Sua Sponte

CHAPITRE 55

Le souffle court et éraillé, des perles de sueur maculant son front livide, Tonie se laissa glisser contre un arbre en lâchant son sac à dos, avant de fermer un instant les yeux.

Cela devait faire quasiment deux heures qu'ils marchaient au milieu des bois, sous une moiteur étouffante, et les joutes verbales incessantes de Merle mêlées aux disputes répétées des deux frères, ajoutées à sa blessure au bras qui ne semblait pas vouloir s'arrêter de saigner commençaient à sérieusement entacher son moral.

Soupirant lourdement, elle rouvrit les paupières en tournant la tête vers son bras gauche, avant de dénouer son garrot de fortune complètement imbibé de sang. Elle serra les dents quand le coton humide frotta sa plaie ouverte, et elle jeta le morceau de tissu inutilisable avant de récupérer son sac en l'ouvrant dans la foulée, tandis que Daryl venait s'accroupir face à elle.

- T'es sure que ça va ? Il demanda de sa voix rauque en baissant ses iris sombres sur la plaie sanguinolente.

- Ouais, elle pète la forme le Soldat Ryan ! Scanda Merle à quelque mètres, alors qu'il soulageait sa vessie contre un arbre.

- La ferme ! Grogna son cadet en le fusillant du regard, pendant que Tonie prenait sa petite bouteille d'eau pour en boire une gorgée, avant de verser le reste sur sa blessure pour la nettoyer.

Elle retint un nouveau gémissement entre ses dents serrées, et dénoua maladroitement le bandana noir enroulé autour de son poignet pour le nouer à son bras. Elle resserra le noeud autant que possible, et elle laissa retomber sa tête contre le tronc en lâchant une expiration saccadée, à mesure que le moindre de ses mouvements devenait de plus en plus difficile.

- Faut qu'elle mange quelque chose. Lança Daryl en posant une main protectrice sur la joue brûlante de son amie. Et y'a rien ici à part des moustiques et des fourmis.

- Patience, petit frère. Rétorqua Merle de sa voix rocailleuse, en remontant sa braguette. Tôt ou tard y'aura bien un écureuil qui croisera notre chemin.

- Ça fera pas beaucoup à bouffer. Fit remarquer l'archer en observant avec inquiétude le visage livide de Tonie.

- Ça sera mieux que rien.

- On peut pas continuer à tourner en rond comme ça ! S'emporta doucement Daryl en se relevant face à son frère. Tonie tiendra pas longtemps à cette allure, faut qu'on se trouve un abri.

- Non, ça va. Ça va aller. Rassura la jeune femme en se redressant avec peine.

- Ouais, ça se voit, t'es prête à courir le cent mètre avec ta gueule de cadavre. Railla Merle en l'observant remettre son sac à dos sur ses épaules.

- Je suis encore capable de tirer. Elle rétorqua, alors que Daryl la soutenait par la taille.

- J'aimerais bien voir ça, tiens !

- Me tente pas, Merle..

- On aurait dû fouiller les maisons qu'on a vu près de la route. Reprit Daryl, alors qu'elle s'adossait contre un tronc d'arbre en refoulant un vertige. T'as besoin de points, Tonie. D'antibiotiques.

- Alors c'est ça que t'as appris avec tes potes ? Balança Merle. A piller pour survivre ?

- T'as l'air d'avoir oublié nos excursions pré-apocalyptiques Dixon.. Railla la Ranger.

- Ça fait des heures qu'on reste plantés là à rien foutre. Reprit Daryl, alors que Merle défiait Tonie d'un regard noir et pétillant. On pourrait au moins chercher une rivière pour essayer de trouver du poisson.

- Je crois surtout que t'essaie de nous diriger jusqu'à la route pour me ramener à ta prison.

- Au moins on a un abri là bas.