Chapitre 80 (David)

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Recevoir un bulletin scolaire de Nolan me procure toujours des émotions fortes mais d'ordinaire c'est plutôt la colère que la joie qui m'envahit

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Recevoir un bulletin scolaire de Nolan me procure toujours des émotions fortes mais d'ordinaire c'est plutôt la colère que la joie qui m'envahit.

J'ai bien vu qu'il redoublait d'efforts ces derniers temps mais je ne m'attendais pas à ce qu'il obtienne d'aussi bons résultats. Il faut croire que son travail a porté ses fruits. 12 de moyenne générale, sa mère serait si fière si elle voyait ça.

Trop pressé de partager avec Amandine la bonne nouvelle, je me hâte de l'appeler. Elle décroche après une sonnerie à peine.

_ Ma chérie, c'est moi, j'espère que je ne te dérange pas ?

_Me déranger ? Allons, tu sais bien que tu ne me déranges jamais mon amour.

_ Je disais ça parce-que j'imagine que tu es en train de bosser.

_ Bosser, c'est un bien grand mot, figure-toi que je me suis fait poser un lapin par mon client.

_ Ça fait partie des risques du métier.

_ Et c'est un mal pour un bien car comme ça j'ai tout mon temps pour parler avec toi, me répond-t-elle aussitôt.

Elle laisse s'écouler quelques secondes avant de me faire remarquer :

_ Mais dis-moi, tu m'as l'air bien joyeux ?

_ Ça c'est parce-qu'il vient de se produire une chose incroyable ! je lui lance en retour d'un ton enthousiaste.

_ Une chose incroyable ? relève-t-elle d'une voix teintée de curiosité.

Je me décide enfin à lui confier ce qui me brûle les lèvres :

_ C'est Nolan, j'ai reçu son bulletin du trimestre et aussi surprenant que cela puisse paraître, ses résultats sont bons, bien meilleurs que ce à quoi il m'a habitué.

_ C'est super ! Tu vois, quand tu disais qu'il allait mieux, tu avais raison.

_ C'est vrai qu'il semble avoir enfin décidé de se prendre en main. Il est méconnaissable, dans le bon sens du terme. On ne se dispute plus, je n'ai plus de coup de fil du proviseur m'informant d'un problème de comportement, et ses notes montent en flèche ! Même dans mes rêves les plus fous, je n'aurais pu imaginer qu'il fasse de tels progrès en si peu de temps.

_ Il est plein de ressources.

_ En effet, et il est aussi bien entouré.

_ C'est vrai qu'il a un père particulièrement présent et attentionné, complimente Amandine.

J'aimerais pouvoir me targuer de dire que c'est grâce à moi que Nolan a changé d'attitude mais je ne le crois pas. En fait, je pense que quelqu'un d'autre a une très bonne influence sur lui.

_ Je fais plutôt référence à une fille qu'il a rencontrée au lycée. Quand je l'ai questionné à son sujet, il a prétexté qu'il s'agissait simplement d'une amie. Mais je crois qu'elle lui plaît, il ne m'aurait pas parlé d'elle sinon. Enfin bref, tout ça pour dire que je me demande si elle n'est pas pour quelque chose dans tout ça.

_ C'est possible, après tout ne dit-on pas que l'amour donne des ailes ?

_ Si, on le dit. Et je suis bien placé pour savoir que c'est vrai.

_ Tu es mignon.

Après quelques secondes d'hésitation, Amandine se décide à aborder le sujet qui fâche :

_ Comme Nolan semble aller mieux, tu ne crois pas que ce serait le moment de lui dire ?

_ De lui dire quoi ? je lui demande à brûle-pourpoint avant d'ajouter pensant avoir compris ce à quoi elle faisait allusion. De lui dire pour nous ? Je crois que je vais le faire. C'est le bon moment, tu as raison. Je me sens prêt à officialiser notre relation. Je t'ai bien assez fait attendre comme ça.

_ Oh mon chéri, ça me touche beaucoup de t'entendre dire ça...

Comme je lui trouve un air gêné, je m'empresse de la questionner :

_ Qu'est-ce qu'il y a ? J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?

_ Au contraire, tu as dit tout ce qu'il fallait, et plus encore. Non, c'est juste que je ne faisais pas référence à nous deux quand je te disais que c'était le moment...

_ Ah bon, de quoi parlais-tu alors ? je l'interroge, un peu circonspect.

Elle cherche ses mots un instant avant de me répondre :

_ Je parlais de ce que tu m'as avoué au sujet de l'accident de Nora.

_ Ah... je ne peux que bredouiller en retour tant le tourment qui m'assaille soudain est grand.

Au fond de moi, je sais pertinemment qu'elle a raison. Plus tôt je dirai la vérité à mon fils et mieux ce sera. D'autant que j'ai déjà beaucoup (trop) tardé. Mais je ne trouve pas la force de tout lui avouer. Je crains tellement sa réaction.

Comme elle devine ma réticence, Amandine renchérit :

_ Il a le droit de savoir.

_ Je sais...

_ Et toi il est temps que tu te libères de ce secret qui te ronges, tu ne crois pas ?

_ Je ne peux pas lui dire. S'il apprend que sa mère est morte par ma faute,  il ne me le pardonnera jamais.

_ Pour la énième fois, ce n'est pas de ta faute si Nora est morte. C'était un accident. Nolan saura faire la part des choses. Il comprendra. En revanche, si tu t'obstines à lui cacher la vérité, il va finir par la découvrir par lui-même. Et là oui, en effet, il ne te pardonnera jamais de lui avoir menti.

_ Je vais tout lui dire ce soir, je lui promets finalement, conscient qu'elle dit vrai.

_ C'est bien, tu prends la bonne décision, m'assure-t-elle encore, espérant me conforter dans ma démarche.

Je consacre les heures qui suivent à chercher la meilleure manière de révéler la vérité à Nolan sans jamais vraiment la trouver. Y a-t-il seulement une bonne manière d'avouer à son fils que l'on est responsable de la mort de sa mère ? J'en doute car je crois qu'il n'est pas de mot qui puisse apaiser la douleur et le sentiment de trahison qu'il éprouvera en apprenant que c'est moi qui, sans le vouloir, ai précipité notre voiture dans le fossé. Il sera furieux, effondré, accablé... Il m'en voudra terriblement et je ne sais pas s'il trouvera la force d'accepter mon pardon. Je l'espère de tout coeur car je ne supporterais pas de le perdre.

La suite dès jeudi ! ;)

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