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— Il y a plusieurs années de ça, je poussais la porte d'un bureau de recrutement en plein coeur d'Atlanta pour m'engager dans l'armée, déclara Tonie, en parcourant l'assemblée silencieuse assise face à elle.
Elle marqua une courte pose pour habituer son regard aux projecteurs braqués sur elle, le col de sa veste de cérémonie lui grattant le cou. Elle en était encore à se demander ce qu'elle foutait là, dans cet amphithéâtre de Fort Benning, à délivrer un discours aux nouvelles recrues des différents régiments, avec son ventre qui faisait la taille d'une montgolfière, ses supérieurs et anciens professeurs postés debout de chaque côté d'elle sur l'estrade.
La jeune femme finit par redresser le menton en posant ses mains de chaque côté du petit pupitre, rapprochant ses lèvres du micro avant de reprendre la parole de sa voix légèrement éraillée.
— L'entraînement des Rangers du soixante-quinzième régiment, c'est des mois de longues courses tortueuses dans la boue, de bains de minuit dans l'eau glacée de Chattahoochee, de courses d'obstacles, d'exercices musculaires interminables, de jours sans dormir en ayant toujours froid, en étant toujours mouillé et misérable. C'est des mois à être constamment harcelé par des guerriers professionnels sur-entraînés, qui veulent absolument trouver la faiblesse d'esprit et de corps en vous et éliminer ceux-là de jamais devenir un Ranger.
Elle entendit ses anciens supérieurs étouffer un petit rire amusé dans son dos, et elle observa encore une fois la vague de visages juvéniles attentifs partiellement dissimulés dans l'ombre. Ils étaient tous pendus à ses lèvres. La première femme Ranger. Celle qui avait rapidement gravi les échelons, celle qui avait combattu en première ligne, celle qui avait travaillé avec la SEAL, qui avait mené des opérations qui visaient les pontes d'Al-Qaïda... Elle, tout ce qu'elle voyait, c'était celle qui s'était lamentablement pris une balle dans la clavicule quelques mois plus tôt.
Bordel, elle n'avait jamais été douée pour faire des discours. Elle sentait sa vessie complètement compressée par le poids de son utérus et cette lumière l'aveuglait complètement. Elle sentait une sueur nerveuse se propager sous ses vêtements et elle se demanda un instant si elle n'allait pas se liquéfier sur place. À moins que sa fille choisisse ce moment pour arriver. Au moins, elle aurait une excuse pour s'enfuir de cette scène...
— Mais cet entraînement permet aussi de trouver ceux qui sont capable de diriger dans un environnement de stress constant, de chaos, d'échec et de difficultés, elle continua calmement.
*
Tonie repoussa la porte de sa maison d'un geste brutal, le battant claquant violemment dans ses gongs alors qu'elle se dirigeait déjà vers ses armes qu'elle avait laissées sur la table basse. Elle avait l'esprit en ébullition. Le coeur qui battait à cent à l'heure. L'adrénaline nerveuse et inquiète qui se propageait dans ses veines avait totalement occulté la blessure à son flanc.
Sous le regard confus de son chaton, elle enfila son holster autour de sa taille et cala ses différentes armes à leurs places respectives avec des gestes mécaniques, son regard parcourant en même temps la pièce éclairée par la luminosité de la mi-journée pour vérifier qu'elle n'oubliait rien derrière elle.
« — Pour moi, l'entraînement des Rangers a été une existence entière de challenges entassés dans ces quelques mois. »
La militaire enfila son arc et son carquois autour de son buste, avant de traverser le salon pour récupérer sa veste en cuir posée sur le dossier d'une chaise d'un geste brusque, ses jambes se tournant déjà vers l'entrée grande ouverte. Sans ralentir l'allure, elle claqua la langue à l'attention de son chaton et dévala les marches du perron, son regard fébrile se dirigeant automatiquement sur le camping-car, garé un peu plus bas dans la rue, où Rick — qui était revenu un peu plus tôt en expliquant que Morgan était resté dehors pour continuer à chercher Carol — était en train de charger quelques sacs pour le voyage.
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Sua Sponte
Fanfiction"Son coeur battant à cent à l'heure, Tonie continuait de fixer Glenn et le Shérif qui avançaient lentement, observant avec inquiétude les corps décharnés qui se retournaient de plus en plus à leur passage à mesure que la pluie les nettoyait de l'ode...