La nuit était tombée depuis un peu plus d'une heure. L'orage - presque irréel par sa force - continuait d'ébranler la nature tout autour du petit groupe de survivants, qui avaient trouvé refuge dans la grange repérée par Daryl un peu plus tôt dans la journée. Assise dans un coin du bâtiment devant le petit feu de camp en compagnie de Rick, Glenn, Michonne, Carol et Daryl, Tonie fixait les flammes rougeoyantes en écoutant la pluie torrentielle taper contre les tôles du toit de la bâtisse agricole dans un vacarme assourdissant, le vent qui sifflait par les interstices des planches de bois, le ronronnement du chaton roulé en boule entre ses jambes pliées en tailleur, le crépitement des petites branches qui se consumaient devant elle. Cillant lentement, la jeune femme s'extirpa de ses pensées emmêlées en entendant Daryl ronchonner à sa gauche, et elle releva la tête vers le garçon qui balançait quelques bouts de bois dans le petit tas à côté du feu avant de se rasseoir à côté d'elle.
- Je vais essayer. Proposa Glenn, installé face à eux, en se penchant pour attraper les branches.
- Nan, elles sont trop humides. Marmonna l'archer en repliant une jambe devant lui, posant son avant-bras sur son genou.
Tonie ramena son intérêt sur le chaton qui s'étirait de tout son long sur ses cuisses, et elle passa une main distraite sur le pelage gris lavé par la pluie alors qu'un nouvel éclair illuminait brièvement le ciel, avant que la voix de Carol ne la ramène au moment présent.
- Il ira bien.
La Ranger releva la tête vers son amie, suivant la direction du regard qui était posé sur Carl, qui dormait derrière son père en tenant Judith dans ses bras. Tonie esquissa un sourire attendri en observant cette image innocente, et elle ramena ses iris argentés sur le profil de Carol assise face à elle, qui reprenait la parole à l'attention de Rick.
- Il sait rebondir. Bien plus facilement que nous.
- J'avais l'habitude d'avoir de la peine pour ces gamins qui devaient grandir maintenant. Au milieu de tout ça. Déclara doucement le Shérif en fixant ses mains qui jouaient avec une brindille. Mais je crois que j'avais tort. Il ajouta en relevant la tête vers son fils et sa fille. Grandir, c'est s'habituer au monde. C'est plus facile pour eux.
- C'est pas le monde, ça. Répliqua Michonne d'une voix grave, avant qu'un nouvel éclair ne déchire le ciel en même temps que le tonnerre grondait tout autour d'eux. C'est pas ça.Tonie baissa la tête en pinçant les lèvres, fixant son chaton d'un air absent alors qu'il cachait son museau sous sa patte, et elle se pencha légèrement en arrière pour venir coller son dos contre le torse de Daryl, sa nuque frissonnant un instant quand elle sentit le souffle chaud de l'archer glisser sur son épiderme alors qu'il enroulait son bras droit autour de sa taille. Le garçon déposa un petit baiser distrait sur l'épaule de la jeune femme, replongeant rapidement dans sa contemplation des flammes orangées alors que son accablement silencieux continuait de peser lourdement sur son coeur.
- Ça pourrait l'être. Reprit Glenn d'un ton maussade, en détachant son regard inquiet de la silhouette de Maggie qui dormait quelques mètres plus loin. Ça pourrait. Il répéta en voyant le regard sombre que lui lançait Michonne.
- Ça revient à abandonner. Elle fit remarquer un peu sèchement.
- C'est la réalité.
- Jusqu'à preuve du contraire, ce monde, c'est celui dans lequel on doit vivre. Reprit Rick dans un souffle rauque.Le grondement tonitruant fit à nouveau trembler les murs de la grange, étirant le silence concerné du petit groupe, jusqu'à ce que le Shérif ne reprenne la parole.
- Quand j'étais gosse, j'ai demandé un jour à mon grand-père s'il avait tué des Allemands à la Guerre. Il commença en fixant le feu, perdu dans ses souvenirs. Il n'a pas voulu me répondre. Il disait que c'étaient des trucs d'adultes, alors..
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Sua Sponte
Fanfiction"Son coeur battant à cent à l'heure, Tonie continuait de fixer Glenn et le Shérif qui avançaient lentement, observant avec inquiétude les corps décharnés qui se retournaient de plus en plus à leur passage à mesure que la pluie les nettoyait de l'ode...