La fenêtre entrouverte de la chambre au bout du couloir laissait filtrer le ronronnement symphonique de la nuit d'encre, apportant avec humilité une brise tiède bienvenue. Installé au bord du grand lit ( au bout duquel le chaton dormait profondément entre les oreillers ), Daryl gardait ses iris relevés sur le visage concentré de Tonie qui se tenait debout entre ses jambes, occupée à lui démêler les cheveux à l'aide d'un peigne. Le corps encore fourmillant de l'échange charnel qu'ils venaient de partager sous la douche, l'archer esquissa un sourire apaisé en venant poser ses mains sur les hanches féminines recouvertes d'une serviette de bain, savourant les gestes doux qu'elle exerçait et la sensation du peigne qui frôlait son crâne, avant de fermer paresseusement les yeux en sentant les doigts fins courir avec tendresse au milieu de ses mèches propres. Il laissa échapper un petit grognement appréciatif en venant poser son front contre le bas ventre de la militaire, obligeant le temps à s'interrompre encore quelques secondes à la porte de la bulle sécurisante qu'ils avaient créée.
— Je t'aime, il finit par déclarer dans un murmure, les yeux toujours fermés et son front collé contre la matrice féminine.
Tonie entrouvrit légèrement les lèvres alors qu'il relevait la tête vers elle, et elle plongea dans les deux billes bleues qui débordaient de sincérité, s'abreuvant de sa personne toute entière, de son corps seulement vêtu de son jean qui tombait avec indécence sur ses hanches et de son torse nu aux muscles secs, avant de se pencher en avant pour l'embrasser. Elle resta un instant immobile, ses lèvres simplement posées sur les siennes alors qu'il pressait légèrement le bout de ses doigts contre ses hanches, avant de se reculer, à peine quelques millimètres, laissant le bout de ses lèvres encore gorgées de leurs baisers fiévreux frôler les siennes et son souffle s'emmêler au sien.
— Je t'aime.
Sa réponse avait à peine effleuré l'atmosphère, mais Daryl la ressenti comme un ouragan furieux qui arracha tout sur son passage. Ce n'est qu'au moment où Tonie se redressa pour aller s'habiller qu'il réalisa qu'il avait retenu son souffle pendant tout ce temps. C'était idiot, il pensa en l'observant retirer sa serviette et enfiler des sous-vêtements propres. Il savait depuis longtemps qu'il aimait la militaire et qu'elle l'aimait en retour. Mais de le dire à voix haute conférait à leur relation quelque chose... d'incontestable. D'immuable. Une union par les mots après les fiançailles par le regard. Peut-être pensait-il ça parce que c'était la première fois de sa vie qu'il osait dire ces quelques mots à une femme. En tout cas, ça lui plaisait beaucoup.
Esquissant un petit sourire en coin timide, il suivit du regard son amie qui enfilait un jean noir et un t-shirt gris trop grand pour elle, admirant les mèches blondes aux reflets ambrés qui tombaient devant son visage.
— Tu m'as jamais dit pourquoi tu avais pris l'habitude de teindre tes cheveux, il déclara enfin en appuyant ses mains sur les draps frais.
— J'ai perdu un pari avec mon petit cousin, elle déclara en haussant une épaule, avant de s'asseoir sur une chaise pour chausser ses bottines.
— Vraiment ? Il gloussa.
— Ouais, elle répondit avec un petit sourire nostalgique. J'étais en permission pour deux semaines, et j'en avais profité pour aller rendre visite à ma tante et mon oncle en Californie. Nick devait avoir... Je sais pas, quinze ans ? Je sais même plus comment ça a commencé. Tout ce dont je me rappelle, c'est qu'à un moment on s'est retrouvé dans la salle de bain et qu'il m'a tendu la boîte de coloration de sa mère en me défiant de l'utiliser. J'ai dit okay, mais à la condition que lui laissait pousser ses cheveux. J'ai fini par adopter la couleur et Nick s'est retrouvé avec des espèces de dreadlocks bizarres, pour le plus grand désespoir de sa mère.
Daryl laissa un fil de sourire étirer ses lèvres. Il ne savait pas pourquoi, mais il avait toujours pensé que le blond pâle qu'elle arborait quand il l'avait connue venait d'une décision plus sombre. L'histoire du pari lui allait très bien. S'extirpant de ses tergiversations intérieures, le garçon lâcha un soupir en se relevant pour terminer de s'habiller, tandis que Tonie s'allumait une cigarette en s'installant sur le rebord de la fenêtre entrouverte. Il enfila une chemise noire et ses deux sempiternels vestes en cuir ( se méfiant de Carol qui serait capable de débouler dans la seconde pour les lui arracher des mains pour aller les laver ) et il s'approcha de Tonie qui expirait un nuage de nicotine dans l'air tiède, glissant sa main dans les cheveux dorés pour lui dégager le visage d'une mèche encore humide.

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Sua Sponte
Fanfiction"Son coeur battant à cent à l'heure, Tonie continuait de fixer Glenn et le Shérif qui avançaient lentement, observant avec inquiétude les corps décharnés qui se retournaient de plus en plus à leur passage à mesure que la pluie les nettoyait de l'ode...