CHAPITRE 137

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Sa respiration saccadée résonnant bruyamment autour de son visage, des gouttes de sueur perlant sur tout son corps, trempant ses vêtements et ses cheveux, Tonie fixait d'un oeil furieux la bande d'asphalte qui n'en finissait pas de s'étirer devant eux, les derniers événements qu'elle venait de vivre repassant en boucle dans son esprit, à la manière d'un ricanement cynique.

Saloperie. Enfoiré. Connard. Enflure. Fils de... elle n'avait plus assez de qualificatifs pour désigner ce type et ses putains de grands yeux innocents.

Daryl et elle repérèrent le distributeur automatique au même moment. L'appareil gisait au milieu de la route, à environ cinq cent mètres en aval, et ils accélérèrent un peu plus l'allure, continuant de guetter les alentours pour vérifier qu'aucun rôdeur ne traînait dans les parages. La militaire récupéra la flèche calée sous sa hanche quand ils franchirent les derniers mètres, ses foulées se ralentissant l'une après l'autre, avant qu'elle ne s'arrête enfin en bandant son arc à fond, piétinant nerveusement la zone autour de la machine abandonnée, mais il n'y avait personne. Expirant lourdement, elle baissa son arc en relevant la tête vers Daryl, qui était en train de retirer son sac à dos de ses épaules tout en fixant la vitrine du distributeur, avant qu'elle ne se plie en deux en posant ses mains sur ses genoux, à bout de force.

— Ça va ? demanda Daryl en posant son sac à ses pieds, tout en lui lançant un regard en coin.

— Ouais, t'inquiète, elle répondit, le souffle court.

Elle ferma un instant les yeux pour se ressaisir, pinçant les lèvres sur la nouvelle flopée de jurons qui s'amassait dans le fond de sa gorge. Quelques gouttes de sueur roulèrent le long de ses tempes, et elle se redressa en inspirant à fond, rangeant sa flèche sous sa ceinture et son arc autour de son buste. L'éclat doré dans son iris brillait de colère et de frustration.

La Ranger ramena son intérêt sur Daryl, au moment où ce dernier balançait son pied de biche dans la vitrine du distributeur. Le verre se brisa en mille morceaux sous la force de l'impact, et elle fit quelques pas vers lui en essuyant son front d'un revers de la main, l'observant plonger un bras à l'intérieur de la machine. Daryl en ressortit quelques sachets de bonbons qu'il fourra rapidement dans son sac, avant de récupérer deux canettes de soda à l'orange dans une main, les brandissant devant le regard interrogateur de Tonie.

— C'était une requête spéciale du Doc, il expliqua de sa voix rocailleuse, en attrapant une troisième canette coincée dans le fond.

Sa respiration continuant de se calmer dans de longues expirations bruyantes, Tonie l'observa amener une canette à ses lèvres pour en boire une gorgée, avant de faire un léger signe de tête approbatif.

— Elle peut demander tout ce qu'elle veut, elle commenta simplement, avant de prendre la canette que Daryl lui tendait. Elle a sauvé la vie de Carl.

Une main sur sa hanche, elle observa distraitement l'archer qui remettait son sac sur ses épaules, avant de prendre une longue gorgée de soda. Le goût sucré et chimique envahit son palais déshydraté.

— Eh, Tonie ?

— Mmh ? marmonna la jeune femme en reculant la canette de ses lèvres, avant de relever la tête vers le Redneck.

— Pourquoi tu lui as posé les questions, tout à l'heure ?

— J'ai repensé à ce que Rick m'a dit, hier matin, elle expliqua en plongeant son regard sur l'opercule ouverte, ses sourcils se fronçant légèrement. Comme quoi il restait forcément des personnes dignes d'être sauvées, quelque part dans ce monde. J'ai voulu tenter le coup.

Un oeil plissé pour se protéger des rayons du soleil, Daryl considéra un moment le profil féminin qui se perdait dans ses pensées, avant de reprendre la parole en même temps qu'elle lui rendait la canette.

Sua SponteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant