CHAPITRE 146

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— C'était le plus grand ou le plus jeune ?

Ouvrant la marche le long de la route, son arc dans les mains, Tonie redressa légèrement le menton en entendant la voix rauque de Daryl résonner dans son dos, alors qu'il marchait aux côtés de Denise. Les rayons du soleil tombaient sur sa nuque endolorie par la fatigue, et le chant strident des insectes qui fredonnaient tout autour d'eux accentuait le silence paisible qui régnait aux alentours.

À quelques pas derrière la militaire, Denise envoya un regard interrogateur à l'archer, qui se contenta de désigner le porte-clé qu'elle tenait dans sa main, qu'elle avait pris à la boutique d'apothicaire et qui portait l'inscription « Dennis ».

— Le plus grand, elle répondit enfin dans un petit sourire. De six minutes, elle ajouta en relevant la tête vers Daryl.

Le Redneck l'observa un instant sans rien dire, avant de reporter son attention sur la nuque de Tonie alors que la médecin reprenait la parole.

— Mes parents ont trouvé l'idée du Dennis-Denise pendant une de leurs cuites. Hilarant, pas vrai ? elle déclara d'une voix sarcastique, en considérant un instant le profil de l'archer. Rien lui faisait peur, elle continua avec nostalgie, en reportant son intérêt devant elle. Il était courageux. Il était en colère, aussi. C'est plutôt dangereux comme combinaison.

— On dirait qu'on a eu le même frangin, marmonna Daryl en surveillant les alentours.

Il ralentit le pas alors qu'ils arrivaient à l'endroit où le chemin de fer croisait la route, détaillant un instant les voies qui partaient de chaque côté pour traverser la forêt alors que Tonie continuait tout droit sur l'asphalte, avant qu'il ne tourne à droite pour rejoindre les rails. À quelques mètres devant lui, la militaire s'immobilisa en le suivant d'un regard confus alors que Denise s'arrêtait derrière elle en les considérant tour à tour.

— Daryl, appela la Ranger en l'observant, un oeil plissé pour se protéger des rayons du soleil.

— C'est plus rapide par là, c'est ça ? il se contenta de répondre calmement en se tournant vers elle, pointant un index devant lui avant de se remettre en route.

Tonie fronça les sourcils dans un mélange d'étonnement et de perplexité, ses iris argentés continuant de détailler la silhouette de son archer qui marchait d'un bon pas sur le sol en ballast. Elle finit par lui emboiter le pas sans rien dire, tandis que Denise esquissait un petit sourire en coin en se remettant en mouvement à sa suite.

Ils marchèrent dans un silence apaisant pendant une trentaine de minutes, passant devant quelques regroupements de carcasses de voitures abandonnées qui vomissaient des affaires personnelles sur les côtés des rails. Le vent qui soufflait dans les frondaisons en se mêlant à la symphonie délicate des insectes accompagnait le soleil descendant dans une douceur étrange et rare.

Son arc dans une main, Tonie se laissait bercer par le mouvement du corps de Daryl qui marchait devant elle, des débuts de phrases s'emmêlant dans sa tête. Elle sentit son coeur se serrer sur un battement quand il lança un regard par-dessus son épaule pour vérifier qu'elle était toujours là, et elle pinça les lèvres avant de franchir la courte distance qui les séparait, revenant à son niveau.

— Je regrette rien, elle déclara avant que sa honte ne reprenne le dessus sur ses pensées, ses pupilles grises rivées sur les rails qui s'étiraient devant eux.

Elle lâcha un petit soupir entre ses lèvres en sentant Daryl poser ses iris tourmentés sur elle, avant de se forcer à relever la tête pour rencontrer son regard. Elle pouvait discerner la douleur et l'inquiétude et la méfiance tout en même temps derrière ses mèches brunes.

Sua SponteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant