Le soleil était toujours au-dessus de la ligne d'horizon, sa chaleur suintante plongeant sur les épaules de Daryl—renforçant la colère amère qui bouillonnait dans l'estomac de l'archer.
Ses pensées fusaient sous son crâne, rapides et fractionnées au milieu des événements de sa journée. Il avait espéré changer la donne, d'une façon où d'une autre. Espéré arriver à convaincre Ezekiel de se rallier à eux ou, à défaut, un de ses hommes. Et il avait cru y arriver avec Richard. La rengaine de ce type avait été un signe bienvenu au milieu de tous ces visages défaitistes. Et son plan était cohérent, simple, efficace. Allumer la mèche et laisser le reste s'embraser—ne pas donner d'autre choix que de prendre les armes.
Du moins jusqu'à ce que Daryl n'apprenne que Richard avait prévu de sacrifier Carol dans le processus. Ça l'avait rendu dingue.
Dingue de réaliser que Carol n'était pas seulement « partie », comme Morgan leur avait annoncé. Non, elle s'était exilée, à seulement quelques kilomètres de là. Dingue de voir ce Richard utiliser aussi facilement la vie de son amie comme un détail de leur cause. Il voulait mourir pour le Royaume ? Qu'il le fasse. Mais hors de question qu'il touche à Carol.
Daryl baissa la tête sur les plaques militaires qui reposaient contre son torse, fixant un instant les éclats de lumière que le métal réfléchissait à chaque caresse du soleil. Le collier lui donnait l'impression de s'enfoncer un peu plus tous les jours dans sa chair—comme un rappel constant que la moitié de son âme était là où il ne pouvait pas l'atteindre. Et il avait peur que, s'il attendait trop longtemps, la chaîne et les plaques ne finissent pas se dissoudre totalement à l'intérieur de lui.
Ce n'était pas une douleur fulgurante. C'était pire.
C'était un truc insidieux qui venait par vagues. Et chaque vague lui faisait boire la tasse, encore et encore, lui donnant à peine le répit de reprendre son souffle avant qu'il ne soit à nouveau entraîné par le fond. Comme un crochet rouillé attaché à son nombril, qui le tirait vers le bas à chaque fois qu'il avait le malheur de s'attarder trop longtemps sur la détresse qui emprisonnait ses pensées. Et, quand il osait espérer que la tempête s'était tarie, elle revenait encore plus forte, plus violente et plus agressive.
Daryl détourna le regard des plaques qui continuaient de danser avec les rayons pâles, relevant la tête vers la sérénité de la forêt qui l'entourait. Le bruissement lancinant des insectes étouffait presque le bruit de ses pas sur le tapis de feuilles mortes—le seul son aux alentours. Au-dessus de lui, le ciel morcelé de nuages légers s'étirait au loin, insensible à la vie de ceux qui avaient eu le malheur de survivre jusqu'à présent. Daryl posa son attention au loin, fixant la petite cabane en bois qui arrivait dans son champ de vision, isolée au bord d'une route déserte et posée au milieu d'un fouillis de verdure.
Les miettes d'informations que Richard lui avait donné avaient suffi à trouver la bonne direction.
Il aperçut Carol sur le pas de la porte, à discuter avec Ezekiel et une partie de sa cour, et il hésita sur un pas, guettant le roi qui parlait encore quelques secondes avant de s'en aller. Carol resta un moment à les observer s'éloigner, avant qu'elle ne se détourne pour retourner à l'intérieur, refermant la porte après elle. Daryl mordilla sa lèvre inférieure, fixant la cabane silencieuse, avant de se forcer à se remettre en route.
Il n'avait pas vraiment voulu venir jusqu'ici. Mais c'était plus fort que lui. Il fallait qu'il voit Carol. Qu'il s'assure qu'elle allait bien.
Mais il ne savait pas ce qu'il allait lui dire. Une partie de lui voulait tout lui avouer. La forcer à sortir de ces murs rassurants en lui allongeant sous le nez la liste de leurs morts et de leurs défaites, parce qu'il savait que Carol serait un élément important de leur victoire. Que, dès qu'elle découvrirait ce que Negan leur avait fait subir, elle marcherait au front en dirigeant tout le monde avec elle.

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Sua Sponte
Fanfiction"Son coeur battant à cent à l'heure, Tonie continuait de fixer Glenn et le Shérif qui avançaient lentement, observant avec inquiétude les corps décharnés qui se retournaient de plus en plus à leur passage à mesure que la pluie les nettoyait de l'ode...