CHAPITRE 106

774 56 13
                                        

"Pour tous mes lecteurs Wattpad, qui m'ont fait réaliser que, finalement, je me débrouillais pas trop mal pour raconter des histoires." 

Oui, c'est la dédicace qui sera inscrite sur le tome 2 de mon premier roman, parce que, quand même, je serais pas grand chose sans votre amour et vos encouragements <3 

Bonne lecture et bon weekend ! Bisous baveux 

* * *

— Vous montez à cheval ?

Tonie, Daryl et Aaron marchaient à nouveau à travers la forêt bourdonnante, suivant l'archer qui traçait la piste du cheval qui s'était enfui à l'arrivée des rôdeurs. Une frange de sueur poisseuse recouvrant son front, Tonie baissa les yeux sur ses mains qui enserraient son arc relevé à mi-hauteur, le fil tressé à peine tendu prêt à décocher la flèche en suspension.

— On préfère les deux roues, répondit Daryl en lançant un bref regard par-dessus son épaule en direction d'Aaron qui fermait la marche.

— J'imagine que vous ne parlez pas de vélo, reprit Aaron avec un petit sourire.

Il releva la tête vers les deux amants qui gardaient la bouche fermée, en se disant encore une fois que s'il y avait bien deux personnes faites pour être ensemble c'étaient Tonie et Daryl. Ils avaient tous les deux ce caractère taciturne, qui les rendait avare de paroles. Cette façon de regarder le monde, avec toujours cette petite étincelle de méfiance accrochée au fond de la pupille, parce qu'ils savaient que la moindre merde pouvait vous tomber sur le coin de la gueule. Cette méfiance encore, parce qu'ils ne se sentaient pas en symbiose avec les autres et la « normalité » imposée ( quoi qu'elle puisse représenter aujourd'hui ). Cette force, aussi, qui émanait d'eux et qui semblait décuplée dès qu'ils étaient côte à côte. Et en même temps ce lien incroyable qui les unissait quand ils se regardaient. Cette tendresse infinie qui se dégageait de chaque coup d'oeil, partagé ou pas, comme il avait pu en être témoin un peu plus tôt alors que Tonie observait Daryl s'approcher de Buttons.

— Je sais que vous avez l'impression de vous sentir comme des outsiders, il reprit enfin. C'est pas de votre faute, vous savez, il ajouta alors que Daryl lâchait un soupir agacé entre ses lèvres. Eric et moi... on est toujours considérés comme des outsiders dans beaucoup de situations. Nous aussi on a eu notre lot de paroles bien intentionnées, mais d'une offense risible de la part d'hommes et de femmes qui sont pourtant très gentils.

Tonie lança un regard au jeune homme par-dessus son épaule alors qu'il lui offrait un petit sourire en coin, tandis que Daryl approuvait discrètement d'un nouveau grognement. Pour la première fois depuis leur rencontre, il nota un frémissement amical au coin de la bouche charnue de la militaire alors qu'elle détournait déjà le regard, et il étira un peu plus son sourire en reprenant.

— Les gens sont ce qu'ils sont, pas vrai ? Il scanda, entraîné par le reflux d'animosité (même minime) de la part des deux amants. Plus ils ont peur, plus ils deviennent stupides. La peur, ça vous dévore le cerveau.

Il lança un regard à la Ranger et à l'archer qui continuaient de scruter le sol en suivant les traces éparses accrochées dans la terre sèche, refoulant un sourire face aux visages fermés qui apprenaient encore à tolérer sa présence bruyante.

—Ils ont peur de vous deux et de moi pour des raisons différentes, il reprit, bien décidé à faire confiance à toute cette bonté qu'ils planquaient tout au fond d'eux. Ils ont moins peur de moi parce qu'ils me connaissent. Et ça diminue de jour en jour. Alors, laissez-leurs la possibilité de vous connaître, il proposa. Vous devriez essayer d'aller à la soirée de Deanna ce soir.

Sua SponteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant