Tonie ouvrit les yeux avec paresse, fixant ses prunelles argentées sur la toile de tente face à elle alors que le concert incessant des insectes lui parvenait de toutes parts. Soupirant doucement, elle se redressa dans son sac de couchage en lançant un regard absent autour d'elle, avant de passer une main dans ses mèches décolorées en attrapant son paquet de cigarettes posé sur sa gauche. Elle coinça une Marlbo entre ses lèvres pleines, actionnant le Zippo dans la foulée, et elle inspira sa dose de nicotine avant d'attraper ses bottes pour les enfiler rapidement.
Elle récupéra son Holster pour l'enrouler autour de sa taille, remettant son couteau et son Beretta à leur place, et elle tendit le bras vers son arc et son carquois en se levant, lâchant un nouveau soupire dans un nuage de fumée blanche avant de sortir de sa tente.
Elle traversa le campement sommaire et silencieux qu'ils avaient établi la veille au soir, observant la caravane sur sa droite et les tentes dispersées un peu partout, les braises du feu de camp qui rougeoyaient encore faiblement sous les premières lueurs de l'aube qui se dessinait tout autour d'elle, avant de se diriger vers la carrière en tirant une nouvelle latte sur sa cigarette.
Ses iris perçants surveillant de chaque côté, elle descendit tranquillement jusqu'au lac en fumant sa Marlbo, repensant distraitement aux évènements des dernières vingt quatre heures. La fuite de Jackson avec Daryl et Merle. Le Napalm sur Atlanta. La décision de partir dans les montagnes. La rencontre avec ceux qui avaient eu la même idée. Le premier soir silencieux, choqué, où personne n'avait réussi à sortir un seul mot.
Fronçant doucement les sourcils en ressassant la journée de la veille, elle amena sa cigarette à ses lèvres en arrivant devant le lac, relâchant un nuage de nicotine dans l'air déjà tiède en cillant rapidement face au spectacle que lui offrait la nature.
Le bleu onirique de l'eau, la nuance infinie de tons pastels qui s'étiraient dans le ciel en jouant avec le soleil encore caché sous l'horizon, les variations de vert de la forêt en hauteur et le chant harmonieux et apaisant des oiseaux.
Le contraste était tellement saisissant comparé aux dernières vingt quatre heures que Tonie ravala un sanglot qu'elle n'avait même pas sentit venir.
Perdue dans ses réflexions tumultueuses, la militaire tira une dernière latte sur sa Marlbo avant de jeter le mégot d'une pichenette du pouce, et elle s'assit sur les galets pour retirer ses chaussures en continuant de fixer la surface du lac aussi lisse qu'un miroir. Elle se débarrassa rapidement de ses vêtements et de ses armes, et elle marcha jusqu'au bord en glissant ses pieds dans l'eau fraiche, appréciant le clapotis discret contre ses chevilles, avant de lâcher un petit rire enfantin entre ses lèvres.
Sans attendre plus longtemps, elle plongea tête la première sous la surface, la fraicheur de l'eau achevant de la réveiller, et elle nagea sur quelques mètres en observant la vie aquatique qui l'encerclait avant de remonter, lâchant une expiration apaisée quand l'air matinal picota son visage. Elle ramena ses cheveux décolorés en arrières en inspirant à fond, vrillant ses prunelles argentées sur le ciel multicolore, son corps et son esprit tout entier reliés à ce moment hors du temps, savourant le silence et la sérénité presque monacale que la nature lui offrait, avant de sentir une main décharnée se refermer autour de sa cheville en l'entrainant sous l'eau.
La jeune femme ravala un cri d'effroi en réussissant à revenir à la surface, lançant des regards affolés tout autour d'elle tout en essayant de se libérer des doigts cadavériques qui enserraient sa jambe, alors que le ciel au dessus de sa tête s'assombrissait en à peine quelques secondes, effaçant toute beauté dans le paysage.
La puanteur des rôdeurs alourdit l'air matinal en même temps que les râles funestes résonnaient en écho tout autour d'elle, et elle battit furieusement des bras pour rester à la surface, secouant les jambes pour essayer de se libérer de l'emprise du monstre tapit sous l'eau tout en appelant à l'aide de toute la puissance de sa voix.

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Sua Sponte
Fanfiction"Son coeur battant à cent à l'heure, Tonie continuait de fixer Glenn et le Shérif qui avançaient lentement, observant avec inquiétude les corps décharnés qui se retournaient de plus en plus à leur passage à mesure que la pluie les nettoyait de l'ode...