CHAPITRE 90

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- Eh, je comprends..

La voix rocailleuse de Daryl caressa doucement les tympans de Tonie, et la jeune femme détacha son regard absent de la route déserte le long de laquelle ils marchaient l'un à côté de l'autre pour ramener son attention sur le Redneck, qui lui lançait un regard en coin.

Le milieu de l'après-midi se déroulait lentement au-dessus de leurs têtes dans un nuancier de tons gris, alors qu'une chaleur moite couvrait leurs épaules et leur front d'une sueur devenue familière.

Après s'être reposés quelques heures, le petit groupe de survivants avait reprit la route aux premières lueurs de l'aube en continuant de surveiller leurs arrières, tous encore chamboulés par leur visite du Terminus, jusqu'à ce qu'ils ne tombent sur un pasteur en plein milieu de la forêt, qu'ils avaient secouru de trois rôdeurs qui l'avaient prit à partit alors qu'il s'était réfugié en haut d'un rocher. L'homme les avait remercié et s'était présenté sous le nom de Gabriel, avait expliqué dans les grandes lignes de sa voix chevrotante et nerveuse que c'était la première fois qu'il s'éloignait aussi loin de son camp de base, avant de leur offrir l'hospitalité dans son église, malgré le sentiment de suspicion ancré dans les nerfs de Rick. Après une fouille en règles et les trois questions habituelles posées ( lubie du Shérif depuis la prison ), ils avaient suivi le prêtre jusqu'au bâtiment modeste érigé en plein milieu des bois, avant de se séparer en plusieurs groupes. Rick, Michonne, Sasha, Bob et Gabriel étaient parti dans la ville proche pour ramener des provisions conservées à la banque alimentaire, les autres étaient restés à l'église, et Tonie et Daryl s'étaient proposés pour aller faire un ravitaillement en eau.

À présent, les mains prises par des bidons remplis, les deux amants marchaient le long d'une route déserte en partie recouverte de feuilles mortes qui se soulevaient par instant sous la brise chaude, chacun perdu dans ses pensées jusqu'à ce que Daryl ne prenne la parole.

- Que t'ai pas envie d'en parler. Reprit l'archer, en observant les prunelles argentées qui l'observaient avec gravité. Est-ce que tu vas bien ? Il ajouta après un silence, alors que la militaire ramenait son intérêt devant elle.

- J'ai pas vraiment le choix. Elle déclara simplement, en esquissant un petit sourire pincé.

- On a une chance de tout recommencer. Tous ensemble. Parce que tu nous as tous sauvé.

- J'étais pas toute seule. Répliqua calmement Tonie. Et on a eu de la chance. On devrait tous être morts. Elle ajouta avec gravité, avant de noter la carcasse poussiéreuse d'une Cadillac garée sur le bas côté de la route, quelques mètres plus bas. Je vais aller la vérifier. Elle reprit en se dirigeant vers la voiture.

Daryl pinça les lèvres en observant la silhouette féminine marcher devant lui, avant de s'arrêter un instant en lâchant un soupir de frustration entre ses lèvres pincées. Retrouver Tonie c'était une chose. Mais réussir à briser cet espèce de carapace glaciale qu'elle s'était construite au cours de la semaine écoulée à survivre seule dans un environnement hostile en était une autre. Il savait qu'elle n'allait pas bien. Le simple fait de savoir que la jeune femme qu'il aimait avait dû vivre sa fausse couche toute seule lui donnait envie de balancer son poing contre n'importe quoi. Encore une fois, il se remémora les mots qu'ils lui avait dit à la prison, juste avant qu'ils ne soient séparés, et il ravala un soupir furieux, en colère contre lui-même, avant de rejoindre la Ranger qui tentait de démarrer le véhicule.

Tonie actionna la clé en lançant un regard absent sur le siège passager à sa droite, avant de lâcher un juron entre ses dents quand le moteur étouffa un léger crépitement qui indiquait que la batterie était à plat. Elle retira les clés d'un geste agacé, et elle ressortit pour aller ouvrir le coffre, tandis que Daryl venait se poster derrière elle en observant ses mouvements.

Sua SponteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant