Depuis le décès tragique de sa mère, Nolan doit faire avec une colère et une agressivité qui ne le quittent jamais et qui lui ont déjà valu d'être viré de son ancien lycée. Contraint par son père de quitter Paris, la ville dont il est originaire, po...
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J'ai dû téléphoner aux trois-quarts des cabinets dentaires du département avant d'en trouver un qui soit en mesure de me recevoir en urgence. Une belle galère dont je me serais bien passé ! Je suis furieux contre Stella car je suis sûr qu'elle a fait exprès de me faire sauter le dentier. Sournoise comme elle est, ça ne serait pas étonnant ! Cela dit, si je veux vraiment boxer, il va falloir que je me fasse à ce genre de désagréments qui doivent être relativement fréquents.
Le plus pénible dans l'histoire a été d'expliquer à mon père pourquoi je n'étais pas en cours cet après-midi. Lorsqu'il m'a appelé, car pour quelqu'un qui se fout de ce que fait son fils il a plutôt été prompt à me demander la raison de mon absence, je lui ai dit la vérité. Il s'est dépêché de me rejoindre chez le dentiste et il a ainsi pu s'apercevoir de lui-même que mon urgence dentaire était tout sauf un mauvais prétexte pour sécher les cours.
Ironie du sort, cette situation regrettable nous a permis de crever l'abcès (au sens propre comme au figuré d'ailleurs) et d'oublier temporairement nos différends de ces derniers jours. On a même échangé un sourire quand mon père m'a demandé comment je m'étais débrouillé pour me retrouver avec un pamplemousse en guise de joue et qu'en retour j'ai prétendu m'être planté un coup de fourchette dans la gencive en mangeant mon gigot d'agneau (je ne pouvais pas lui révéler la véritable cause de tout ça comme il n'est pas au courant que je me mets à la boxe).
Enfin bref, le dentiste, qui par chance était compétent, n'a eu besoin que de quelques minutes pour redonner à mon visage une forme humaine. Tout s'est donc bien terminé et cette péripétie dentaire ne sera bientôt plus qu'un lointain et désagréable souvenir.
De retour en cours le lendemain matin, il me faut d'abord essuyer les questions de Simon qui se rue sur moi sitôt que je mets les pieds dans l'enceinte du lycée. A croire qu'il ne peut plus se passer de moi. Contraint et forcé, je lui confie mes mésaventures de la veille ainsi que l'origine de celles-ci. Après quoi, Simon s'écrie, refrénant un fou rire :
_ Alors comme ça le redoutable Nolan s'est pris une rouste par une fille !
Ce trait d'humour malheureux me reste en travers de la gorge. Particulièrement vexé, je m'empresse de recadrer Simon :
_ La ferme Simon ou c'est toi qui va te prendre une rouste comme tu dis !
Cette riposte de ma part suffit à le ramener à la raison. Mais tandis que nous approchons de la salle où nous avons cours, Kimi m'aperçoit et se presse vers moi. Dès lors qu'elle arrive à ma hauteur, elle se fend d'une réflexion qui, bien qu'elle parte sans doute d'un bon sentiment, finit de me mettre en rogne.
_ Stella m'a tout expliqué. Mon pauvre chou, j'espère qu'elle ne t'a pas fait trop mal...
J'aurais dû me douter que Stella prendrait un malin plaisir à raconter à tout le monde comment elle m'a ridiculisé sur le ring.
La réflexion de Simon et maintenant celle de Kimi, c'en est trop !
_ Ça va, laissez-moi tranquille ! Qu'est-ce que vous avez tous à relayer cette histoire qui, d'ailleurs, est très éloignée de la vérité ! je lance, excédé.
_ Ah bon ? Alors comme ça Stella ne t'a pas battu comme elle le prétend ? me relance Kimi, amusée de voir que j'essaye désespérément de sauver les apparences.
_ Non c'est plutôt que je l'ai laissée gagner ! je feins en retour en sachant pertinemment que je suis en train de m'enfoncer.
_ Je vois, me dit Kimi qui n'est absolument pas dupe.
Sous le regard envieux de Simon qui aimerait sûrement qu'une fille comme elle lui glisse des mots doux à l'oreille, elle ajoute d'un air délicieux :
_ Tu sais que tu es trop mignon quand tu boudes comme ça ? Tu devrais venir chez moi demain soir, je crois savoir comment te consoler...
Une proposition alléchante qui me met un peu de baume au cœur.
