Sua Sponte

CHAPITRE 44

L'épuisement tiraillant chaque cellule de son corps endoloris, Tonie marchait d'un pas lourd aux côtés de Daryl alors qu'ils regagnaient le Bloc C, son couteau pendant toujours au bout de son bras. Elle sentait la peau de son visage et de ses mains tirailler à mesure que le sang séchait et se craquelait, et elle cilla lentement pour réprimer un vertige, sous le regarde concerné du Redneck.

Devant elle, le Shérif fixait devant lui la mâchoire serrée en marchant d'un bon pas, ses doigts crispés autour de la crosse de son Python accroché à sa ceinture. Savoir que la militaire avait faillit y passer à cause de ce connard de Latino, et voir qu'elle l'avait achevé avec une brutalité sans nom l'avait mit hors de lui. Il s'en voulait de ne pas les avoir tué au moment même où ils étaient apparu. Il s'en voulait de ne pas avoir exécuté lui même le taulard au catogan. Malgré tout, après avoir abandonné le petit nerveux à son sort dans une cours extérieure remplie de rôdeurs, il avait fini par épargner les deux derniers détenus encore en vie, et les avait conduit jusqu'au Bloc D. Après tout c'était le deal de départ. Tant qu'il ne les voyait pas trainer près des siens..

Ils regagnèrent rapidement leur propre Bloc, et le Shérif posa une main amicale sur l'épaule de Tonie alors qu'elle rivait un regard angoissé sur Glenn et Carl qui attendaient debout à l'entrée de la cellule de Hershel. La jeune femme déglutit difficilement, et elle s'approcha d'eux alors que le fils Grimes prenait la parole.

- Hershel a arrêté de respirer. Mais maman l'a sauvé. Il annonça, en regardant son père.

- C'est vrai. Ajouta Glenn dans un souffle, en esquissant un petit sourire à l'attention de la militaire.

La jeune femme hocha doucement la tête en se mordant la lèvre inférieure, et elle échangea un regard avec Rick avant de pénétrer dans la cellule à sa suite.

- Toujours pas de fièvre. Annonça Lori, qui était adossée au mur à droite de la porte.

Tonie baissa ses pupilles argentées sur le patriarche qui dormait sur la couchette du bas, glissant son regard nerveux sur sa main droite qui était menottée à un barreau du lit, tandis que Maggie et Beth restaient debout devant leur père, le front posé contre le sommier supérieur. La militaire s'avança de quelque pas, rivant son regard inquiet et profondément fatigué sur le visage d'Hershel, quand les lèvres de ce dernier se mirent à bouger légèrement. Maggie s'approcha aussitôt en s'asseyant au bord du lit, mais l'homme continua de dormir.

Un bras posé contre le chambranle de la porte de la cellule, Daryl mordillait sa lèvre inférieure en faisant glisser son regard tourmenté de Tonie au patriarche. Après la journée qu'ils venaient de vivre, il espérait plus que tout qu'elle ne se termine pas sur un nouveau décès. Parce qu'il savait que Tonie ne pourrait pas encaisser le coup. Qu'elle se noierait sous le poids de la culpabilité. Et il était totalement flippé à l'idée de devoir affronter ça.

Mais comme un pied de nez aux sombres pensées du Redneck, les paupières d'Hershel se mirent à bouger légèrement, à mesure qu'il semblait revenir à la conscience en émettant de petits grognements.

Le souffle en apnée, Tonie sentit son coeur manquer un battement quand les paupières du patriarche s'ouvrirent sur ses iris bleu, et elle tituba légèrement en arrière tandis que Maggie esquissait un sourire soulagé.

- Papa ?

Hershel esquissa un sourire du bout des lèvres, encore anesthésié, et il observa Beth arriver dans son champ de vision avec un immense sourire sur son visage angélique. Rick sortit immédiatement les clés des menottes pour libérer le poignet du vieil homme, et il se redressa en lançant un coup d'oeil au profil de Tonie qui ne semblait pas réussir à croire ce qu'elle voyait, jusqu'à ce que Hershel ne tourne son regard sur elle. Le corps engourdit, le vieil homme releva sa main droite en direction de la militaire, et la jeune femme lança un regard à la ronde pour observer ses compagnons de l'apocalypse qui avaient tourné la tête vers elle et lui souriaient, soulagés et heureux. Hébétée, elle fit un pas en avant, et glissa sa paume dans celle du patriarche qui referma ses doigts sur sa main dans un geste silencieux de remerciement.