CHAPITRE 130

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— Carl, tu restes là. Si tu en vois un seul qui arrive à se frayer un passage, tu m'appelles.

Tirant le cadavre de son rôdeur par les bras, Tonie releva la tête vers Rick, qui grimpait les escaliers derrière elle, avant de lancer un regard à Carl, qui hochait la tête en se mettant en position face aux marches qui menaient au rez-de-chaussée, son pistolet fermement ancré dans ses mains. La militaire tourna à l'angle sur le palier pour rejoindre la chambre où ils avaient précédemment installé Deanna, avant de lâcher le corps pestilentiel au sol d'un geste lourd. Elle sentait son adrénaline pulser lentement le long de chacune de ses veines et s'enrouler lascivement autour de sa nervosité.

— On va avoir besoin de draps, assez pour tout le monde, clama Rick d'une voix forte.

On entendait le bourdonnement incessant des rôdeurs qui avaient envahi l'entièreté du rez-de-chaussée grimper jusqu'à l'étage. Des bibelots tomber par instant sur le sol avec fracas. Le bois de la structure de la maison grincer par à-coups, oppressé par la marche des morts.

Rick déposa son corps à côté de celui de Tonie, avant de lancer un regard à Michonne et Gabriel qui étaient déjà dans la pièce.

— Des draps pour quoi ? Interrogea Jessie, debout dans l'encadrement de la porte, en fixant les deux leaders d'un regard interdit.

— On va tous aller à l'armurerie, expliqua le Shérif, pendant que Gabriel sortait de la chambre pour aller chercher des draps.

— Comment ?

Tonie releva un instant la tête vers la blondinette, qui baissait un regard épouvanté sur les deux rôdeurs allongés au sol entre elle et Rick.

— On va ouvrir ces trucs, déclara la Ranger, en s'emparant de son couteau de chasse accroché à sa hanche. Nous recouvrir avec leur sang. Ça masquera notre odeur, ça leur fera penser qu'on est comme eux.

La respiration saccadée par l'effort et la nervosité, elle s'agenouilla devant le cadavre le plus proche, avant de relever à nouveau la tête vers Jessie et Ron, qui continuaient de les fixer — elle et Rick — comme s'ils avaient perdu la raison.

— Tonie l'a déjà fait, rassura Rick en récupérant son couteau.

— Si on reste calme, si on n'attire pas l'attention, on peut passer parmi eux, ajouta la militaire, alors que Gabriel revenait vers eux en tenant une pile de draps propres dans les mains.

— Ils sont dans la maison, enchaîna Michonne d'une voix grave. Ils font du bruit. D'autres vont venir, elle ajouta, avant de tourner la tête vers les deux leaders qui se penchaient vers les corps putrides pour les ouvrir.

Méthodiquement, Tonie coupa une ouverture nette sur le flanc droit de son rôdeur, fixant d'un air trop habitué le sang coagulé et les viscères qui en sortirent dans une flaque visqueuse pour s'étaler sur le sol de la chambre. Cette opération, elle l'avait fait des dizaines de fois, pendant la semaine où elle s'était retrouvée loin de sa famille. Elle y était habituée. C'est certainement pour ça qu'il lui fallu une seconde de plus pour comprendre les regards dégoûtés et à deux doigts de vomir de Jessie, Gabriel et Ron, qui restaient fixés sur elle et Rick. On entendait toujours la musique ancienne qui tournait à plein volume depuis la chambre de Sam. Sans s'arrêter dans ses gestes quasiment chirurgicaux, la jeune femme lança un coup d'oeil au pasteur qui tournait de l'oeil, avant de relever un visage fermé et dur vers eux.

— Quiconque décide de rester ici, mourra, elle déclara en pesant chacun de ses mots.

— Qu'est-ce qu'on fait pour Deanna ? Réussit à demander Gabriel après un court silence, en retenant une nouvelle vague de nausée.

Sua SponteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant