Chapitre 116 (Nolan)

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Hasard du calendrier, les championnats de France ont lieu à Paris. C'est donc l'occasion d'un retour aux sources et je suis ravi de revenir dans la capitale. Elle m'a manqué, beaucoup au début de l'année scolaire et puis de moins en moins à mesure que je goûtais aux joies de ma nouvelle vie à Nice. Entre le climat plus favorable, mon amitié avec Simon, ma découverte de la boxe grâce à Féri, et ma rencontre avec Stella ; je ne regrette pas d'avoir déménagé finalement. Même mes relations avec mon père sont au beau fixe, c'est dire si tout va bien en ce moment ! D'ailleurs, mon père a insisté pour être du voyage aux championnats. Il ne voulait pas manquer les prouesses de son fiston adoré sur le ring (j'espère qu'il ne me traitera pas de fiston adoré devant Stella sans quoi ma virilité risque d'en prendre un coup, mais rien n'est moins sûr). Qu'il semble loin le temps où il s'opposait farouchement à ce que je pratique la boxe. Je crois qu'il a compris à quel point j'aime ça, et pour l'avoir vu assister avec émerveillement à l'un de mes entraînements à la salle, je le soupçonne de prêter un certain intérêt à ce sport. En fait, je pense même qu'il est secrètement fan de boxe.

J'ai beau jouer au type parfaitement détendu, je n'en mène pas large quand nous arrivons devant le gymnase où se déroulent les compétitions. Ce sont tout de même des championnats de France, ça me fait quelque chose d'être là. Je suis fier et aussi, c'est vrai, un peu nerveux. Mais c'est du bon stress, pas celui qui vous paralyse mais plutôt celui qui vous motive et qui vous pousse à vous surpasser.

En compagnie de Féri, de Stella, et de mon père, je rentre dans le gymnase et je suis aussitôt happé par l'effervescence qui y règne. Rien à voir avec le tournoi de qualification. Tout est plus grand et plus beau. Il y a aussi beaucoup plus de monde et il nous faut jouer des coudes pour fendre la foule et aller valider ma participation auprès du jury du tournoi. Quand c'est chose faite, nous abandonnons mon père qui va prendre place parmi les spectateurs dans la tribune et nous nous dirigeons vers le tableau des championnats afin de découvrir qui je vais affronter.

Comme mon entrée dans le monde de la boxe est relativement récente, les noms des autres boxeurs ne me disent strictement rien et je suis bien incapable de me faire une idée du niveau de mes futurs adversaires. Je m'en remets donc totalement aux jugements de Féri et de Stella qui, en connaisseurs et habitués de ces championnats, sont beaucoup plus à même que moi d'évaluer les forces en présence.

Tandis qu'ils étudient d'un oeil attentif le tableau, je scrute leurs visages dans l'espoir d'y voir un rictus qui trahirait leurs sentiments sur mes futurs adversaires. Mais ils ne laissent rien paraître et je reste dans l'expectative pendant de longues secondes.

N'en pouvant plus d'attendre, je finis par leur lancer :

_ Alors ça donne quoi ?

Ils demeurent encore impassibles un instant qui me semble durer une éternité. Et puis soudain, Stella s'écrie :

_ Papa tu as vu, il y a Théo Cari ! Qu'est-ce qu'il fait ici ? Je croyais que cette année il avait choisi de faire l'impasse sur les championnats de France afin de se consacrer uniquement aux Europe.

_ J'ai vu oui. Il faut croire qu'il a changé d'avis, répond le coach d'un air pas vraiment réjoui avant d'ajouter, c'est sûr que ça complique un peu les choses.

Comme je vois à leurs mines crispées que quelque chose les travaille, je m'enquiers :

_ Qu'est-ce qu'il y a ? A vous voir tirer ces têtes d'enterrement on dirait que je suis un judoka sur le point d'affronter Teddy Riner.

_ C'est tout comme. Théo Cari est à la boxe ce que Teddy Riner est au judo, me confie Stella d'un air tout à fait sérieux.

_ Oui enfin je ne doute pas que ce Théo Cari soit un adversaire redoutable mais, que je sache, il n'est tout de même pas dix fois champion du monde et deux fois champion olympique !

Juste un mec bienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant