CHAPITRE 138

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— Comment t'as réussir à sortir ?

Installée au bout de la grande table en bois dans la salle à manger de Rick, Tonie croisa les bras contre sa poitrine en dévisageant gravement Jesus, installé face à elle, qui l'observait avec son indolence accrochée au coin des lèvres. Glenn, Maggie et Rick se tenaient à droite de la jeune femme, Carl et Michonne à sa gauche, Abraham restait debout dans son dos, et Daryl arpentait nerveusement le sol derrière Jesus, son revolver dans la main. La luminosité vive des premiers rayons du soleil entrait par les grandes fenêtres de la maison, éclairant les armes de chacun d'entre eux, posées sur la table.

— Un seul garde peut pas couvrir deux sorties, expliqua calmement Jesus, en détaillant l'éclat doré qui brillait farouchement dans l'iris gauche, alors que Daryl venait se poster à sa gauche. Encore moins une maison à trois étages bardée de fenêtres. Les noeuds se défont et les serrures se déverrouillent, il ajouta, alors que Michonne lâchait un soupir contrit en se redressant sur sa chaise. L'entropie naît de l'ordre, par vrai ?

— Sûr, grogna Daryl d'une voix mauvaise.

Jesus releva la tête vers le Redneck qui le fixait d'un regard qui n'augurait rien de bon, avant d'inspirer lentement en reprenant.

— J'ai examiné votre arsenal, il déclara, en observant tour à tour Rick et Tonie. J'avais pas vu un truc comme ça depuis longtemps. Vous êtes bien équipés, il reconnut. Mais vos provisions sont faibles. Très faibles, pour le nombre de personnes que vous avez.

Il ramena son intérêt sur Tonie, qui baissait un instant la tête pour ravaler son agacement face à toutes les informations qu'il avait découvert pendant la nuit.

— Cinquante-quatre ? il questionna.

— Plus que ça, rétorqua aussitôt Maggie.

Jesus la considéra un instant d'un regard approbateur, avant de reprendre sur un ton plus léger.

— J'ai apprécié le cookie, en tout cas. Mes compliments au chef.

— Ouais bah, elle est pas là, gronda Daryl, ses iris tourmentés lançant des éclairs.

— Écoutez, on est parti du mauvais pied, reconnut Jesus après un court silence, en se tournant légèrement sur sa chaise pour faire face au Redneck. Mais on est du même côté. Du côté des vivants. Toi et Tonie aviez toutes les raisons du monde pour me laisser là-dehors, il continua, en lançant un regard à la Ranger. Mais vous ne l'avez pas fait.

La jeune femme mordilla sa lèvre inférieure, ses iris gris croisant le regard en coin que Daryl lui envoyait, avant que Jesus ne reprenne.

— Je viens d'un endroit qui ressemble beaucoup à celui-ci. Une partie de mon boulot, c'est de trouver d'autres colonies, pour commercer avec eux. J'ai pris votre camion, parce que ma communauté a besoin de provisions, il expliqua, en ramenant ses grands yeux bleus sur la Ranger. Et aussi parce que vous deux, vous ne m'inspiriez pas confiance, il ajouta avec un petit sourire, en relevant la tête vers Daryl. J'avais tort. Vous êtes des gens biens. Et c'est un endroit bien. Je pense que nos communautés peuvent être en mesure de s'entraider, il déclara, en reportant son intérêt sur Rick.

— Vous avez de la nourriture ? interrogea Glenn.

— On a commencé à élever du bétail, répondit Jesus. On recycle. On cultive. De tout, en allant de la tomate au sorghum.

— Dis-nous pourquoi on devrait te croire, commanda Rick d'une voix peu convaincue, en levant un vague bras en l'air.

— Je vous montrerais, expliqua simplement le garçon, en esquissant un sourire enthousiaste. Si on prend une voiture, je peux vous ramener chez vous en moins d'une journée. Et vous pourrez tous voir par vous même qui nous sommes et ce qu'on a à offrir.

Sua SponteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant