CHAPITRE 116

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— Tu en veux encore ? murmura Tonie en répondant au sourire adorable de Judith, qui était installée sur ses genoux.

La fillette babilla quelque chose entre ses lèvres en tendant son poing minuscule vers l'assiette de la militaire, qui récupéra sa fourchette pour la piocher dans un petit morceau de viande.

— Vas-y doucement, petit tigre, elle sourit en voyant Judith mâchonner goulument la bouchée.

La soirée se poursuivait sous la voûte étoilée dans un tourbillon de discussions et d'éclats de rire. Le ventre remplit et la tête lui tournant un peu à cause du vin qu'elle n'avait plus l'habitude d'ingurgiter, Tonie étendit son sourire maternel alors que ses iris gris suivaient chaque infime mouvement que faisait Judith, presque apeurée d'en manquer un seul. De l'autre côté de la table face à elle, alors qu'il discutait avec Michonne et Carol, Rick lui lança un regard en coin pétillant, ravi de voir la complicité entre sa fille et Tonie grandir de jour en jour.

— Tu es douée, fit remarquer Maggie de sa voix douce, son coude posé sur le bord de la table et son menton reposant dans la paume de sa main, installée à côté de Glenn qui gardait un bras protecteur dans son dos

Tonie se contenta d'un petit sourire discret, ses prunelles argentées glissant un instant vers Glenn à sa droite, qui cilla rapidement pour cacher le voile sombre qui venait de déborder dans ses yeux. Le Coréen n'avait jamais rien dit sur ce que Tonie lui avait confié plusieurs mois plus tôt. Même pas à Maggie. Même après tout ce temps passé ensemble, il n'y avait que lui, Daryl et Rick qui étaient au courant que la Ranger avait déjà été maman et qu'elle était tombée enceinte quand ils étaient à la prison. Alors de voir, ce soir, son amie éprouver autant de bonheur à tenir Judith dans ses bras, pendant que Daryl derrière elle s'efforçait de ne pas se laisser submerger par ses émotions, était une image qu'il voulait garder gravée dans sa mémoire.

— Comment ça t'es venu, l'idée de faire un repas avec tout le monde ? il demanda enfin.

—Parce qu'on en avait besoin, elle répondit simplement. Parce que j'en avais besoin. J'ai l'impression de ne plus vous voir depuis qu'on est arrivé ici. Vous êtes ma famille, elle ajouta dans un haussement d'épaule. J'ai pas envie qu'on finisse pas se saluer comme si on était des étrangers. Et avec ce qui arrive, avec le plan pour déjouer la horde...

Elle laissa la fin de sa phrase en suspend, laissant à son ami le soin de la terminer d'un hochement de tête entendu alors que le chaton, qui avait finalement réussi à se trouver une place au milieu de la table, fixait la flamme d'une bougie de ses grands yeux curieux.

— On ne peut pas laisser Nicholas venir avec nous, elle reprit enfin à mi-voix, alors que Judith s'exerçait à entourer ses petits doigts autour de la cuillère qu'elle lui tenait. Il est pas prêt. Et je dis pas ça seulement parce que je veux pas de lui. Il est trop instable mentalement pour une mission de ce genre.

— Je sais... soupira Glenn en secouant la tête. J'essaierais de le dissuader demain.

— Je peux le faire, si tu veux, elle se proposa en arquant un sourcil mutin.

— Tu veux le dissuader de participer au plan où l'obliger enfin à traverser l'Atlantique à la nage ? il rétorqua en lui renvoyant son sourire.

— C'est pas de ma faute s'il a peur pour un rien, elle déclara avec nonchalance.

Glenn pouffa doucement, amusé par la répartie de son amie alors que le chaton faisait un bond en arrière monstrueux après s'être approché trop près de la flamme de la bougie.

Sua SponteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant