Chapitre 106 (Kimi)

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Faire irruption chez Simon à près de 23 heures, quelle idée indécente !

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Faire irruption chez Simon à près de 23 heures, quelle idée indécente !

J'ai d'abord pensé me rendre chez Stella mais ma mère aurait eu vite fait de retrouver ma trace. Or je n'aurais pas supporté de devoir vivre un nouveau face à face avec elle. Le temps où je lui demanderai des comptes viendra bien assez tôt. Mais, pour l'heure, je suis trop chamboulée, il faut que je digère tout ça et que je prenne un peu de recul.

Je pourrais dire que je suis venue chez Simon par défaut, parce-que je n'avais pas d'autres choix, parce-que je n'avais nulle part ailleurs où aller, parce-que je n'allais quand même pas dormir dehors. Mais ce n'est pas la raison principale. En fait, si je suis venue chez Simon, c'est avant tout parce-qu'il était la seule personne que j'avais envie de voir ce soir, la seule personne à qui j'avais envie de me confier, le seul en qui j'avais suffisamment confiance pour lui déballer tout ce que j'avais sur le coeur.

J'ai bien fait de venir chez Simon. Il m'a recueillie, il a insisté pour que je reste cette nuit, et il m'a écoutée encore et encore. Je mesure chaque jour un peu plus la chance que j'ai de l'avoir dans ma vie. Ce garçon est une perle, vraiment.

_ Mon père, enfin je veux dire Robert, t'a dit la vérité, je lui révèle en tâchant de contenir les sanglots qui me nouent la gorge.

_ Comment ça la vérité ? me demande-t-il comme il ne voit pas bien où je veux en venir.

Je prends une longue inspiration et prononce cette phrase qui me semble toujours aussi irréelle :

_ Il n'est pas mon père.

_ Vraiment ? Tu en es sûre ?

_ Certaine. Quand j'ai rapporté les propos de Robert à ma mère, elle a nié catégoriquement, feignant qu'il s'agissait d'allégations ridicules. Mais j'ai vu dans ses yeux qu'elle me mentait. Alors, j'ai compris qu'elle m'avait menti pendant des années au sujet de l'identité de mon père.

Cette fois, je ne peux retenir mes larmes. Parler de tout ça a pour effet de remuer le couteau dans une plaie toujours à vif.

Fidèle à lui-même, Simon se montre des plus attentionnés avec moi. Après un instant d'hésitation, il s'autorise à poser sa main sur mon dos et la fait aller et venir doucement en témoignage de son empathie, espérant ainsi m'apporter un peu d'un réconfort dont j'ai grand besoin.

_ Kimi, ne te fais pas d'idée définitive. Je comprends que tu aies des doutes mais je ne peux pas imaginer que ta mère t'ait caché la vérité sur quelque chose d'aussi important. Il faut que vous parliez toutes les deux, il y a sûrement une explication.

_ Je lui parlerai mais très franchement, je ne crois pas qu'il y ait d'explication... je réplique d'une voix empreinte d'une certaine résignation.

Puis, inconsolable, minée par une situation qui me dépasse, je me laisse tomber dans les bras de Simon. Là, je pleure pendant de longues minutes tandis que mon ami s'efforce autant que faire se peut de calmer mon chagrin en me susurrant des paroles apaisantes.

_ Ça va aller, ça va aller... me répète-t-il ainsi.

J'aimerais le croire, j'aimerais pouvoir me convaincre que ça va aller. Mais songer que mon père puisse ne pas être mon père est une telle souffrance que je ne peux m'empêcher de broyer du noir, de me dire que non ça ne va pas aller car j'ai l'impression que ma famille vole en éclats pour la deuxième fois.

Je suis arrachée à ces sombres pensées par les vibrations incessantes de mon téléphone. Je le sors de ma poche et je jette un œil sur l'écran pour constater qu'il est inondé de notifications. Vingt messages non lus et onze appels en absence, tous provenant de la même personne : ma mère.

_ Tu devrais lui répondre, me conseille Simon qui n'a pu s'empêcher de zyeuter mon téléphone. Elle doit être morte d'inquiétude de ne pas savoir où tu es.

_ Et bien qu'elle meurt d'inquiétude. Après ce qu'elle m'a fait, c'est un moindre mal, je réplique du tac au tac. De toute façon, même si je le voulais, je ne pourrais pas lui répondre, pas maintenant. C'est au-dessus de mes forces.

_ Je comprends parfaitement mais dans ce cas laisse-moi au moins la prévenir que tu restes ici ce soir, me propose-t-il.

_ Non, elle risque de débarquer ici si tu la préviens, j'objecte.

_ Pas si je ne lui dis pas où j'habite. Je vais juste l'informer que tu es avec moi et que tu vas bien. Rien d'autre. Ça te va comme ça ?

Devant l'insistance de Simon, je finis par céder. Après tout, s'il ne lui révèle pas son adresse, aucune chance qu'elle puisse se pointer ici.

_ Bon très bien, c'est d'accord, j'acquiesce en lui tendant mon téléphone pour qu'il puisse appeler avec, comme un moyen de garantir à ma mère que je me trouve bel et bien avec lui.

Il s'en empare et s'éloigne de quelques mètres avant de le porter à son oreille. Il s'en suit plusieurs secondes de conversation puis Simon fait son retour près de moi. En me rendant l'appareil, il me lance dans un sourire rassurant :

_ C'est bon, elle est prévenue.

_ Et alors ? Elle a dit quoi ? je le questionne, rattrapée par la curiosité.

_ Elle m'a remercié pour mon appel qui lui a épargné une nuit d'angoisse et m'a demandé de prendre soin de toi ce soir ce que je lui ai promis de faire, me répond-t-il avant d'ajouter. Ah oui, et elle m'a dit qu'elle était désolée que tu sois aussi mal, qu'elle avait hâte que tu rentres pour qu'elle puisse te raconter ce qui s'est réellement passé avec ton père.

Ma mère se dit prête à me raconter ce qui s'est réellement passé avec mon père, elle va plutôt trouver un nouveau mensonge à inventer oui ! Heureusement qu'il existe encore des personnes comme Simon qui n'ont qu'une parole. Il a promis à ma mère qu'il prendrait soin de moi et c'est ce qu'il a fait. Durant toute la nuit.

La suite dès samedi ! ;)

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