CHAPITRE 102

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— Bonjour. Je m'appelle Deanna Monroe.

— Tonie Marshall.

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— Même si vous aviez tort, vous avez quand même raison.

Tonie arqua un sourcil curieux en entendant les paroles pleines de méfiance de Carol, et elle la suivi du regard alors qu'elle s'avançait vers les portes d'Alexandria, son inquiétude continuant de pulser discrètement dans son corps sur un rythme lancinant, avant qu'elle ne relève la tête vers Rick qui tenait Judith dans ses bras. Les deux leaders échangèrent un regard anxieux et concerné, et il s'approchèrent à leur tour du portail en détaillant les alentours d'un oeil aux aguets. La militaire se posta à droite de Daryl qui gardait son arbalète relevée à mi-hauteur, esquissant un sourire qu'elle voulait convainquant quand l'archer posa une main protectrice dans sa nuque alors qu'Aaron appelait pour qu'on leur ouvre. Le soleil puissant écrasant son front hâlé, la jeune femme tapota distraitement le bout de ses doigts fins contre la crosse de son Beretta rangé à sa ceinture, ses iris perçant observant les alentours dans un va-et-viens nerveux tandis que son chaton furetait du côté d'une poubelle en métal sur sa gauche, avant que la poubelle en question ne tombe subitement dans un grand bruit, quand l'opossum qui était à l'intérieur sauta par-dessus pour s'enfuir. Dans un mouvement agile, le groupe au complet braqua ses armes en direction de l'animal dans un concert de cliquetis menaçant alors que le chaton lâchait un sifflement furieux en faisant le dos rond, et Daryl envoya aussitôt un carreau bien placé dans le corps de l'opossum, qui lâcha un petit cri strident avant de s'immobiliser, en même temps que le grand portail s'ouvrait enfin.

Détachant son intérêt de l'animal, Tonie releva la tête vers le jeune homme d'une trentaine d'années qui venait d'apparaître dans l'ouverture de la porte avec un fusil sur l'épaule, détaillant la silhouette qui les observait tour à tour dans un mélange de suspicion et de crainte. Un corps efflanqué aux épaules voûtées, des cheveux courts et bouclés, et des petits yeux qui exhibaient un regard un peu bêta teinté de sournoiserie.

— On vous a apporté le dîner, lança Daryl à gauche de la Ranger, en exhibant sa proie empalée.

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Une main posée sur son Beretta à sa ceinture et son chaton reniflant curieusement le grand tapis à ses pieds, Tonie lança un vague regard en direction de la femme d'une cinquantaine d'années qui lui souriait chaleureusement, analysant le carré blond bien coiffé et la chemise bleue repassée qu'elle portait, avant de reporter son attention sur les lieux autour d'elle ; la grande bibliothèque remplie d'ouvrages et de bibelots à sa droite ; la télévision et les enceintes au-dessus de la cheminée ; les fauteuils et canapés recouverts de coussins moelleux et de plaids ; les lampes de bureau ; les décorations aux murs ; la cuisine dans le fond de la pièce, toute équipée ; l'absence complète de poussière sur les meubles et la ruelle calme dénuée d'un quelconque déchet qu'elle apercevait par la fenêtre devant laquelle elle était postée. L'ordre, la propreté et la « normalité » émanaient de partout, la rendant mal à l'aise et pas à sa place.

— Ça vous dérange si je filme ?

— Pardon ?

— Est-ce que ça vous dérange si je filme notre entretien ? Répéta calmement Deanna, une main posée sur le dossier du canapé.

— Si vous voulez... marmonna Tonie en ramenant son intérêt sur la ruelle.

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— Les deux ?

La voix douce et légèrement éraillée de Tonie résonna dans l'air chaud alors qu'elle fixait d'un air interloqué les deux maisons immaculées qui leur faisaient face de l'autre côté de la rue, les bras croisés sur sa poitrine, et elle ramena son attention sur Aaron à sa gauche, qui esquissa un petit sourire à son attention.

Sua SponteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant