Sua Sponte

CHAPITRE 84

Tonie avait reprit sa route cinq minutes après le passage de la horde en changeant d'orientation, bien décidée à atteindre le Terminus qui l'avait obsédé ces derniers jours. L'échange violent de tirs avaient cessé depuis un moment, ne faisant qu'augmenter sa nervosité. Est-ce que le sanctuaire avait été attaqué ? Ou bien c'est eux qui avaient attaqué ? Dans les deux cas, elle voulait des réponses.

Le chaton toujours accroché à son épaule, elle repoussa une branche qui barrait son passage, avant de ralentir l'allure quand elle entendit le léger bruit électronique d'un talkie à quelques mètres. Avec des gestes souples et silencieux, elle récupéra rapidement son arc et une flèche dans son dos en braquant ses pupilles à l'éclat doré en direction du bruit, bandant son arme dans la foulée tout en en tendant l'oreille pour essayer de discerner le moindre son.

- T'as dix minutes. Lança une voix féminine à travers un talkie. Si tu te foires, tu te démerdes tout seul, Martin.

Tonie s'avança entre les arbres en contrôlant chacune de ses foulées, arrivant rapidement devant la face arrière d'une petite cabane de chasseur plantée au milieu d'une clairière, et elle resta à couvert des bois en contournant lentement l'endroit, découvrant quelques secondes après la silhouette d'un homme qui s'éloignait d'une voiture garée devant le cabanon pour aller s'agenouiller sur le sol terreux. La jeune femme l'observa planter une fusée d'artifice devant lui et lever un instant la tête vers le ciel, avant qu'il ne récupère le talkie accroché à sa ceinture, appuyant sur le bouton de communication dans la foulée pour répondre à la femme.

- Pas la peine de me le rappeler, je suis assez grand pour me torcher le cul tout seul. Il déclara en levant un instant la tête vers le ciel.

La militaire nota le fusil Colt M16A4 accroché à l'épaule du type, et elle continua de s'avancer précautionneusement en scrutant chaque détail de ses prunelles grises, son pouce jouant distraitement avec les plumes synthétiques accrochées au bout de sa flèche. Elle observa l'homme se relever et se diriger vers un sac ouvert posé au sol à quelques mètres où s'entassaient d'autres fusées, et elle plissa légèrement les paupières alors qu'il reprenait son talkie pour parler.

- Alex a pas pigé. Tu vois, je savais que la nana avec le sabre c'était synonyme de mauvaises nouvelles.

Tonie se crispa légèrement en entendant la description faite par le type, le visage de Michonne s'imprimant un instant derrière sa rétine. Une colère sourde s'installa rapidement au creux de ses entrailles, et elle resserra sa prise sur son arme en braquant ses pupilles menaçante sur l'homme, tandis que le chaton enfonçait ses griffes dans le cuir de son blouson en fixant l'inconnu de ses grands yeux brillants.

- Cette pétasse, on dirait une arme qui porte une arme. Reprit l'homme en installant une autre fusée devant lui, avant de lever la tête vers le ciel pour vérifier la position du fumigène.

- Il a toujours été négligeant dans son boulot, ce con. Rétorqua la voix féminine dans le talkie, le faisant sourire.

- Ouais, j'ai dit à Albert que je voulais le chapeau du gamin quand on l'aura égorgé.

La fin de sa phrase se perdit dans sa gorge au moment où il sentit le bout pointu d'une flèche se poser à l'arrière de son crâne, tandis que ses tympans frémissaient un instant au son du fil tressé d'un arc qu'on tendait à son maximum. Sans un mot, il leva ses mains en signe de capitulation, ses dents mâchonnant le chewing-gum qu'il avait dans la bouche dans un geste nerveux, tandis que Tonie le surplombait dans son dos, ses iris argentés recouverts d'un voile menaçant rivés sur lui.

- Tu gardes ton doigt loin du bouton d'appel et tu lâches le talkie. Lança la militaire d'une voix froide, la corde fine de son arc frôlant sa joue prêt à être relâché.