Tous ses sens aux aguets, Tonie balança un regard perçant autour d'elle, écoutant avec attention l'écho solitaire d'un râle qui résonnait au loin au milieu de la symphonie incessante des insectes.
— Je le vois pas, mais il doit pas être bien loin, déclara Daryl de sa voix rocailleuse, en revenant vers la militaire, Rick et Carol. C'est juste un seul.
— On restera pas longtemps, lança Rick, les mains sur les hanches. Alors, vous en pensez quoi ?
Réunis devant une vieille cabane délabrée plantée en pleine forêt qui tenait à peine sur ses fondations, et dont le sol devant les portes s'était transformé en décharge sauvage, les quatre amis échangèrent un nouveau regard alerte alors que Carol prenait la parole, aujourd'hui habillée d'un « élégant » pull fleuris.
— On peut y aller quand c'est vide, expliqua la veuve.
— Comment ça ? Demande Tonie, les bras croisés sur sa poitrine. C'est fermé toute la nuit.
— La fenêtre, c'est juste un loquet. Je peux le laisser ouvert.
— Un loquet ? Répéta Rick en changeant de jambe d'appui, ses sourcils s'arquant de perplexité.
— Ouais, affirma Carol, d'un air qui laissait entendre son dépit face à la naïveté de leurs nouveaux voisins.
— Et si un de ces abrutis le referme ? Fit remarquer Daryl.
— On attend quelques jours, et on recommence, proposa Tonie en haussant une épaule, avant que le râle solitaire ne résonne à nouveau.
— Il se rapproche, lança le Redneck en faisant quelques pas pour scruter les arbres qui les entouraient.
— Il faut qu'on le fasse le plus tôt possible, reprit Rick. En ce moment, ils ne nous surveillent pas, ils ne s'inquiètent pas de réunions comme celle-ci. On aura peut-être besoin des flingues, peut-être pas.
— On en aura besoin, affirma Carol. Peu importe la tournure que ça prend.
— Ces types sont les gens les plus chanceux que j'ai jamais rencontré, soupira Tonie en secouant doucement la tête.
— Et ils continuent à avoir la chance de leur côté, enchérit le Shérif.
— Comment ça ? Demanda Daryl.
— On est là, maintenant.
Le Redneck fit une petite moue approbative alors que le rôdeur solitaire élevait encore une fois sa voix mélodieuse.
— Ils ont deux caisses littéralement remplies de neuf millimètres automatiques, de Rugers, fusils à pompe, juste entassés là-dedans, reprit Carol. Ils ne s'en servent pas, ils ne sauront jamais qu'ils ont disparus.
— Quelqu'un en a un maintenant, fit remarquer Daryl en tournant la tête vers un mixeur qui gisait au milieu des autres déchets à sa droite.
Le jour de leur arrivée à Alexandria, quand le RV avait eu une panne de batterie et les avait immobilisés un moment sur la route, Rick s'était éclipsé pour venir planquer un flingue dans ce même mixer, au cas où ça tournerait mal aux portes d'Alexandria. Le Shérif avait découvert deux jours plus tôt que l'arme avait disparu de sa planque.
— Écoutez.. Les autres, on veut qu'ils essaient, reprit Rick.
— Vous aussi, fit remarquer Carol en tournant la tête vers les deux amants, qui échangèrent un regard en coin morose.
— Et on garde ça entre nous, enchérit le Shérif. Juste nous quatre.
Le grognement intempestif du rôdeur solitaire résonna encore plus fort alors qu'il déboulait d'entre les arbres de son pas titubant, et Rick fit un petit signe de tête vers la silhouette putride qui poussait des gémissements extatiques en les découvrant.

VOUS LISEZ
Sua Sponte
Fanfiction"Son coeur battant à cent à l'heure, Tonie continuait de fixer Glenn et le Shérif qui avançaient lentement, observant avec inquiétude les corps décharnés qui se retournaient de plus en plus à leur passage à mesure que la pluie les nettoyait de l'ode...