Chapitre 53 (Nolan)

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Si on m'avait dit que Stella me congratulerait, je ne l'aurais pas cru

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Si on m'avait dit que Stella me congratulerait, je ne l'aurais pas cru. Et pourtant, elle a loué mes progrès sur le ring.  On dirait que le travail accompli avec le coach Féri commence à porter ses fruits et je ne suis pas peu fier d'avoir été félicité par une championne telle que Stella.

Évidemment, sa bienveillance à mon égard n'a pas duré bien longtemps.
Alors que nous boxions toujours, j'ai eu le malheur de faire plonger mon regard là où il ne fallait pas mais là où il avait très envie d'aller, c'est à dire dans sa brassière, ce qui m'a valu un immédiat et douloureux recadrage. En l'occurrence, je me suis pris un coup de patte d'ours (ça ne s'invente pas) en pleine figure qui s'est accompagné d'une remarque aux faux airs de menaces :

_ La prochaine fois que je te surprends en train de me reluquer, je t'envoie faire un tour au pays des rêves !

En retour, j'ai plaidé la bonne foi :

_ Ce n'est pas du tout ce que tu crois. Je surveillais...

_ Tu surveillais quoi ? m'a-t-elle sèchement demandé.

_ ... Tes pieds. Oui, c'est ça, je surveillais tes pieds pour anticiper tes déplacements... C'est important les déplacements en boxe... j'ai alors balbutié.

_ Hum hum, mes pieds !

Elle n'était bien sûr pas dupe et elle avait raison car ce n'était pas vraiment ses pieds que je regardais. Mais qu'il n'y ait pas de méprise, ça ne veut pas dire qu'elle me plaît !

Comme prévu, nous avons ensuite échangé les rôles. J'ai hérité des pattes d'ours tandis que Stella a enfilé ses gants. A partir de là, la séance est, comment dire, devenue beaucoup plus sportive. Et pour cause, j'ai passé la demi-heure suivante à essuyer les coups de Stella. Elle a frappé encore et encore, alliant une force Herculéenne et une rapidité incroyable. En bref, elle a livré une véritable démonstration et j'ai ainsi pu m'apercevoir une nouvelle fois qu'elle n'était pas championne de France pour rien. Je plains les filles qui ont le malheur de l'affronter en compétition, je me demande combien de temps elles résistent au déluge de coups qui s'abat sur elles. Pour ma part, je ne résiste encore que quelques minutes et puis soudain, sur une frappe plus violente que les autres, je me retrouve déséquilibré et je bascule en arrière pour me retrouver le cul sur le ring. Stella éclate de rire, elle se penche sur moi et me lance :

_ Regardez-moi ça, le redoutable Nolan serait-il en sucre ?

En sucre, et voilà qu'elle recommence, elle se fout de moi !  

_ Ça n'a rien à voir, j'ai juste trébuché ! je me défends tout en me hâtant de me relever.

_ Monsieur a trébuché, qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre ! Bon on y retourne ?

On y retourne, ah parce-que la séance n'a pas encore assez duré ? Ça fait presque deux heures que je suis dans cette salle si l'on compte mon entraînement avec Féri, et ça fait tout aussi longtemps qu'elle est là. Je suis cuit, mais pas elle apparemment puisqu'elle en redemande.

_ On devrait peut-être s'en tenir là pour ce soir. C'est important la récupération, ça fait partie intégrante de l'entraînement. 

_ Tu plaisantes ? Ça fait à peine deux heures qu'on est là ! Je commence seulement à être échauffée, me répond-t-elle en sautillant énergiquement.

Je pense que c'est de l'humour. Oui, c'est forcément de l'humour.

_ Très drôle ! je lui dis finalement.

_ Qu'est-ce qui est drôle ? me demande-t-elle.

Et merde, ce n'est pas de l'humour, elle est tout à fait sérieuse...

Je reste silencieux tandis qu'elle me jauge du regard. Comme elle voit que j'ai l'air épuisé (et pour cause je suis vraiment épuisé), elle finit par me dire :

_ Bon d'accord, on se fait encore un petit quart d'heure bien intense et après on arrête pour aujourd'hui. Ça te va ?

C'est une question rhétorique. Sans me laisser le temps de lui répondre, voilà qu'elle recommence à me taper dessus. Elle veut ma peau ou quoi ! 

La séance enfin terminée, je traîne ma fatigue jusqu'au vestiaire. Je me change puis je traverse la salle d'entraînement d'un pas heurté à cause des courbatures qui me torturent déjà les jambes. Elle est presque déserte, il faut dire qu'il est déjà tard, près de 21 heures. Je salue les quelques pratiquants encore présents et je sors.

Une fois sur le parking et tandis que je me dirige vers ma moto, j'aperçois Stella sous l'arrêt de bus à l'autre bout de la rue. Je m'étonne de la trouver là car elle n'a pas fait de détour par le vestiaire et je la pensais donc partie depuis un bon moment déjà.

Elle est au téléphone, furieuse à en juger par les rugissements qu'elle pousse et qui ne manquent pas d'effrayer les passants à proximité. Je tends l'oreille. Je suis un peu loin pour entendre précisément ce qu'elle dit, ou plutôt ce qu'elle hurle, mais je parviens quand même à capter quelques bribes de sa conversation téléphonique :

_ Papa, tu te fous de moi là ! ... Je fais comment pour rentrer ? ... Le bus ? Il n'y a plus de bus à cette heure-ci ! ... T'attendre à la salle ? Ça dépend, tu arrives quand ? ... Des heures ? Je ne vais pas attendre des heures !

Je ne sais pas si c'est parce-que j'ai pitié d'elle ou bien parce-que je veux absolument lui montrer que je ne suis pas le mauvais bougre qu'elle imagine (d'ailleurs pourquoi je voudrais le lui montrer, c'est ridicule !), mais je me surprends à aller à sa rencontre. Quand je parviens à sa hauteur, je lui lance :

_ Hé, tu ne sais pas comment rentrer ?

Passablement énervée, elle se fend d'une réponse teintée d'ironie :

_ A ton avis, pourquoi je suis là dans cet arrêt de bus ? Pour admirer les étoiles ?

Bizarrement, je trouve que nous nous sommes plutôt bien entendus pendant cet entraînement en commun. Mais il faut croire que ce n'était là qu'une trêve dans la guerre qui nous oppose, et voilà qu'elle semble de nouveau me détester.

_ Tu veux que je te dépose chez toi ? je lui propose pourtant, non sans redouter sa réaction.

La suite dès mardi ! :)

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