Chapitre 17 (Nolan)

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Je toque à la porte de la salle et bientôt j'entends la voix du professeur d'anglais qui m'invite à entrer :

_ Come in !

Je m'exécute et, presque immédiatement, j'essuie les regards médusés des élèves de ma classe. On dirait qu'ils ne s'attendaient pas à me revoir. Je m'efforce de faire abstraction du fait d'être l'attraction de la matinée et je lance au professeur :

_ Veuillez m'excuser, j'étais avec la proviseure.

_ In English please !

_ I'm sorry, I was with the head teacher, je répète cette fois dans la langue de Shakespeare.

_ Please, sit down, me dit-il en me faisant signe de prendre place.

J'acquiesce d'un hochement de tête puis je me dirige vers la chaise voisine de celle occupée par Simon.

_ Je peux ? je m'enquiers une fois parvenu à sa hauteur.

Il me fixe d'un oeil stupéfait et bredouille en retour :

_ Euh oui... Bien sûr...

_ Parfait, dis-je en m'asseyant à ses côtés.

Tandis que le professeur reprend le fil de son cours, je glisse à l'oreille de mon camarade :

_ Merci beaucoup.

_ Merci de quoi ? me demande-t-il d'un air surpris.

_ De m'avoir sauvé la mise.

Comme il fait mine de ne pas comprendre, j'ajoute :

_ Je sais que tu as parlé à Monsieur Féri et que c'est grâce à toi s'il a plaidé ma cause auprès de la proviseure.

Avec toute la modestie qui le caractérise, Simon me dit en retour : 

_ Ce n'est rien. Tu m'as défendu alors c'est bien le minimum que je puisse faire.

Je le corrige aussitôt :

_ Non, ce n'est pas rien. Sans ton intervention, j'étais bon pour le Conseil de discipline. 

Nous échangeons un bref sourire complice.

Après quoi, je jette un œil autour de moi et je constate que Mickael n'est pas présent. Au même moment, Simon me confie, comme s'il devinait mes pensées :

_ Au fait, juste avant que tu n'arrives un surveillant est venu chercher Mickael pour l'emmener dans le bureau de la principale.

Je pensais que cette journée serait catastrophique mais voilà que j'échappe à l'exclusion et qu'en plus Mickael se fait convoquer par la proviseure à son tour. S'il pouvait se faire virer, ce serait la cerise sur le gâteau et surtout ça ne serait pas volé.

_ Crois-moi, il va avoir de gros ennuis. Il n'est pas prêt de recommencer à t'emmerder car la proviseure l'a dans le collimateur maintenant, dis-je à Simon.

_ Comment ça ? me demande-t-il à brûle-pourpoint.

J'ai espéré le rassurer en lui disant que Mickael ne pourrait plus s'en prendre à lui en toute impunité. Mais, au contraire, cela semble le préoccuper au plus haut point. Un peu surpris de le voir soudain si anxieux, je le questionne :

_ Hé, qu'est-ce qu'il y a ?

_ Il y a que quand il va savoir que je suis allé parler au professeur il va me tuer ! s'inquiète-t-il.

Je comprends mieux l'emprise qu'a Mickael sur Simon qui a décidément dû se faire violence pour se décider à parler à Monsieur Féri. Je ne peux qu'admirer son courage.

Je m'empresse de le tranquilliser :

_ Ne t'en fais pas, il n'y a aucune raison qu'il le sache. Et puis comme j'ai menacé de le balancer, il aura plutôt tendance à croire que c'est moi qui aie tout déballé à la principale.

_ Mais si la proviseure lui dit que j'ai parlé à Monsieur Féri ?

_ Elle ne vas pas lui dire ça. Si elle cherche à te protéger, ce n'est pas pour ensuite raconter à celui qu'elle suspecte de s'en prendre à toi que tu t'es plaint à ton professeur. Ce serait idiot.

_ Je ne sais pas... Je ne sais plus...

_ Et quand bien même Mickael déciderait de revenir te causer des soucis, je m'interposerais et je finirais ce que j'ai commencé ! je m'emballe, le poing serré.

_ Non, tu ne ferais pas ça, me tempère Simon.

_ Non, tu as raison, je ne ferais pas ça. Ce serait vraiment con... je me raisonne.

Il s'en suit un bref instant de silence au terme duquel je renchéris :

_ Vraiment, je t'assure que tu n'as pas d'inquiétude à avoir. C'est très bien que la proviseure prenne les choses en main.

Un peu plus calme à présent, Simon est sur le point de me répondre mais le professeur l'en empêche lorsqu'il nous lance, agacé de nous voir aussi distraits :

_ Gentlemen ! Could we have your attention ?

_ Sorry, I promise we will be more careful now, je lui réponds en guise de mea culpa.

Je ne sais pas si c'est parce-que je me mets à l'apprécier ou simplement parce-que je me sens redevable envers lui mais, une fois le cours fini, je me surprends à proposer à Simon :

_ Ça te dit qu'on déjeune ensemble ce midi ?

Il me dévisage d'un air circonspect et me dit avec une prudence qui me fait penser qu'il se demande si je ne suis pas en train de me payer sa tête :

_  Je croyais que tu préférais manger seul ?

_  D'ordinaire peut-être. Mais pas aujourd'hui. Alors ?

Sans hésiter un seul instant, il me lance d'un ton enthousiaste : 

_ Bon et bien dans ce cas c'est d'accord !

Prochain chapitre dès mardi :)

Juste un mec bienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant