CHAPITRE 127

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— On peut marcher d'ici, jusqu'à ce qu'on retrouve mes amis.

Daryl marchait d'un bon pas le long du sol couvert de suie et de débris calcinés, impatient de retourner enfin chez lui avec deux nouvelles recrues. Impatient de revoir Tonie. De lui montrer que c'était encore possible d'espérer, que c'était encore possible de trouver des gens qui en valaient la peine.

D'un geste énergique, il retira l'amas de branches mortes qu'il avait utilisé pour recouvrir sa bécane la veille.

— Ils ont une voiture, vous pourrez voyager avec eux, il reprit en agrippant les poignées de la moto pour la redresser.

— T'as dit qu'ils étaient combien, tes amis ? Lança le blond à quelques mètres, encore sur ses gardes.

— Je l'ai pas dit, répondit le Redneck, en lâchant un grognement d'effort quand il souleva sa bécane. Ils sont deux.

— Où ils sont ?

— On va le savoir rapidement.

— Comment tu peux savoir qu'ils s'en sont sorti ? Insista le type dans le dos de Daryl, qui était trop occupé à vérifier que sa moto était en état de démarrer. Qu'ils ont pas été enlevés ?

— J'en sais rien, expliqua Daryl, en faisant avancer son véhicule le long du sentier en terre battue pour le ramener jusqu'à la route à environ dix mètres.

Son impatience dévorant son cerveau, il garda la bande d'asphalte dans sa ligne de mire, inconscient du silence pesant qui s'étirait dans son dos, jusqu'à ce que son attention ne soit attiré par un mouvement dans le rétroviseur gauche de sa bécane. Il sentit son coeur tomber lourdement au fond de son estomac en découvrant le type sortir son arme, et il lâcha un soupir fataliste en entendant le chien du pistolet être enclenché dans un cliquetis métallique.

— Oh, fait chier..

Il lâcha les poignées de la moto en faisant un pas de côté, laissant le véhicule retomber lourdement sur le flan en même temps qu'il se tournait vers les deux amis et tendait les bras pour attraper son arbalète accrochée autour de son torse.

Mais le type avait été plus rapide. Daryl fit quelques pas en arrière en tournant autour de la moto, les bras à moitié relevés et ses mains accrochée à la sangle de son arme, son regard farouche glissant jusqu'au canon du flingue pointé sur lui.

— Je suis désolé, déclara le type, alors que le Redneck laissait ses bras retomber le long de son corps et lâchait un soupir déçu et agacé. Donne-lui l'arbalète, il ajouta, en désignant la brune d'un bref mouvement du menton.

— Vous allez y retourner ? Lâcha Daryl, la voix tremblant presque sous la déception qui inondait ses sens. Vous serez en sécurité ?

— La ferme ! Cracha le blond.

— Y'a plus aucun endroit sûr, aujourd'hui.

— Donne-lui l'arbalète.

— Vous allez vous agenouiller ? Insista quand même Daryl, incapable de se résigner à avouer qu'il avait pu se tromper.

Le type détourna légèrement l'angle de son arme, balançant une cartouche dans un tronc d'arbre dans le dos du Redneck. La déflagration siffla dans l'air chaud, augmentant la tension irrespirable qui s'étirait entre eux.

Daryl continuait de fixer le type avec dégoût et déception, à peine perturbé par la balle qui avait sifflé près de son oreille, avant de se résigner à se séparer de son arme. Il la tendit à la brune sans quitter le blond du regard, avant de piétiner nerveusement le sol en la regardant récupérer le flingue, pendant que le type se penchait vers la moto pour la redresser. Il sentait une colère brûlante envahir sa gorge et claquer contre ses lèvres pincées. Une rage viscérale s'emparer de son être tout entier, en voyant son véhicule et son arme fétiche lui être retiré.

Sua SponteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant