— T'as revu Dean avant que tout ça n'arrive ?
Tonie était toujours en compagnie de Justin alors qu'ils vagabondaient parmi les nombreux stands de vivres dispersés dans la salle principale de l'usine. La lumière du milieu de journée entrait à flot par les multiples fenêtres, auréolant l'endroit de rais de lumières oranges.
La jeune femme lança un regard à une vielle femme assise sur une chaise pliante derrière son stand de pain frais, qui s'occupait les mains à tricoter avec des morceaux de laine dépareillés récupérés à droite à gauche.
Le prénom de son ex résonna étrangement dans sa tête. Comme si tout ce qu'elle avait vécu avec lui n'avait jamais vraiment existé ou que leur histoire appartenait à une vie antérieure à la sienne. C'était étrange d'imaginer qu'à un moment de sa vie elle avait prévu des plans pour s'installer avec Dean. Qu'elle avait prévu d'élever leur fille ensemble. Tout ça lui semblait dérisoire, futile.
— Il est passé chez moi quand tout a commencé, elle marmonna en marchant au rythme de son ancien coéquipier, qui gardait un oeil sur la liste de choses à prendre qu'il tenait dans une main. Il voulait nous prendre, moi et Rosie, pour nous amener en sécurité à Fort Benning, alors qu'on n'avait pas échangé un seul mot depuis que je lui avais que j'étais enceinte de lui. C'est la dernière fois que je l'ai vu.
— T'as fais quoi, après ça ?Tonie inspira doucement en le regardant s'arrêter à un stand qui vendait des conserves de légumes, le fantôme de sa fille revenant hanter ses rétines. C'était probablement la seule chose qui la rattachait toujours à Dean. Leur enfant et ses yeux identiques à ceux du garçon, qui reposait pour l'éternité dans le petit jardin des Dixon.
— Rosie, elle a... Elle a pas survécu, elle déclara à mi-voix, en le regardant noter son nom dans un carnet posé sur la table avant qu'il ne se serve dans les conserves. Je me suis enfuie avec Daryl et son frère juste après.
— Je suis désolé, déclara Justin avec sincérité, en tournant la tête vers son ancienne coéquipière.Tonie hocha brièvement la tête en mâchonnant sa lèvre inférieure, détournant un instant son attention autour d'elle pour laisser le temps à son coeur de se recoller.
— Merci pour la peluche, au fait, elle reprit enfin en s'efforçant d'esquisser un sourire, lui emboitant le pas alors qu'il continuait sa route jusqu'à un autre stand.
Elle se rappelait encore du gigantesque nounours qu'elle avait découvert un matin à côté de son lit d'hôpital, accompagné d'un bouquet de fleurs et d'un petit mot du soldat. Le truc faisait au moins un mètre cinquante de hauteur, avec un gros noeud rouge autour du cou et un sourire éternel sur son visage pelucheux.
— Tu l'as reçue ?
— Ouais, elle répondit dans un sourire empreint de nostalgie. Elle l'adorait.Justin lui envoya un sourire doux mêlé d'une certaine douleur, considérant quelque chose dans le regard de la jeune femme dont elle n'avait pas conscience sur le moment.
— Et... Daryl ? il reprit enfin après un silence, en lançant un regard absent sur un stand qui présentait plusieurs paniers remplis de bric-à-brac.
— Je suis en vie aujourd'hui grâce à lui, elle répondit aussitôt avec détermination et certitude, balançant un coup d'oeil inconscient sur son alliance.
— Alors faudra que je le remercie pour ça, lança Justin en lui envoyant un sourire plus léger.
— Évite les peluches gigantesque pour le coup, elle enchaîna sur le même ton, en balançant doucement son épaule contre le bras du garçon.Justin pouffa doucement en secouant la tête, reportant son intérêt sur la jeune femme avant d'enrouler un bras fraternel autour de ses épaules.
— C'est bon de te retrouver, Marshall, il déclara de sa voix bourrue, en lui ébouriffant les cheveux d'une main énergique. Même si je t'avoue que je suis un peu déçu de savoir que j'aurais jamais aucune chance avec toi.
— Contente de voir que t'as pas changé, elle rétorqua en retour en le repoussant gentiment, avant que du mouvement dans leur dos ne les fasse se retourner.
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Sua Sponte
Fanfiction"Son coeur battant à cent à l'heure, Tonie continuait de fixer Glenn et le Shérif qui avançaient lentement, observant avec inquiétude les corps décharnés qui se retournaient de plus en plus à leur passage à mesure que la pluie les nettoyait de l'ode...