin du tumulte de nos vies respectives va nous faire le plus grand bien.

J'aime ces escapades en amoureux au cours desquelles nous pouvons nous retrouver et ne penser qu'à nous. Alors, nous n'avons plus à nous cacher. Nous pouvons vivre notre amour au grand jour ; dîner au restaurant, arpenter les rues main dans la main, nous embrasser en public comme n'importe quel couple qui s'aime sans avoir à craindre d'être surpris. C'est comme une parenthèse enchantée dont je regrette chaque fois qu'elle ne puisse durer que quelques jours.

Au début, les relations clandestines peuvent paraître excitantes mais elles deviennent très vite terriblement frustrantes. En fait, je crois qu'aimer en secret ne me suffit plus. Je suis follement amoureuse de David et je voudrais pouvoir crier cet amour sur les toits pour que tout le monde sache combien il me rend heureuse. Mais pour l'instant il ne peut pas m'offrir plus qu'une relation clandestine. La perte de sa femme a laissé des plaies qui ne se sont pas encore refermées. Il a besoin de temps pour se remettre de cette tragédie. Je vais lui en laisser, autant qu'il faudra. Et quand il sera prêt à s'engager avec moi, je serai là.

Bientôt, David vient garer sa voiture sur la place voisine à la mienne. A peine a-t-il coupé le moteur que je me rue à l'intérieur. Je prends place à côté de lui et me jette dans ses bras pour l'embrasser tout en m'écriant :

_ Ce week-end va être merveilleux ! Le Vercors, ses grandes étendues vertes et ses sommets, rien que toi et moi au milieu de la nature, le paradis !

_ C'est vrai, ça va être formidable... me répond-t-il avec bien peu de conviction.

Il vient de doucher mon enthousiasme. Sa réaction me surprend car, d'ordinaire, il est tout excité à l'idée de partir avec moi. Je lui demande, inquiète :

_ Ça ne va pas ?

Il reste d'abord silencieux puis, sans prévenir, il s'effondre sur le volant. Je me penche aussitôt sur lui pour m'enquérir de son état. Alors, je le vois qui est en train de sangloter.

Je n'en crois pas mes yeux, David vient de fondre en larmes devant moi. C'est bien la première fois que ça lui arrive. Pour tout dire, je ne pensais pas assister à une scène pareille un jour car mon amant est ce genre d'homme si fier qu'il fait tout pour ne jamais rien montrer de ses failles. Je ne sais pas ce qui le tourmente à ce point mais ce doit être assez terrible pour qu'il en vienne à fendre l'armure comme ça.

Bouleversée, je le prends dans mes bras. Tandis que je l'étreins toujours, je le questionne :

_ Mon chéri, qu'est-ce qui t'arrive ?

Inconsolable, il bredouille :

_ Ce n'est rien...

_ Ce n'est pas rien pour que tu te mettes dans un état pareil. Allez dis-moi ce qu'il y a, s'il te plaît. C'est au sujet de Nolan encore ?

Il ne répond pas mais je n'ai pas besoin qu'il le fasse pour savoir que oui.

_ Tu m'as dit qu'il a évité l'exclusion alors tout est arrangé, non ?

_ Non, rien est arrangé, soupire-t-il.

Ses sanglots redoublent d'intensité.

_ Pourquoi rien n'est arrangé ?

Il se décide finalement à me confier ce secret devenu trop lourd à porter :

_ C'est au sujet de l'accident de ma femme...

_ David je te l'ai déjà dit, ce n'est pas de ta faute.

Il me rétorque d'un ton catastrophé : 

_ Si justement, tout est de ma faute.

Je m'apprête encore à le contredire mais il m'en empêche lorsqu'il ajoute :

_ Je t'ai menti, j'ai menti à Nolan, j'ai menti à tout le monde...

_ Comment ça ? Qu'est-ce que tu veux dire ?

Alors il m'avoue :

_ Ce n'était pas Nora qui conduisait ce jour-là. C'était moi...

Juste un mec bienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant