Sua Sponte

CHAPITRE 103

La nuit était tombée. Dehors, la symphonie assourdissante des insectes nocturnes semblait décuplée par le calme inhabituel qui régnait à l'intérieur des murs d'Alexandria. Il n'y avait même pas un petit râle de rôdeur qui résonnait au loin. C'était presque... déconcertant.

Installé sur une banquette basse accolée aux fenêtres du salon de leur « nouvelle maison » — puisqu'il fallait bien l'appeler ainsi — Daryl lâcha un petit soupir en lançant un regard circulaire autour de lui, ses prunelles tourmentées observant les visage épuisés de sa famille qui était réunie dans la grande pièce et qui se préparait à dormir tous ensemble. Ils avaient bien eu deux maisons à leur disposition, mais ils avaient préféré ne pas se séparer dès la première nuit, tous encore trop sur leurs gardes envers Alexandria et ses habitants.

C'était tellement bizarre, pensa le Redneck en ramenant son attention sur Tonie assise devant lui, qui était occupée à échanger des sourires avec Judith qu'elle tenait dans les bras. Il ne savait pas trop quoi penser de tout ça, pour être honnête. Évidemment, si l'endroit était vraiment sûr, il était heureux que sa famille soit enfin en sécurité. Mais cette petite vie bourgeoise n'était clairement pas pour lui. Tout ce luxe, ces choses matérielles dont il avait appris depuis bien longtemps à se passer étaient juste complètement illogique pour lui. Il se sentait mieux dehors, au-delà de ces murs fortifiés. Dans son élément. Ici, il avait juste l'impression de détonner avec le paysage ambiant. Encore plus maintenant qu'ils étaient tous passé par la case douche chaude. Enfin, tous...

Daryl esquissa un sourire attendri en observant Tonie reposer Judith dans son lit parapluie posé à côté d'elle, et il étendit un bras quand la militaire vint s'installer le dos contre son torse, avant de déposer un rapide baiser sur l'épaule chaude en même temps qu'il ramenait son attention sur la rue calme. La Ranger aussi ne semblait pas dans son élément, comme si elle n'était pas vraiment sûre de mériter cet apaisement bienvenu. Elle s'était contentée de nettoyer brièvement son visage, ne s'était pas éternisée à l'intérieur de la maison, préférant aller faire le tour du propriétaire pour observer les remparts et autres dispositifs de sécurité mis en place. Après tout — l'archer n'y avait pas vraiment songé avant — c'était probablement la première fois que Tonie faisait face à cette normalité d'un temp révolu.

— Je suis restée combien de temps là-dedans ? Demanda Michonne en arrivant dans le salon avec un immense sourire, sa brosse à dent dans les mains.

— Vingt minutes, répondit Rick avec amusement, rasé de près et avec quelques centimètres de cheveux en moins.

— J'arrivais plus à m'arrêter de brosser.

Daryl retroussa brièvement le coin de ses lèvres en entendant la répartie de la samouraï, et il resserra ses bras autour du corps de Tonie en venant poser son menton sur l'épaule anguleuse, reportant son intérêt sur l'extérieur alors que Rick et Michonne discutaient entre eux dans un coin du salon.

— Qu'est-ce que t'en pense ? Il demanda enfin de sa voix rauque.

— J'ai l'impression de me retrouver dans une parodie de la fête à la maison, répondit Tonie avec un brin de cynisme.

Le Redneck pouffa doucement contre le cou féminin, ses prunelles bleues observant distraitement le chaton qui jouait avec Tara sur leur gauche.

— Quoi, t'aimerais pas être invitée à boire le thé avec les bonnes femmes du quartier ? Il lança d'un ton malicieux en gardant son visage enfoui contre la nuque de son amie.

— Et discourir dans un salon aseptisé sur l'engrais qu'elles utilisent pour entretenir leurs bégonias ? Non, merci, railla la jeune femme en roulant des yeux au ciel, faisant redoubler le rire discret de l'archer, avant que quelqu'un ne toque à la porte, leur faisant relever la tête.