Sua Sponte

CHAPITRE 27

Tonie cligna lentement des yeux, ses pupilles grises toujours rivées sur le corps de Sophia étendu devant elle sur le sol poussiéreux. Elle n'entendait que les pleurs étouffées de Carol percuter brutalement ses tympans au milieu du silence affligé du reste du groupe.

- Regarde pas. Marmonna la voix de Daryl à l'attention de Carol. Regarde pas.

Il aida la mère de famille à se relever, mais cette dernière se débarrassa violemment de son aide avant de s'enfuir en courant, emportant son deuil avec elle. L'archer soupira en fronçant les sourcils, et il tourna la tête vers Tonie qui était toujours à genoux face à la scène morbide, ses iris argentés fixant un point invisible devant elle.

La militaire cilla doucement, et elle tourna la tête vers Shane qui posait une main réconfortante sur son épaule. Le contact réussi à lui faire reprendre ses esprits, et elle dégagea violemment les doigts de l'ancien flic en se redressant brusquement, vrillant ses pupilles furieuses dans celles du garçon qui recula de quelque pas, hébété par la réaction de la militaire. Ils restèrent se regarder un long moment sans rien dire sous le regard du reste du groupe, et Tonie détourna enfin les yeux, le souffle court d'une rage silencieuse, avant de tourner les talons pour quitter l'atmosphère morbide et pesante.

Ils avaient perdu d'autres personnes c'était vrai. Mais cette fois c'était différent. Ils s'étaient tous tellement investit dans leurs recherches pleines d'espoir pour retrouver Sophia. Daryl avait faillit mourir à cause de ça. Et finalement l'atroce vérité leur avait sauté à la gorge comme un chien enragé. Sophia était dans cette grange depuis tout ce temps. Ils avaient passé leur temps à courir après un fantôme.

Son coeur cognant furieusement contre sa cage thoracique, Tonie se laissa tomber contre un grand chêne aux abords de la ferme. Au dessus d'elle des nuages gris avaient partiellement recouvert le soleil de cette fin août, comme si ils s'étaient gorgés de la détresse de chacun, faisant se lever un vent frais annonçant l'hiver à venir. La jeune femme attrapa son paquet de cigarettes dans la poche arrière de son jean, et elle s'alluma une Marlbo d'une main tremblante, relâchant un nuage de nicotine dans l'air chaud de la fin d'après midi.

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Une heure plus tard Sophia, la femme et le beau-fils d'Hershel étaient enterrés à l'ombre de grands chênes derrière la grange. Debout aux côtés de Daryl, Tonie observait les trois tombes la mâchoire serrées, silencieuse. Carol avait refusé d'assister à la cérémonie, préférant rester cloitrée dans le RV. Pour elle c'était clair, Sophia était morte depuis longtemps et ce n'était pas sa petite fille qu'ils enterraient aujourd'hui. Un coup dur en plus qui avait martyrisé le coeur de la militaire. Et de Daryl. L'archer affichait un visage fermé, dur, blessé de voir la mère de famille réagir de cette façon alors qu'il avait passé ses journées dans les bois pour retrouver la gosse.

Quelque minutes plus tard tout le monde s'éparpilla de son côté sans rien dire, et Tonie tourna les talons en fixant le sol d'un oeil absent. Plongée dans sa torpeur douloureuse, elle retourna au campement et s'engouffra sous sa tente avant de s'allonger sur son lit de fortune en lâchant un long soupire.

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En début de soirée la militaire émergea d'un sommeil lourd, et elle cligna doucement des yeux face à la toile tendue de sa tente qui laissait légèrement transparaitre les rayons dorés du soleil qui entamait sa descente au dessus de la cime des arbres. Encore vaseuse de sa sieste endeuillée, elle se redressa sur les coudes en lançant un regard circulaire à ses affaires éparpillées autour d'elle, avant de soupirer doucement en se remettant sur ses jambes.

Elle sortit de son studio de fortune, notant aussitôt l'absence de la Triumph de Merle. La jeune femme releva ses pupilles grises devant elle, cherchant Daryl du regard avant de le découvrir à l'orée de la forêt, la moto de son frère garée à côté de lui près d'une ancienne cheminée en ruine. Elle déglutit difficilement, comprenant le besoin du Redneck de prendre ses distances, lui qui s'était tellement investit dans les recherches, quand la voix de Rick résonna dans son dos.