Sua Sponte

CHAPITRE 95

- En contournant par l'Est, on aura moins de chances de se faire repérer.
- Tu oublies leur avant poste. Si on prend cette direction, ils nous descendront avant qu'on n'ai réussi à atteindre les fortifications.
- À moins qu'on attende la nuit ?
- On n'a pas le temps d'attendre la nuit ! Deux de nos hommes sont retenus en otage là-bas !
- On sait même pas s'ils sont encore en vie ! Tu veux vraiment prendre le risque de mettre toute l'unité en danger ?!
- Les gars, on se calme. Tonie, qu'est-ce que t'en pense ?

Perdue dans ses réflexions envahies d'une multitude de plans d'attaque, ses iris à l'éclat doré rivés sur la carte de la région étalée sur la table devant elle, Tonie cilla doucement en relevant la tête vers Dean qui venait de l'appeler. Elle observa les visages des six soldats qui attendaient une réponse de sa part, et elle soupira doucement en passant une main dans ses cheveux décolorés retenus en une queue de cheval serrée. Le vent sec du désert faisait se soulever doucement les pans de la grande tente sous laquelle ils se trouvaient, tourbillonnant dans une danse intime et asséchant un peu plus l'air déjà aride de la région. À l'extérieur le soleil tapait fort, aveuglant les regards des militaires qui déambulaient dans le campement, chacun à son travail. La poussière - omniprésente - venait se coller aux visages moites, sur les véhicules, tentes, chaque objets.. Se collait aux semelles, aux lèvres gercées..

- Jackson a raison. Finit par annoncer Tonie d'une voix calme, en posant ses paumes de mains à plat sur la table de chaque côté de la carte, ses prunelles déjà de retour à leur travail de reconnaissance le long des multiples lignes dessinées sur le papier. Si Souleymane est bien là-bas et si on se précipite pour intervenir, on pourrait perdre notre seule piste qui nous conduirait à Ben Laden. Sans compter qu'il nous faut l'aval de la C.I.A. Et avec ce qui s'est passé hier, je veux pas prendre le risque de perdre encore un homme. Elle ajouta d'un ton plus sec, en coulant un regard réprobateur en direction de Lee, un de ses soldats au caractère nerveux et impulsif.

- Tu sais très bien que j'avais pas le choix. Soupira le dénommé Lee d'un air agacé, en posant les mains sur les hanches.
- Tu n'avais pas à agir de ton propre chef. Elle rétorqua avec fermeté. Je te rappelle que je suis ton supérieur.

- Parce que tu crois que je vais te concerter à chaque fois que je décide quelque chose ? Cingla le militaire.

- Oui, Lee ! S'emporta Tonie, en se postant face à lui. C'est exactement ce que je suis en train de te dire ! Chaque choix que tu décides de faire, chaque action que tu décides d'exécuter, c'est à moi que tu dois en parler avant ! C'est comme ça qu'on survit ! Pas en ouvrant le feu inconsciemment ! À cause de tes conneries, deux de nos hommes se sont fait capturer, et on a perdu Stilinski !
- T'es restée là à attendre pendant des heures ! Grogna Lee en faisant un pas vers elle.
- Recule ! Ordonna violemment Dean, en repoussant son collègue erratique qui était à deux doigts de lever son poing en direction de Tonie.

Les autres soldats s'avancèrent à leur tour pour contrôler leur ami, et ce dernier fini par se libérer de leur emprise en lâchant une expiration furieuse, braquant ses pupilles enragées dans celles de Tonie qui ne cilla pas. Il resta observer sa supérieure plusieurs secondes en fulminant silencieusement, fixant le visage impassible qui se tenait droit devant lui, avant de détourner le regard et de quitter la tente d'un pas lourd.

La jeune femme resta fixer l'ouverture de la tente qui oscillait lentement contre le vent aride, lançant un regard à ses coéquipiers qui quittaient les lieux dans un silence pesant, avant de soupirer doucement en passant une main sur son visage épuisé. Elle revint poser ses paumes fébriles sur la table en baissant la tête, lâchant une autre expiration tremblante entre ses lèvres gercées, avant de fermer les yeux en sentant la main réconfortante de Dean - qui était resté - se poser sur son épaule.